9. Marine c'est ça ?

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Le Canada. J'avais passé le cours de maths entier à parler avec Hugo. J'avais appris qu'il avait vécu au Canada jusqu'à ses huit ans. Depuis, j'avais commencé à remarquer son minuscule accent presque inaudible. C'était un gars cultivé, intéressant et, il faut se le dire, à tomber par terre. Alors pourquoi, pourquoi bon sang, je ne me sentais pas plus attirée que ça ?! Au premier abord pourtant, j'avais été flattée qu'il s'intéresse à moi, qu'il ai voulu apprendre à me connaître. Et puis, à la fin de notre discussion et, par la même occasion, de notre cours de maths, j'avais ressentis une sorte de frustration, ou plutôt, l'impression de m'être forcée. J'avais souris à toutes ses blagues, posé des questions sur sa vie, sur ses goûts, mais c'était comme si je m'étais forcée à le faire, je m'étais forcée à paraître plus intéressée que je ne l'étais réellement car je ne trouvais pas de raison particulière de ne pas l'être, je ne comprenais pas mon indifférence.

Quand Hugo avait pris un couloir opposé au mien pour rejoindre le cours suivant, j'avais tristement compris qu'il n'était pas dans mon groupe de technologie et que je me retrouvais donc seule. Génial.

Le cours avait débuté depuis une dizaine de minutes, et, ne connaissant personne, j'avais opté pour une place au fond de la classe, contre le mur. Ma chaise voisine était donc restée vide, c'était ce que j'espérais en me plaçant là, que l'on ne me remarque pas.

Ce cours sera le cours le plus calme de ma semaine, dommage qu'il ne soit qu'hebdomadaire.

Le prof était en pleine présentation du programme prévu pour cette année quand la porte s'ouvrit.

"Monsieur Hending, vous ne pouviez pas tenir un jour c'est ça ?" J'avais tout de suite levé la tête à l'annonce de l'identité du perturbateur retardataire. Devant nous se tenait mon cher et tendre colocataire. Je m'étais trompé en pensant ne connaître personne dans ce cours, je verrais sa tête au moins deux heures, chaque lundi. Quelle poisse !

"J'devais faire un truc plus important, ne soyez pas jaloux monsieur" il avait répliqué immédiatement, il avait sûrement dû préparer sa "punchline" à l'avance. Pathétique. Enfin ça c'était mon avis, qui n'était à priori pas, mais alors pas du tout partagé pas le reste de la salle qui s'empressa de rire.

"Tâchez de ne pas vous faire plus remarquer jeune homme, dépêchez-vous de vous assoir et de suivre le cours sans perturber."

Soudain, le regard de Thomas croisa le mien, un sourire en coin se dessina sur son visage et alors qu'il commença à s'avancer vers moi, il conclu "Tout de suite monsieur" et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, il était à côté de moi et sortait une vieille trousse noire qu'il posa sur la table, probablement la seule chose que contenait son sac.

"Salut petite coloc', Marine c'est ça ?" Sa phrase se voulait drôle et un peu charmeuse, à en croire le clin d'œil qui en suivi. Ce mec était beaucoup trop arrogant.

"Raté" finis-je par rétorquer, d'une voix froide, histoire de lui fermer une bonne fois pour toute son clapet, avant de reporter mon attention sur notre prof.

Ce cours sera le cours le plus long de ma semaine, heureusement, il n'est qu'hebdomadaire.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant