18. Je t'ai menti

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On avait quitté l'appartement précipitamment, je n'avais pas eu le temps de prévenir Clémence ou Mélissa mais je m'en foutais, je ne pensais qu'à ce que Thomas voulait "me montrer".

Cela faisait un dizaine de minutes que nous marchions et j'avais compris qu'il m'emmenait vers notre appartement.

"Thomas, si c'est notre appart' que tu veux me montrer, je le connais bien tu sais"

"Crois moi Marie, c'est mille fois mieux que notre appart'"

Il était apparemment décidé à ne pas vouloir m'en dire plus. Et je n'avais pas envie d'insister, il m'avait l'air têtu et j'aimais bien les surprises.

Je commençais sérieusement à avoir des doutes quand nous arrivions devant notre hall d'entrée mais Thomas contourna l'immeuble pour atteindre une espèce de garage à vélo que je n'avais jamais vu auparavant.

"La vraie surprise est un peu loin, alors j'espère que tu aimes le vélo"

Je pouffais face à sa remarque, pensant tout d'abord à une blague, mais son air sérieux me confirma l'inverse.

"Euh.. ok, va pour le vélo" un sourire se dessina sur ses lèvres quand il me tendit un vélo à peu près à ma taille, lui, en avait un plus fin, un vélo de course j'imagine.


Un peu loin. Pour moi, les endroits à plus d'une heure de vélo ne sont pas "un peu loin". J'avais beau être intriguée, mes pieds n'en pouvaient plus. Thomas n'avait pas dit un mot depuis que nous étions partis et ça devenait pesant.

"Thomas ! On arrive quand ? T'es muet depuis tout à l'heure alors ne pense pas que je vais te suivre éternellement non plus !"

Pour ne pas changer, il ne répondis rien mais s'arrêta brusquement.

Je me stoppais à ses côtés et me posta en face de lui. Je lâcha mon vélo qui retomba par terre sans y prêter attention.

"Quoi ? Monsieur boude ? On n'y va plus finalement ? Pourquoi tu me parles pas bordel ?!"

Il laissa retomber son vélo, se rapprocha rapidement de moi, mis une main sur ma bouche et saisit une des miennes avec l'autre avant d'expliquer "On est juste arrivé Marie". Il marcha en direction de cette fameuse surprise en me tenant toujours par la main.

Nous étions au bord d'une falaise, des fleurs de milles couleurs décoraient l'étendue d'herbe qui longeait le vide.

"C'est.. c'est magnifique Thomas" cet endroit était si paisible que l'espace d'un instant j'oubliais ce qui c'était passé plus tôt dans la soirée.

Je m'étais assise et fixait l'horizon. Thomas fis de même quelques secondes plus tard. Il était proche de moi sans me toucher. Ce garçon m'intriguait vraiment. Et ça m'attirait encore plus.

Après un silence apaisant, il semblait enfin décidé à m'éclairer sur notre venue ici.

"C'est.. un endroit spécial pour moi, je m'étais tournée vers lui, nos yeux ne se détachaient plus, j'y allais souvent quand j'étais gosse avec ma mère, un sourire nostalgique se dessinait sur son visage, puis quand j'avais onze ou douze ans, je venais là quand j'allais pas bien, quand j'en voulais à la terre entière et que je voulais être seul"

"Pourquoi tu en voulais à la terre entière ?" S'était la première chose qui m'était venue, qu'est-ce-qui pourrait le pousser à ressentir un tel sentiment ?

"Ça ? À mes onze ans, en décembre, on m'a appris que ma mère était malade, un cancer, elle nous a quittés cinq mois plus tard, cinq putains de mois durant lesquels je l'ai quasiment pas vu car elle passait tout son temps en chimio. J'étais jamais revenu depuis"

Je sentais que plusieurs larmes coulaient sur mes joues, il m'avait fait confiance, je ne sais pas pour quelles raisons mais il l'avait fait et ça m'avait énormément touchée.

"J'veux pas de ta pitié Marie, j'aurais pas du te le di.."

"J'ai pas pitié Thomas. Tu t'souviens de notre premier jour de cours ? Tu m'avais traité de "fifille à papa" et je l'avais pas supporté ? Tu le savais pas mais.. mon père est parti lui aussi, il y a bientôt 8 mois, les poumons.. et c'est peut-être con mais j'ai toujours pas accepté sa mort"

Ses sourcils se haussèrent et son visage changea d'expression, il était surpris et surtout, comme moi juste avant, il se sentait compris, il se sentait moins seul.

"Tu sais, je t'ai menti tout à l'heure. Y'a pas rien entre nous, je le savais déjà quand je te l'ai dis, c'est pour ça qu'on est là, mais j'en suis persuadé maintenant"

Ses mots étaient comme des souffles chauds, réconfortants et tellement agréables.

Soudain, l'adrénaline et l'envie dirigèrent mes mouvements et je réduis la distance qui nous séparait pour réunir nos lèvres.

J'avais embrassé Thomas Hending.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant