20. T'aurais pu me le dire

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Le cours avait débuté depuis une bonne dizaine de minutes, qui m'avaient parues durer des heures.

Thomas s'était installé à côté de moi, comme d'habitude, mais, à l'inverse des semaines précédentes, ne m'avait pas adressé la parole. Pas un bonjour, pas un regard. Je me sentais mal, j'avais une boule au ventre, j'avais l'impression qu'il regrettait, voire pire, que je le dégoutais.

"T'as pas dormi à l'appart' cette nuit, t'étais où ?" Enfin !

"Chez une amie papa" me moquais-je.

"Sérieux Marie, t'aurais pu me le dire !"

"C'est que monsieur s'est inquiété ! Vu ton attitude hier, on aurait pas dit que tu t'intéressais d'une quelconque façon à moi !" Mon ton trahissait ma colère, ou plutôt ma déception. Il fallait que ça sorte, qu'on en parle, au moins une fois.

"Bien-sûr que je me suis inquiété ! Pourquoi t'es partie ?" Il était (vraiment) con ou quoi ? Il osait me demander pourquoi j'étais partie ?

"Tu sais très bien pourquoi"

"J'ai mon idée, oui, mais pourquoi hier et pas un autre jour ?"

"Parce qu'on s'était embrassé quelques heures avant bordel ! J'ai bien compris que tu regrettais amèrement et que tu voulais oublier ce moment mais je n'allait pas faire comme s'il ne s'était rien passé Thomas ! C'était pas une bonne idée, on était tout les deux fatigués, on savait pas trop où on en était, et voilà, mais je ne vais pas non plus supporter vos putains de faux ébats sans broncher ! Sur le moment j'étais sincère Thomas ! Et hier c'était au dessus de mes forces de rester." J'avais prononcé ça d'une traite. Ça m'avait fait un bien fou.

Thomas avait plongé son regard dans le mien.

"J'étais sincère moi aussi, je le suis toujours."

"Non non non, ça, je le pointais du doigt, ça c'est trop simple Thomas ! Si tu avais été sincère, tu ne m'aurais pas fais subir ça ! Putain t'as couché avec Julie même pas 24h après et tu ose me dire que t'es sincère, toi ! J'ai pas besoin que tu me mentes, ce qui s'est passé s'est passé, aucun de nous deux ne veux que ça se reproduise. Sur ce, je te souhaite beaucoup de bonheur avec Julie, mais je ne penses plus vous adresser la parole, ni à l'un, ni à l'autre. Je n'ai pas besoin d'hypocrite ou de salope dans mon entourage."

Sur ces bonnes paroles, je quitta le cours. La technologie n'était pas une matière intéressante et de toute façon, le prof avait l'habitude.

Cette discussion m'avait été bénéfique, même si une partie de moi tentait d'ignorer l'espèce de pincement que je ressentais dans la poitrine.

Putain, j'étais, malgré tout, triste.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant