31. Tu te souviens ?

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Mélissa n'avait, elle non plus, pas très apprécié la nouvelle. Ça signifiait qu'elle aussi allait passé ses vacances seule : Clémence partait comme chaque année avec ses parents en camping.

"T'inquiète Marie chou, quittes à ne pas te voir, je vais t'harceler de messages et d'appels !"

Premièrement, ce surnom, malgré sa tentative de paraître mignon, était affreux. Deuxièmement, l'idée de passé deux semaines seule avec ma mère et des membres de ma famille dont je n'était vraiment pas proche ne m'enchantait pas ; mais celle de les passer avec en plus, Mélissa et ses potins foireux quotidiens, encore moins..

Je ne répondis cependant rien, à ce moment, elle essayait juste de relativiser car il fallait bien avouer que la situation n'avait rien de dramatique. Je serais loin de mes amies, certes, mais loin de Thomas aussi, loin des tensions et des douleurs.

"Mélissa chou, vengeance, je vais me coucher, ma mère passe tôt."

"Ok bonne nuit, réveille-moi quand tu pars"

Ma mère m'avait donné rendez-vous à la gare de la ville. Elle n'était qu'à dix minutes de marche mais le trajet dans le frais du matin m'épuisa. J'avais mal dormi, en fait, j'avais peu dormi, pendant la majeure partie de ma nuit, j'avais ressasser le flot d'émotions de la veille.

"Marie ! Ma chérie comme tu as changé ! Regardes comme tu as grandi en si peu de temps !"

"Bonjour maman ! Tu sais, j'ai pas tellement grandi que ça ! Alors cet appartement ?"

"Tout se passe bien, l'appartement est confortable et suffisant, c'est plutôt à toi qu'il faut demander cela !"

"Le lycée et mon appartement sont géniaux, je suis contente que ça se passe bien pour toi aussi !" J'avais répondu sur le ton le plus spontané et naturel que je pouvais prendre. Pas un seul mot de ma phrase n'était vrai, enfin si, j'étais heureuse qu'elle soit bien mais rien n'était plus pareil depuis quelques mois, et dire que cela me rendait heureuse était faux.


J'avais dormi pendant la quasi-totalité des quatre heures de train. Regarder le paysage filer à vive allure derrière la vitre du wagon n'était pas mon occupation favorite et c'était vite ennuyeux.

Ma tante et son mari étaient venu nous chercher et nous étions partis en direction de leur maison qui se trouvait à une dizaine de minutes d'ici en voiture. Nous avions échangé quelques formalités : bonjour, ça fait longtemps, tu as changé ! Mais aussi, une question qui retena mon attention : tu te souviens de Jules ?

Je n'avais aucune idée de qui était ce "Jules" mais j'étais à priori censée le connaitre. N'osant pas répondre par la négative, je me contentais d'un sourire gêné. Mon oncle Pierre avait bien compris ma réponse inavouée et me précisa que Jules était mon cousin germain, de deux ans mon aîné. Nous étions apparemment très complices avant qu'ils ne déménagent dans le nord.

Peu après ce bref échange, nous étions arrivés. Il ne me restait plus qu'à compter les jours jusqu'à la fin de la grossesse et, par conséquent, jusqu'à la fin de mon périple ici.


16 jours. Ma tante avait mis seize jours avant d'enfin accoucher. Nous avions eu une fausse alerte à la fin de la première semaine, sans succès. Et plus rien depuis. Si vous avez compté correctement, j'était censée être en cours depuis deux jours, mais ma mère avait décidé de ne pas partir avant l'accouchement, refusant de payer un billet aller-retour de train pour rien. Vu notre situation c'était compréhensible.

Pendant ces seize jours, j'avais eu de nombreuses nouvelles de Mélissa, dont, parmi toutes les informations futiles, une un minimum intéressante : il y avait un nouveau rapprochement entre Clémence et Maxime depuis la rentrée. Pas vraiment étonnant d'un côté comme de l'autre, elle était folle de lui, et lui, fou de sexe.

J'avais aussi pu "revoir" Jules, et à ma plus grande surprise, ça s'était super bien passé entre nous. Il était vraiment drôle et extraverti ! J'avais réussi à capter certaines phrases montrant sa grande répartie et son intelligence. Je ne dis pas ça car il est de ma famille, mais ce serait un petit ami parfait, si seulement Mélissa était venue dans le nord !

Nous étions restés en contact lui et moi, ses études lui permettaient d'avoir suffisamment de temps libre pour venir quelques fois, ce qu'il m'avait promis de faire.

Après le même trajet long et ennuyeux, nous étions rentrées tard le mardi soir, et j'allais, malgré tout, devoir retourner en cours demain.

Étonnement, le nord me manquais, terriblement.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant