Chapitre 29 : Ne m'abandonne pas ...

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–S'il te plaît, Cécilia. Écoute-moi… Je n'étais pas bien la dernière fois que nous nous sommes embrouillées, si bien que je lui ai envoyé ce message.
–Pfff. Je ne veux pas savoir, hurle-t-elle. Tu penses déjà à aller voir ailleurs, alors que notre histoire n'a même pas vraiment encore commencé. Tu me déçois beaucoup…

Une larme se met à couler sur ma joue. Je m'étais promis de ne pas pleurer… Je n'ai pas pu me retenir. J'en ai marre de décevoir, de ne pas être à la hauteur. Peut-être que je suis condamnée à être à jamais défaitiste… Naître pour ennuyer, pour énerver, pour désespérer, pour blesser, tel est mon destin.

Une seconde, une troisième, … une énième larme coulent sur mon visage. Je me sens tellement impuissante. Je n'ai aucune envie de pleurer en face de Cécilia. Mais, ce n'est plus important, je laisse mes yeux ruisseler à leur guise. Je me roule en boule. Les mains plaquées sur mon visage, apeurée, fatiguée, déchirée, je la supplie  :

–Je suis désolée… Je n'aurais pas dû faire ça. Je t'en prie, Cécilia. Pardonne-moi. Ne me laisse pas, s'il te plaît.  Ne m'abandonne pas. J'ai peur d'être abandonnée. J'ai besoin de toi… Tu es ma drogue.

Elle me recouvre doucement de son corps. Je m'accroche à elle comme jamais. Mes larmes coulent d'autant plus fort qu'auparavant. J'avais tellement peur qu'elle ne veuille plus de moi …

En effet, je m'étais faite abandonnée par mes amis pendant ma toute petite enfance. Cela remonte à l'école maternelle, mais cette peur est restée. Je préférais m'isoler que me faire abandonner. On me caractérisait même d'asociale à un moment…  Je ne suis plus asociale depuis la fac, j'ai bien changé. Au revoir, Timidité. Bonjour, Confiance. J'ai appris à faire semblant d'être confiante, même si je ne le suis pas du tout au fond de moi. Cette peur inhibée d'être abandonnée refait surface aujourd’hui.

–Je suis là, chuchote-t-elle en me caressant le dos pour m'apaiser. Arrête de pleurer. Je n'ai pas envie que tu pleures.

J'essaye de calme mon inondation. Je commence à renifler. Elle me donne un bisou sur le front. Elle sèche mes larmes avec sa manche.

–Je vais te chercher un mouchoir.
–Ne m'abandonne pas, lui ordonné-je promptement.
–Je ne t'abandonnerai jamais.
–Tu me le promets ?
–Oui, ma chérie. Je serai toujours là pour toi. Je ne te laisserai jamais. Je te protégerai.

Elle me serre fort contre elle. Ses mains se baladent jusqu'à mon postérieur. Je la laisse faire. Tout à coup, elle me soulève. Je pousse un petit cri de surprise. Elle descend doucement du lit, puis nous quittons la chambre. Elle a vraiment des muscles dans ses bras. Elle me porte avec une de ces facilités. Malgré ma perte de poids, je n'ai pas un poids de plume sur la balance.
–Hey ! Que fais-tu ?
–Arrête de gigoter. Croise tes bras et tes jambes.

Je m'exécute immédiatement.

–Tu ne réponds pas à ma question.
–Mon chou a besoin de se moucher, mais elle ne veut pas être seule, dit-elle sur un air moqueur. C'est la seule solution que j'ai trouvée.
–Quelle bonne idée, confirmé-je.

Elle se met dos au comptoir de sorte que je puisse attraper les mouchoirs. Lorsque je termine de me moucher, elle fait le tour et m’emmène vers la poubelle.

–Merci, lui chuchoté-je à l'oreille.

Puis elle me s'assoit sur le canapé au même endroit où elle s'était assise au dîner. J'observe mon plat abandonné sur le canapé, sans doute tout froid. Le pauvre… Qu'il était bon. Les circonstances n'étaient juste pas très favorables.

–Lève-toi, je vais la débarrasser, me sort-elle de mes pensées en tendant son bras.
–Non, non. Pas touche !

Je lui tape sur la main. J'ai l'impression de défendre mon chien, mon chat ou mon lapin … La nourriture est sacrée. Pas de gâchis, à part si la santé est mise en danger. J'attrape l'assiette et je lève en protégeant mon assiette. J'enlève les couverts et je mets le plat dans le micro-onde. Lorsqu'il est chauffé, je me vais retrouver les genoux de Cécilia.

–Tu as encore faim à cette heure-ci ? Me demande-t-elle en pointant l'heure affichée par le boîtier internet.
–Pas vraiment.
–Ne te force pas à manger, Caro …
–Je veux finir ce que ma puce a cuisiné jusqu'à la dernière miette. C'est tellement délicieux. Tu as mis tellement de patience dedans. En plus… Non, rien.

Je baisse les yeux tristement vers mon assiette vide maintenant. Argh, mon talent de briser l'ambiance… J'ai l'impression que la pièce s'est assombrie tout à coup. Mélancolie a chassé Romantisme. Cécilia glisse un doigt sous mon menton et me lève doucement la tête. Elle me regarde d'un air à la fois inquisiteur, à la fois attristé.

–Dis-moi… me souffle-t-elle tout bas, un peu hésitante.
–Demain soir, je ne pourrai plus manger ta cuisine… regretté-je en détournant mon regard vers la fenêtre. Je ne serai plus là dans même pas vingt-quatre heures. Je n'ai pas envie de partir…

Elle me serre très fort par la taille posant sa tête contre mon bras. Je continue à fixer le ciel obscur, en absence de Lune. J'ai les larmes aux yeux. Je veux rester ici, dans ses bras, éternellement. Ces jours passés à ses côtés font partie désormais des jours les plus beaux de ma vie. Ça fait longtemps que je n'ai pas été aussi heureuse, aussi innocente, aussi amoureuse… Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas pleurer.

–Moi non plus, je n'ai pas envie que tu partes… chuchote-t-elle contre mon cou.

Mais, nous n'y pouvons rien. C'est notre destin. Je l'ai connu bien trop tôt. Si je n'étais pas étudiante, si j'avais un travail, un appartement, tout aurait changé. Malheureusement ce n'est pas le cas, je ne suis qu'une pauvre étudiante qui vit encore chez ses parents. Même si je réussis mon concours, je serai diplômée dans une éternité, elle ne m'attendra pas…

400 km de sentiments vont partir en fumée. Ce n'est qu'une question de temps.

–Demain… commencé-je sans avoir la force de finir.
–Oui ?

Je respire un grand coup avant de reprendre.

–Demain, après m'avoir déposée à la gare, nous partirons chacune de notre côté sans nous retourner. Je pense que c'est la meilleure manière de se quitter. Ce sera plus facile pour nous…

Excusez-moi pour mon absence,  j'étais un peu occupée ces derniers temps, enfin je n'étais pas chez moi et mes chapitres étaient sur mon ordinateur 😅
Ne faite pas un bûcher s'il vous plait, mes petites crêpes...
... sinon je vous spoile la fin, mouahahah 😈😈😈

Secretony Metamorphosis [ Complet ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant