Chapitre 42 : Sand of Hope

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Nous arrivons enfin à destination en fin d'après-midi. Je suis à présent au Sud de la France, la Mer Méditerranée juste en face de moi. Ça fait tellement longtemps. Seule la plage me sépare de la mer. J'enlève hâtivement mes chaussures en insérant mes chaussettes dedans. Je retrousse le bas de mon jean. L'appareil photo autour du cou et les chaussures à la main, je cours vers la mer. J'essaye d'éviter les coquillages. J'ai trop peur de m'ouvrir le pied. A chaque pas, mes pieds s'enfonce un peu plus dans le sable. Je manque de tomber, mais je continue mon périple. La marée est basse. Le sable devient compact et mouillé. Argh. Je n'aime pas cette texture ! Mince, j'ai éclaboussé l'arrière de mon pantalon. Je ralentis donc le pas. J'atteins enfin la mer. Je me précipite pour plonger mes pieds dedans. L'eau est toute douce, toute fraîche. Je suis toute fière de moi. Je ferme les yeux pour savourer ma « victoire face aux obstacles de la nature ». Je sens les rayons du soleil chauffer légèrement ma peau. Les vagues se cognent doucement contre mes mollets. L'air marin s'engouffre dans mes narines. Que c'est relaxant. La mer m'a tellement manqué.

– Caro ! Je t'ai demandé où tu allais, mais tu es partie en TROMBE sans ni me répondre, ni m'écouter, ni m'attendre. Tu n'en fais qu'à ta tête dis donc.
– Oups, désolée... J'étais obnubilée par la mer.

Je retourne lentement vers la plage en passant derrière elle. Alors que Cécilia a le dos tourné, je l'éclabousse avant de m'enfuir.

– CAROLINE ! Tu vas me le payer, l'entendis-je hurler.

J'éclate de rire avant d'accélérer ma course autant que possible, elle me rattrape rapidement. Elle m'attrape par la taille et me ramène vers la mer.

– Non, s'il te plaît. J'ai mon appareil photo, il m'a coûté très cheeeeer !
– Bon... cède-t-elle en me reposant sur le sol. Je t'épargne juste cette fois-ci. Grrrr.
– Chaton, lui lancé-je en me retournant vers elle.
– Mais non, je suis une tigresse.
– Tu te prends pour une tigresse, mais tu restes un chaton au fond de toi…
– Non.
– Si …
– Non.
– Chut.

Un souvenir se manifeste soudain dans mon esprit. La dernière fois que je lui ai dit chut, je l'avais embrassée. Oublie, oublie, oublie... Ce n'est pas possible. J'essaye de dissimuler sous un faible sourire, ma tristesse, ma nostalgie. Ces derniers temps, j'ai compris pourquoi il est déconseillé de rester ami avec ses ex. Même si elle n'est pas mon ex, j'en souffre… Je détourne mon regard vers les dunes de sable.

– J'aimerais me poser un peu sur la plage, changé-je de sujet.
– C'est une bonne idée. Allons trouver un coin tranquille. Là-bas !

Nous marchons silencieusement vers le lieu qu'elle avait indiqué du doigt.

– Où veux-tu t'installer ? Me demande-t-elle.
– Peut importe. Comme tu veux. Arrête toi où tu veux.

Elle s'arrête tout à coup et s'assoit immédiatement.

– Oh non...
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– J'ai oublié mon pull dans la voiture … me plaignis-je.
– Tu as froid ?
– Non, mais je voulais le rouler en boule en guise d'oreiller.
– Installe-toi contre moi.
– Euh …
– Viens. Je me dévoue pour être ton oreiller. Profites-en.

Voilà, comment je me suis retrouvée allongée, la tête sur jambes de Cécilia. Cette dernière est assise appuyée sur ses bras en arrière. Je n'arrive plus à me reposer. Je ne veux pas qu'elle me regarde dormir. Les nuages qui tapissent les cieux sont si beaux. J'adore le contraste entre le ciel bleuté et les nuages brillants. Dans mon champ de vision, je vois également une Cécilia. Elle semble soucieuse.

– A quoi penses-tu ? Lui murmuré-je.
– A ce que nous allons manger ce soir, répondit-elle du tac au tac.
– Tu es sérieuse ?

Elle éclate de rire.

– Non, je rigole. Je pense à ma vie pourrie.

La curiosité est un mauvais défaut. Je me suis mise dans une impasse là. J'ai envie de savoir, j'ai envie de la réconforter. Mais je suis tellement maladroite pour cela.

– Pourquoi dis-tu cela ? demandé-je en me redressant. Ne dis pas ça…
– Parfois, je me sens tellement seule. J'en veux à l'humanité. Tout le monde finit par m'abandonner...
– Mais non, la preuve, je suis là.

Sans vraiment réfléchir, ma main se dépose sur le dos de sa main. Je regrette aussitôt mon geste. Elle va enlever sa main et je vais me retrouver hyper gênée. Bravo, Caro... Contre toute attente, sa main se retourne et enferme la mienne.

– Un jour, tu partiras aussi… dit-elle tout bas sans détacher son regard du mien.
– Oui, peut être, je n'ai pas envie de te mentir, mais pour l'instant, je suis là. Carpe diem.
– Oui, tu as raison. Profitons de notre voyage.

Je m'installe dans ses bras, contre elle. Je joue avec sa main en observant l'horizon silencieusement. La terre, l'eau et le ciel se regroupe en un lieu unique. Toutes les conditions sont réunies pour que la soirée soit parfaite. Je suis légèrement mélancolique face à cette perfection. Je défais nos mains à contre cœur. Un autre désir, plus argent, s'empare de moi. Je meurs d'envie d'immortaliser la scène. Même si aucune copie n'est meilleure que la réalité.

Je me lève pour mieux photographier le paysage magnifique sous plusieurs angles. Brusquement, je me retourne pour capturer des images de Cécilia.

– Arrête ! M'ordonne-t-elle en mettant ses mains devant son visage.
– Mais pourquoi donc?
– Je n'aime pas les photos.
– Mais...il n'y a pas de raison. Tu es superbe, magnifique, photogénique. Tu aurais largement pu être mannequin.
– C'est faux et pas de photo.
– Tant pis, je prendrai des photos de toi en cachette, lui déclaré-je en lui tirant la langue.
– NON.

Clic.

– Caro, passe-moi ton appareil ! Me menace-t-elle en se levant.
– Nan.

Elle m'attrape. Je peine à me débattre. Je me serre contre elle et je cache mon appareil photo contre nous deux. Je me surprends à avoir envie de l'embrasser. Je sens des frissons traverser mon corps. Je me rends compte que la situation me dépasse carrément. Inconsciemment, je cherche le contact physique. Il y a beaucoup trop depuis que nous sommes arrivées.

– Je suis désolée, gentille Cécilia, m'excusé-je faussement avec une voix de bébé en la berçant de gauche à droite.
– Non, je ne suis pas gentille.
– C'est pour ça ! Il faut que tu épargnes le petit panda cette fois-ci et la prochaine fois et la pro-prochaine fois et la pro-pro-prochaine fois et la pro-pro-pro-prochaine fois...
– Oui, oui, d'accord, ça suffit hein.
– Cool. J'ai « froin ».
– Pardon ?
– J'ai froid et j'ai faim, expliqué-je en accentuant chaque mot.
– Ahahah. T'es bête. Moi aussi, j'ai faim.
– On va manger ? Lui demandé-je en la tirant vers la ville par la main avec un grand sourire.
– Oui.
– Que veux tu manger ?
– Ce que tu veux.
– Pfff. Toujours me laisser choisir, lui fais-je remarquer en levant les yeux au ciel.
– C'est pour te rendre moins indécise.
– Je ne suis plus indécise ! Protésté-je en m'arrêtant net.
– Ah bon ?

En réalité, j’espérais être moins indécise. Mais, je suis en train de transgresser les principes que j'avais fixées avant de venir. Plus la flemme de l'espoir brûle au fond de moi, moins ma décision est limpide... Mes actions me trahissent à chaque geste, à chaque pas, à chaque seconde. Arriverais-je à résister à son charme ?

Secretony Metamorphosis [ Complet ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant