Tu m'as changée

32. "Pour ton retour"

Nous étions mercredi matin, j'avais dormi moins de quatre heures, et je commençais par physique. Je pense qu'à cet instant, personne dans la classe ne pouvait se sentir aussi mal que moi, et les gros yeux de Mélissa et Clémence quand j'avais passé la porte ne m'avaient pas aidée.

J'avais eu la bonne idée de leur faire la surprise de mon retour, leur ayant dit que je rentrais le week-end suivant.

Avec du recul, j'aurais mieux fait de ne rien faire car une fois la surprise passée, j'ai eu droit à une bonne dizaine de minutes de câlins de "retrouvailles" et de grands sourires à s'en fissurer les lèvres. Rien de bien méchant je vous l'accorde mais devant les autres élèves présents et parfaitement inconnus malgré le fait que nous partagions certains cours ensemble, ces démonstrations d'amour m'avaient mises mal à l'aise.

Par chance, l'arrivée de notre professeur avait mis fin au supplice.

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La matinée s'était passée plus que normalement, pas grand monde ici n'avait remarqué ma courte absence, et cela m'arrangeait bien, j'allais devoir me justifier seulement auprès de mes deux amies que j'apercevais à notre table habituelle du self, me faisant de grands gestes pour que je les rejoignent. Ça m'avait fait rire. Comme si je pouvais allez manger à une autre table ! Elles étaient vraiment drôles à ce moment précis, excentriques et parfois, il fallait se l'avouer un chouya déjantées. Mes deux folles amies. Cette phrase me revint soudainement en tête, me rappelant par la même occasion, que je n'avais pas vu Thomas de la matinée. Une bonne chose je le savais, je voulais éviter de le voir le plus possible, me confronter à lui me mettrait terriblement mal à l'aise.

J'étais aussi parfaitement consciente que j'allais fatalement devoir l'affronter un jour ou l'autre, et par cela, je pensait surtout à lundi et à mon cours favori, la technologie.

"Alors petite cachotière, c'était comment le nord ? Les mecs sont cannons là-haut ?" Mélissa avait lancé la conversation.

"Bof, tu sais, à par Jules, mon cousin, j'ai pas vraiment vu de mecs"

"Jules tu dis ? Pas mal comme prénom.." Elle accompagna sa réplique d'un sourire en coin. Depuis l'annonce de l'homosexualité de Florian, on aurait dit une droguée en manque, prête à sauter sur le premier venu en échange d'un peu d'attention et de quelques mots doux.

"T'es pas possible ! Je t'ai même pas dis son âge ! Il aurait très bien pu avoir onze an ou un truc du style !"

"Mais ta phrase me confirme que non.. alors ? Combien ?"

Je secouais la tête tout en la baissant vers mon plateau. Cette fille était pas croyable !

"Bientôt dix-huit" capitulais-je.

"De mieux en mieux le Jules !"

Je tournai ma tête faussement dépitée vers Clémence.

"Clem', faut qu'on lui trouve un mec c'est plus possible à ce stade !"

"J'suis bien d'accord, ça devient gênant là.." ria cette dernière.

"J'vous entends hein ! Mais bon.. c'est vrai que j'dirai pas non si vous dénichez une perle rare !"

Sur ce, nous partîmes toutes les trois dans un fou rire et les mouvements d'épaules et de bras de Mélissa firent trembler la table, menaçant de renverser nos verres, ce qui nous emporta encore plus.

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Mélissa et moi étions rentrées ensemble, Clémence elle, avait rendez-vous avec Maxime et nous lui avions fait jurer de nous appeler à la fin de celui-ci pour tout nous raconter en détails.

"Quel con ce type !"

"De qui tu parles ?"

"Monsieur Figuot ! Mon prof' de français ! Il veut qu'on fasse un exposé oral sur les liens comportementaux entre les animaux et les hommes, quelle galère j'te jure ! On a tous un animal imposé et devine sur quoi je suis tombée ?"

"Je t'écoutes" j'affichais déjà un large sourire devant la détresse de mon amie.

"Le castor."

"Oh putain ! Toutes mes condoléances, j'avais posé une main sur son épaule et pris un air grave, tu sais Mélissa, quand la vie te donne des défis, il ne faut pas baisser les bras et tout faire pour les surmonter."

"Marie tu sais quoi ? Plus jamais j'te dis un truc !!"

Ni tenant plus, je ne retins pas mon rire plus longtemps.

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Le jeudi s'était lui aussi passé sans encombre et mon vendredi matin non plus. Toujours aucune trace de Thomas et je m'estimais chanceuse de ça.

Les filles et moi avions un peu de temps libre pour ne pas manger au self ce midi. Nous avions commander des sushis et nous étions partis chez Clémence car son appartement était le plus proche du lycée.

Elle nous avais déjà raconter une multitude de fois et d'une façon différente à chaque fois son rendez-vous de mercredi. La seule chose que j'en avait tirée était qu'elle était vraiment faible et facile quand il s'agissait de Maxime et que lui n'en avait strictement rien à foutre. C'était répétitif, ça tournait en rond, bref, cette relation était ennuyeuse.

"Vu notre soirée de mercredi, j'espère qu'il m'embrassera ce soir !"

Car oui, ce soir s'organisait dans cet endroit même, une fête pour mon retour. Une idée de Mélissa vous vous en doutez. Elle m'avait promis un petit comité mais avec elle, je m'attendais à tout.

Une fois les sushis terminé, nous étions rapidement retournées en cours.

La fête approchait à grands pas et pour une fois, j'avais envie de m'amuser.