Secretony Metamorphosis [ Complet ]

Chapitre 8 : Tentation

Qu'ai-je à perdre à l'embrasser ? Tant qu'il n'y a pas de sentiments, rien ne compte.

Mais est-ce une blague ? Je la fixe un long moment. Elle est sérieuse. Elle attend. Elle me défie. Je m'approche lentement. Ma main se pose doucement sur sa joue. Je plaque mes lèvres contre les siennes sans réfléchir. Ses lèvres sont tellement douces. L'environnement extérieur disparaît progressivement. Il ne reste plus qu'elle et moi. Je la laisse mener la danse. Elle sent la cigarette, mais ce n'est pas très gênant. Son bras libre s'enroule autour de moi. Je commence vraiment à perdre la tête. Tout à coup, consciente de la situation, je la repousse. Elle m'observe, les yeux pleins d'incompréhension.  Je baisse les yeux.

– Ça suffit ... parviens-je à lui murmurer avec tout le calme qui me reste.

Impassible, elle me tend sa cigarette.

– J'ai eu ma dose, merci, lui répondis-je froidement.

Déçue, elle porte sa cigarette à la bouche pour cacher le malaise. Je n'ai plus aucune raison de rester ici. Je marche vers l'entrée, sans un regard, en la contournant silencieusement. Je suis vraiment devenue folle. Les impulsions ont pris le dessus. Je n'aurais peut être pas dû …

Je ferme la porte derrière moi. Je plaque mon dos contre la porte. J'essaye de retrouver mon souffle, ainsi que mon calme.

– Ça va, Caro ? me demande Estelle inquiète qui sort de la salle de bain.  Qu'est ce qu'il y a ? Tu es toute pâle.
– Oui, oui, ça va, la rassuré-je hâtivement. Le bus était en retard, nous avons attendu longtemps dans le froid.
– D'accord, dit-elle un peu perplexe.
– J'ai loupé quelque chose ? Demandé-je avec un air innocent.
– Non, nous t'attendons ton retour pour ouvrir les cadeaux. Puis nous allons regarder un film.
– Allons y alors.
– Dis à Cécilia de rentrer.
– J'ai besoin d'aller aux toilettes d'abord, mentis-je avant de me précipiter vers la salle de bain.

Dans la salle de bain, je m’appuie sur le lavabo. J'essaye de reprendre mes esprits. Je ne sais pas mentir. Je déteste mentir. Je me sens trop mal … Je me regarde dans le miroir. Estelle a raison, je suis vraiment pâle. Oh non, un bouton est apparu sur le front. Bref, bouton ou pas, je reste moche. Je me demande bien pourquoi Cécilia veut jouer avec moi. Je n'ai rien à lui apporter …  Quelqu'un frappe à la porte.

– Caro, nous allons ouvrir les cadeaux, crie Estelle.
Quelle impatience dis donc …
– J'arrive tout de suite, lui répondis-je.

Je sors et je me rassois à ma place. Cécilia est déjà revenue. Elle ne m'a même pas regardé. Je l'ignore de même. Estelle commence à déballer les cadeaux. Je lui ai offert une tasse personnalisée avec une photo de nous et quelques amis. J'ai rajouté au dos de la tasse : « Good friends are hard to find, harder to leave and impossible to forget <3 ». Comme vous pouvez le constater, l'amitié a une place très importante dans ma vie. Certaines personnes sont bien plus que des amis, ce sont des compagnons de vie. Ces derniers se comptent sur les doigts d'une main, mais c'est largement suffisant. Même si le temps passe, ils seront toujours là pour moi. Même si un jour, ils m'abandonnent, je me souviendrai des bons moments que nous avons partagés ensemble.

Estelle est très contente de ses cadeaux et donne un câlin à tout le monde. Elle est une personne très gentille, un peu candide, insouciante qui se contente de peu.  Elle est toujours heureuse. Parfois j'aimerais être comme elle.

Voici le moment du grand débat : Quel film choisir ?  Personnellement, ça m'est égal. Peu importe ce que nous faisons, l'importance est avec qui nous le faisons. Je suis très contente d'être ici ce soir. Ils se mettent enfin d'accord sur un film. « C'est pour toi, notre petit panda !!! » me crie Estelle de l'autre bout de la table. Tout le monde se met à rire. Ils ont choisi Kung Fu Panda … Je ne suis pas une grande fan de dessins animés, mais bon. Oups, pardon, de films d'animation.

Ils se précipitent en se poussant les uns les autres sur les canapés. Je les laisse se battre. Ils sont tous affalés les uns sur les autres. Je trouve malgré tout une place, une place à côté de Cécilia encore. Épuisée par l'heure tardive, je ne m'en préoccupe pas.  Au fur et à mesure, je me retrouve endormie contre Cécilia. N'ayant plus la force de lutter, je me laisse aller. Ses bras s'entoure autour de ma taille et m'installe confortablement contre elle. Curieusement, je me sens bien dans ses bras. Je suis apaisée comme jamais. Heureusement, tout le monde regarde le film. Dans l'obscurité, personne ne soucie de nous. J'ai les yeux rivé sur l'écran, mais je ne suis pas le film. Je profite du moment présent.

Beaucoup trop vite à mon goût, le générique défile. Je regarde l'heure sur mon téléphone. Oh mon dieu, il est déjà deux heures du matin. Je n'ai pas vu le temps passé. J'ai oublié de prévenir mes parents … Il n'y a plus de transport en commun à cette heure-ci. J'aurais dû prendre la voiture. Me voyant toute paniquée, Estelle me propose gentiment de rester dormir dans la chambre d'ami pour qu'elle puisse dormir  avec son copain. Elle est vraiment maligne. J'appelle mes parents. Je vais me faire tuer, ils s'inquiètent certainement et je vais les réveiller. Après quelques sonneries, ma mère décroche.

– As-tu vu l'heure, Caroline ?
– Oui, oui, pardon, pardon, Maman …
– Quand vas-tu te décider à rentrer ?
– Il n'y a plus de transport à cette heure-ci, tenté-je pour baliser le terrain. Estelle m'a proposé de dormir chez elle, je peux ?

Silence. Je me mords la lèvre inférieure et retiens mon souffle en attendant  une réponse. Je crains vraiment sa réaction. A bientôt 20 ans, je demande encore la permission à ma mère … Pauvre de moi.

– Dormir chez elle ?
– Oui, murmuré-je toute hésitante.
– Hmmm … Oui, bon … D'accord. La prochaine fois, préviens plus tôt.
– Oui, maman, dis-je toute contente. Merci. Je t'aime.
– Je t'aime aussi, ma puce. Va dormir.
– Bonne nuit, maman.
– Bonne nuit.

Ouf, je suis sauvée ! Je suis en train de sautiller de joie. Je vais de suite annoncer la nouvelle à Estelle.

– Estelle, c'est bon.
– Oh, c'est cool.
– Oui !
– Au faite, finalement, Cécilia reste dormir aussi. Tu partageras la chambre avec elle.

Je me décompose sur place. Il ne manquait plus que ça …