Tu m'as changée

37. Acide

"On est vraiment dans la merde là" Mélissa s'était avachie sur le canapé, en écrasant au passage la télécommande, ce qui avait eu pour effet de changer la chaîne actuelle qui diffusait un reportage ennuyeux. De toute façon, aucune de nous deux n'y portait vraiment attention.

"Ça tu l'as dis ! Et encore ! Moi je m'en tire bien, je ne serais sûrement pas la plus mal à l'aise de nous deux.."

"Moi qui espérais un minimum de compassion, eh bien je repasserais hein !"

Nous éclatâmes toutes les deux de rire, la fausse mine dépitée de Mélissa rendait la situation un peu moins dramatique, bien que dans ce domaine, la brune se débrouillais plutôt bien.

En effet, Clémence nous avait invitées demain midi pour manger un bout en ville. Jusque là, rien d'anormal me direz-vous, sauf que les choses ne sont pas aussi simples, Clémence avait trouvé l'occasion idéale pour joindre Maxime à l'affaire, histoire de se rapprocher, inlassablement de lui.

Bien évidemment et pour une raison qui m'était inconnue, ce dernier avait accepté, et nous voilà embarquées avec lui et Clémence probablement toute une après-midi. L'occasion pour moi d'avoir enfin une discussion avec Maxime sur son comportement, à défaut d'une discussion entre Clémence et Mélissa.

Au fond de moi, j'espérais que Mel' profiterait en quelques sortes de ce repas pour dire la vérité à Clémence, vérité qu'elle cachait depuis deux bonnes semaines.

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"Marie c'est la cata là !"

Je ne sais pas si notre situation actuelle pouvait être décrite comme catastrophique mais, en tout cas, pour Mélissa, c'était le cas.

J'avais l'impression que cela faisait une éternité qu'elle zigzaguait dans chaque pièce de l'appartement pour trouver la tenue parfaitement adaptée. J'ignore toujours l'existence à ce jour d'une tenue idéale pour un rendez-vous avec sa meilleure amie et son ex avec laquelle on la trompe, mais, toujours selon Mélissa, cette tenue existait.

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"Une tenue ni trop sexy, ni trop gamine" c'était le mélange que m'avait promis la brune, mais devant la combinaison orange qu'elle affichait, je mentirai si je vous disais qu'elle ne paraissait pas un poil vulgaire. Mélissa avait de toute façon fait la sourde oreille, têtue comme je la connaissais, cela ne m'avait pas étonnée le moins du monde.

Il était de toute façon trop tard pour changer quoi que ce soit, nous allions être en retard sinon.

Un seul mot d'ordre, motus et bouche cousue. Agir comme si de rien était.

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L'acidité de mon jus d'orange pressé laissait parcourir un grand frisson le long de ma colonne vertébrale. Le plat que j'avais commandé, une quiche au légumes, n'avait pas vraiment été à mon goût, tout comme l'ambiance qui régnait autour de la table.

Clémence était arrivée tout sourire au repas, tout comme Maxime, Mélissa et moi, mais la gène s'était vite fais ressentir, Mélissa évitait un maximum de parler avec Maxime, histoire d'écarter tout soupçon, il en avait fait de même, tandis que moi, je refusait simplement de lui parler, normalement pour le moins. Au final, Clémence animait presque à elle seule la conversation, nous nous contentions seulement de lui répondre.

Ce fut long, très long. Je n'avais pas réussi à discuter avec Maxime, sérieusement je veux dire. Nous n'avions pas pu nous isoler mais j'étais parvenue à organiser une sorte de rendez-vous "spécial explications" sur son comportement aussi scandaleux que celui de Mélissa.

Je devais me rendre chez lui ce soir vers minuit, histoire de n'attirer ni les soupçons de Clémence, ni ceux de Mélissa.

"Appartement 409" m'avait-t-il écrit sur un petit bout de papier - en vérité un bout de serviette - qu'il m'avait glissé avant que nous nous séparions tout les quatre. Maxime avait un cours en fin d'après-midi, son seul du vendredi. Clémence et Mélissa, elles, avaient respectivement des courses et des papiers à rendre. Tandis que moi, exceptionnellement, je n'avais ni cours, ni courses, ni quelconque papiers à remplir.

J'avais toute mon après-midi pour préparer ma discussion de ce soir - ou plutôt de cette nuit - avec Maxime.