Je m'étais écroulée dans mon -véritable- lit, à la fois soulagée et inquiète d'avoir trouvé l'appartement vide à une heure si tardive.
Thomas n'avait à première vue pas déserté les lieux car nombre de ses vêtements étaient éparpillés dans le salon que j'avais traversé pour rejoindre ma chambre.
Il n'était donc pas encore rentré et n'allait sûrement pas revenir avant demain, il était déjà deux heures passées.
Seule dans mon lit un peu trop grand et froid pour moi à ce moment, j'avais fait un point sur la décision que j'avais prise vis-à-vis de Thomas. À vrai dire, j'avais tout fait pour me changer les idées et ne pas y penser avant, mais il fallait bien que je me rende à l'évidence : il me manquait terriblement.
Durant tous ces jours passés à l'éviter, à l'ignorer, je m'étais sentie terriblement seule, incomprise. Et les révélations de Maxime au sujet de Mélissa me l'avait fait encore plus ressentir. Sans lui, rien n'était vraiment agréable. Tout finissait par avoir un arrière goût pour amer.
Ma surprise fut donc grande quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Je ne l'avais pas encore vu mais je savais déjà qu'il avait bu, je l'avais entendu trébucher à de multiples reprises et jurer à tout va. Je n'aurais peut-être pas dû le faire, mais j'étais sortie de ma chambre pour le rejoindre.
La surprise sur son visage n'avait rien d'attendrissant, comme si ma présence était la chose la plus effrayante du monde, il avait eu un mouvement de recul et avait, encore une fois, frôlé la chute.
Ses yeux injectés de sang et ses vêtements pleins de tâches et puants la sueur étaient significatifs. Il était dans un sale état, un très sale état, et je refusais d'admettre que c'était sûrement en partie à cause de moi.
"Ma-marie ?" Sa voix était éraillée et presque inaudible, il était à bout de force.
"Je.." J'avais tout d'abord pensé à me justifier sur le fait de ma présence ici, mais je m'étais vite ravisée, sentant bien que ce n'était pas le plus important pour le moment, et sans vraiment y réfléchir, je fis la seule chose dont j'avais vraiment envie et rompu la distance entre nous pour le prendre dans mes bras.
Il avait mis longtemps avant de réagir à mon geste et renforcer notre étreinte. Je sentais son coeur battre à toute allure et sa respiration saccadée dans mes cheveux, jamais je ne m'étais aussi bien sentie.
Pourtant, après quelques secondes, bien trop courtes à mon goût, il m'avait subitement repoussée.
J'étais déboussolée, certes, mon geste était clairement inapproprié à la situation mais c'était ma façon de lui dire à quel point je regrettais, et j'espérais qu'il l'avait compris.
Un lourd silence régnait dans la pièce et je n'étais pas décidée à le rompre. C'est d'ailleurs lui qui l'avait fait.
"T'as, t'as pas le droit de faire ça putain ! Il tirait nerveusement sur ses cheveux. Tu m'as laissé comme une merde pendant je ne sais combien de foutus jours et tu reviens comme une fleur et moi comme un con je l'accepte parce que putain j'attendais que ça depuis notre discussion sur le toit, j'en ai rêvé mille fois mais tu m'as fais trop de mal pour juste te repointer comme ça ! Je suis pas un jouet Marie bordel ! Qui me dit que tu vas pas encore vulgairement m'abandonner dès demain ? Hein ? Personne ne peut me l'assurer, même pas toi parce que t'arrives même pas à me parler !"
"Thomas, je suis désolée.."
"Moi aussi Marie, désolé que tu sois incapable de savoir ce que tu veux"
Et j'aurais adoré vous dire qu'il s'était réfugié dans sa chambre après cela mais c'était une autre porte qu'il avait choisie.
Il avait quitté l'appartement.
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Tu m'as changée
Teen FictionMarie est une fille élancée qui croque la vie à pleine dents, jusqu'à la mort de son père. Sa mère ne pouvant pas assurer seule le crédit de leur maison, Marie est obligée de partir à contre-coeur dans un internat pour ses 3 années de lycée et donc...