SUITE PARALLÈLE : Maxime

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Le jour finissait de tomber et le soleil laissait petit à petit place à la lune. Depuis la terrasse de mon appartement, j'observais le merveilleux camaïeux de rose que le ciel proposait. La douce chaleur ambiante de cette journée d'été s'échappait peu à peu et quand la fraîcheur se fit trop ressentir, je rebroussais chemin vers l'intérieur.
Une vive douleur se déclara soudainement sous la plante d'un de mes pieds. Une pièce de Lego, sûrement abandonnée là par Sacha. Une plainte énergique s'échappa automatiquement de ma bouche suivie de quelques grommellements incontrôlés.
Je ramassais la pièce et rejoignis le salon, là, assis sur le sol et au milieu de ce qui semblait être un million de petits cubes de plastique colorés, mon fils paraissait plus euphorique que jamais.

"Sacha ! Qu'est-ce-qu'il avait dit papa hein ? Il avait dit pas de Lego de partout ! Fais un peu attention d'accord !"

"Voui papa ! Regarde j'ai fais un avion supersonique ! Fiou fiouuu fiouuuuu !"

Un bras en l'air, faisant voler son "avion", il était déjà repartit dans son monde.
Assis sur le canapé en face de lui, je m'étonnais de la vitesse à laquelle il avait grandi. À laquelle toute ma vie avait changée. Du haut de mes 23 ans, j'avais l'impression d'en avoir vécu le double.

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Quand les yeux de Sacha s'étaient enfin fermés, j'avais refermé le livre qu'il m'avait supplié de lui lire, éteint la lumière et étais sorti de sa chambre.
Quelques minutes après, alors que j'achevais la vaisselle de mon assiette, la sonnerie de mon téléphone retentit, et comme à chaque fois depuis plus de 7 ans maintenant, tout mon corps se figea.
On a tous nos faiblesses, une phobie pour certains, des peurs, des traumatismes, des angoisses dont on n'arrive pas à se débarrasser. Eh bien pour moi, c'était cette sonnerie, ou surtout, le souvenir qu'elle m'évoquait, cette nuit d'horreur où tout s'était enchaîné très vite, trop vite.
À chaque fois, tout me revenait, l'appel plus que tardif de Marie, la terrible annonce qu'elle m'avait faite, le trajet jusqu'à l'hôpital, l'état dans lequel je l'avais retrouvée, le visage de Mélissa quand je lui avait annoncé, le choc que ça lui avait fait, son évanouissement puis, après son réveil le lendemain à l'hôpital, la découverte de sa fausse couche, la peine que j'avais ressenti mélangée à un certain soulagement qui m'avait fait me sentir coupable de toute cette situation. Cette sonnerie faisait remonter en moins la période la plus difficile de ma vie. Les colères de plus en plus répétitives entre Mélissa et moi nous avaient emmenés à une rupture inévitable. La joie que j'avais pu lire sur le visage de Clémence et le dégoût que cela m'avait provoqué.
Tout ces horribles souvenirs auraient sûrement étés insoutenables s'il n'y avait pas eu Marie. Le besoin de l'aider que j'avais ressentit après la mort de Thomas, la joie que j'avais à la voir sourire un peu plus chaque jour, notre amitié inimaginable qui avait été mon seul point d'appui lors des années lycée et qui nous avait tout les deux amenés à notre remise de diplôme. Et puis j'avais eu envie de partir, de tout reprendre à zéro. J'avais enchaîner un nombre incalculable de boulots miteux et j'avais en parallèle, acheté un studio perdu et mal insonorisé qui m'avait pourtant longtemps paru semblable à un immense loft. La solitude m'avait bien réussi la première année, j'avais fini par décroché un emploi stable, dans une boite publicitaire et c'était environ à ce moment-là que j'avais rencontré Valentine. J'avais tout de suite été frappé par sa beauté flamboyante. C'était une femme d'une intelligence et d'une finesse indéniable. Nous avions rapidement emménager ensemble et une petite année seulement après notre rencontre, été né Sacha, mon rayon de soleil quotidien.
Cette sonnerie faisait donc remonter en moi une multitude de forts souvenirs incroyables et j'avais été incapable de la changer.

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La nuit noire avait pris possession du ciel depuis un certain temps déjà. Valentine était en voyage d'affaire et ne rentrait que le lendemain soir. J'étais sur la route pour aller me coucher lorsqu'on frappa à la porte.

J'avais été tout de suite interloqué et ma surprise s'était décuplée lorsque j'avais ouvert la porte. Devant moi, tout sourire, Marie tenait à la main deux smoothies, un à la pêche pour elle, et un autre au pamplemousse, mon préféré.

"Tu-tu t'en es souvenu ?!"

"Comment j'aurais pu oublié ça franchement !" m'avait-elle répondu, toujours aussi souriante.

Et puis je l'avais prise dans mes bras. Ce simple contact m'avait rappelé la seule raison pour laquelle j'avais décidé de partir.

Il y a 5 ans déjà, je m'était rendu compte que j'était tombé amoureux d'elle.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant