26. La dolce vita

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J'étais rentrée en furie chez Mélissa. Elle n'avait qu'à venir, je n'étais plus à une dispute près.

Elle était rentrée sur le coup de 22h, j'avais passé toute mon après-midi à manger les choses les plus sucrées et grasses que j'avais pu trouver. Je n'étais plus sortie de l'appartement ni même de la chambre que je squattais chez elle, le lit était confortable et la connexion internet rapide. Je n'avais eu aucune raison de bouger. Flemmarde ? Non, j'étais éreintée de ma matinée, des disputes inattendues et blessantes.

Pourtant, quand j'avais entendue la porte d'entrée s'ouvrir, je m'étais résignée à me lever, ne voulant pas qu'elle me voie dans cette état chez elle.

"Salut.." Étonnamment, c'était elle qui avait débuté la discussion, et ce, sans agressivité, mais je dirais plus, avec hésitation.

"J'ai essayé de retourner à l'appart' mais Julie était encore là et.."

"C'est bon t'inquiète" sa spontanéité montrait sa sincérité, j'étais étonnée, agréablement étonnée.

"Merci. Tu sais Mel', Clémence, elle a pas à douter de moi par rapport à Maxime, j'm'en fous de.."

"Je sais, j'suis désolée de pas t'avoir défendue tout à l'heure, Clémence a toujours étais excessive quand il s'agit de Maxime. Elle est allée loin aujourd'hui et, malheureusement, ça t'es tombé dessus, je savais que j'allais te voir ce soir alors je me disait que je pourrai t'expliquer mon point de vue."

"Oh.." je ne savais pas trop quoi répondre à ça. En ne me défendant pas, elle m'avait fait beaucoup de peine, mais ça aurait été peine perdue de prendre parti devant Clémence. D'un côté, je la comprenais, elle ne savait pas ce qui s'était passé plus tôt avec Thomas, elle ne savait d'ailleurs rien de ce qui se passait avec Thomas, officiellement, je déménageais pour éviter les bruyant ébats répétés, une excuse qui marchait à tous les coups. Je savais pertinemment qu'elle n'avait pas fait ça dans le but de me blesser. Ça me rassurait de voir que je ne m'étais pas totalement trompé sur son compte, c'était bien la seule.


La fin de notre soirée c'était relativement bien passé, aucune de nous deux n'avait reparlé de l'épisode "Maxime".

Je m'étais couchée tôt, mais en pleine nuit, j'avais reçu un message qui m'avait réveillée.

De : Inconnu

Marie, je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé, je m'en veux terriblement, si tu savais ! Il faut qu'on mette les choses à plat, je veux te voir.

À la pizzéria "La dolce vita", demain 13h ?

Je serais là.

Plusieurs questions me trottaient en tête. De toute évidence, l'expéditeur de ce message était Thomas, cela me fit remarquer qu'en plusieurs mois, je n'avais jamais eu son numéro, j'avais pourtant celui de personnes que je côtoyais beaucoup moins, que je n'embrassait pas par exemple. Une preuve de la distance abrupte qu'il y avait entre nous, il n'avait que très peu de lien avec moi, lui qui était si extraverti.

Je n'avais pas envie d'aller à ce "rendez-vous". Je n'avais aucune raison d'y aller de toute façon.

Je mis un bon moment avant de retrouver le sommeil, un sommeil agité.

"Debouuut Marie ! J'ai eu une idée !!"

"C'est assez rare pour le souligner c'est vrai ! Je te félicite Mélissa"

Elle rigola de bon cœur à ma moquerie, elle avait l'habitude à force.

"Fais la maligne ! Je me vengerai ! Lèves-toi maintenant ! Je t'explique le plan !"

"Le plan ? Voilà quelque-chose d'intéressant.."

Intriguée, je sortis du lit et la suivi jusque dans la cuisine, elle m'expliqua son plan de "réconciliation avec Clémence".

Le principe était simple, à midi, Mélissa avait invité Clémence à manger au resto dans la petite ville voisine. Mon rôle était simplement de venir aussi, afin de mettre les choses au clair avec elle, une bonne fois pour toutes.

Je n'étais pas extrêmement enchantée mais je n'avais rien de mieux à proposer.

Et je déchanta très vite quand elle me précisa l'adresse du restaurant, la pizzeria "La dolce vita". Un des seuls restaurants ouverts le dimanche, et, celui de mon "rendez-vous".

Je ne m'étais pour autant pas dégonflée et étais partie me préparer. Quelque-chose d'assez simple, et de chaud fera l'affaire.

Il fallait bien avouer que cette pizzeria était à tomber, nous venions à peine d'arriver que j'étais déjà sous le charme. Elle était située un peu à l'écart de tout, du lierre vert très foncé recouvrait la façade avant, plusieurs petites tables comblait l'espace de la salle principale et une cour intérieure offrait une vue sur les montagnes. Partout, des fleurs, des arbustes, des affiches de grand films italiens décoraient, rendaient vivant l'endroit. C'était à couper le souffle.

Je reconnaissais les visages de plusieurs personnes du lycée, un dimanche midi, l'endroit était prisé.

On s'était installé et Clémence nous avais rejoint peu après. Elle avait était surprise de me voir. Au début, elle m'ignorait complètement mais j'avais réussi à installer une discussion, nous avions peu parlé mais je sentais qu'elle serait prête à m'écouter d'ici quelques jours.

Nous attaquions le dessert quand je le vis rentrer dans la cour. Je repensais au message que j'avais reçu et un énorme frisson parcouru mon dos quand il repéra ma table et me sourit.

"Tu es venue !" Il arborait un sourire et un ton inapproprié à notre dernière altercation.

"Je ne suis pas venue pour toi Hugo"

Je savais que c'était peine perdue, il arriverait quand même à me faire son grand discours d'excuses pathétiques. Le repas dans un cadre idyllique allait virer au cauchemar.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant