Chapitre - 10.

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Hermione regardait le dallage du sol sans vraiment le voir. Elle avait les yeux dans le vague et la tempête dans le cœur.
Elle entendait la voix de Ginny et elle sentait le regard perplexe de George faire des allers retours entre elle et sa sœur.

Sauf qu'Hermione ne voyait plus que le carrelage du couloir de St-Mangouste. Elle était appuyée sur le mur. Elle avait l'impression que le monde tournait autour d'elle comme une toupie.
Elle ne voyait plus rien. Elle n'écoutait plus rien. Tout était figé.

L'Univers entier s'était figé quand Ginny avait expliquée ce qu'elle pensait.
Dans une brume floue, Hermione les voyaient toutes deux prendre la poudre de cheminette après que la rouquine eut sortit un mensonge à sa mère quant à leur sortie.
Pour être franche, Hermione ignorait totalement comme elles s'étaient retrouvées à l'hôpital.
Elle se voyait tirée par Ginny dans les couloirs jusqu'à la chambre de Fred.
Elle entendait Ginny appeler George à l'extérieur avec une sorte de détachement.

Et puis les mots de Ginny comme une bombe. Un détonateur qui menaçait de faire exploser le champ de mines qu'était devenu son cœur.
Son idée ? C'était qu'Hermione parle à Fred. Parce que les médicomages préconisaient depuis le début les stimulations sonores parce que, dans le cas où les personnes dans le coma auraient la capacité d'entendre, cela pourraient agir comme un appel à revenir dans le monde des vivants.
Et Ginny Weasley était intiment et définitivement persuadée que si son idiot de frère entendait la voix d'Hermione lui annoncé sa grossesse, l'électrochoc serait assez puissant pour qu'il se réveille.

Son frère n'était pas totalement convaincu mais il était dans l'idée qu'il fallait tenter. Que ça ne coûterait rien d'essayer.
Hermione elle, ne savait pas. Ne savait plus rien. Son cerveau était devenu un liquide en fusion qui explosait violement dans sa boîte crânienne. En d'autres termes, Hermione n'arrivait plus à réfléchir, figée comme une poupée de chiffon.
Ou peut-être que si justement. Peut-être bien qu'elle réfléchissait trop. Qu'elle réfléchissait tellement trop que plus rien de cohérent n'en sortait.
Ces pensées prenaient des milliers de voix qui se brouillaient, toutes parlées, avouées, chuchotées, murmurées, criées, hurlées...

Elle se disait que ca ne marcherait jamais mais qu'il y avait une chance.
Elle voulait y croire pourtant elle avait tellement peur de sa déception si il s'avérait que Fred ne se réveillait pas.
Elle sentait l'envie de passer le seuil de la chambre et de parler à Fred après tous ces mois à étouffer dans leurs silences respectifs malgré son obstination à penser que c'était idiot de parler à quelqu'un dans le coma et qu'il n'entendrait rien de toute façon, qu'il en répondrait pas.
Elle suffoquait de son désir de fuir et celui de se jeter à son cou, de l'embrasser, de lui crier à quel point elle l'aimait comme elle n'aimerait jamais un autre homme de revenir, de se réveiller, parce qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui.
Et plus que tout elle paniquait. Elle paniquait de lui dire qu'elle attendait un enfant de lui comme elle aurait paniqué si il avait été réveillé.

"-Hermione ça va ?" elle tenta de répondre un "oui" à George mais seule une gargouillement rauque s'échappa d'entre ses lèvres.

"-Tu te sens prête Chérie ? On peut attendre si tu veux.

-Non Ginny. Maintenant." sa voix était éraillée, anormale. La rouquine secoua pourtant la tête de haut en bas, les yeux fermés.
George s'écarta de l'embrasure de la porte pour la laisser passer et Hermione se décolla du mur le pas tremblant, mal assuré. Le jumeaux la retint lorsqu'elle trébucha sur ses jambes faibles. Elle se sentait tellement fatiguée, tellement vide, tellement peu courageuse et elle se demanda un instant à quel point s'était visible.

Dans le regard des deux Weasley, Hermione lisait sans problème, une intense et profonde compassion. Elle les observa tour à tour avant de leur demander d'une voix encore plus plaintive et anormale que quelques minutes auparavant si ils pouvaient venir avec elle. Elle n'avait absolument pas le courage de le faire seule.

Réveille toi - FremioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant