23. La peur

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La différence de température entre l'extérieur et l'intérieur de l'appartement me surpris et il me fallut quelques secondes pour m'habituer à la chaleur ambiante.

Le volume de la musique avait augmenté et le taux d'alcoolémie des personnes présentes aussi.

Des bruits de verres se firent entendrent et je vis de nombreuses personnes se presser dans la cuisine. Alors, prise d'un élan de curiosité malsaine, je m'approcha. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait d'une bagarre, et que l'un des protagonistes était, je vous le donne en mille, Thomas.

Personne ne réagissait, voire pire, certains les encourageaient. Je détestais la violence, je trouvais ça pathétique, ça ne menait, de toute façon, à rien. Je n'attendis pas très longtemps avant de m'immiscer entre les deux garçons, le second m'était inconnu.

"Thomas ! Thomas stop, ça suffit, arrêtes !"

Le brun releva la tête pour voir à qui il avait à faire. Quand ses iris atteignirent mon visage, il resta bouche bée et se stoppa net.

"Barres-toi Marie" Son ton se voulait dur mais il était déstabilisé et je le savais.

"Je pars pas sans toi. Lâches-le." Mon ton était sévère lui aussi.

Il hésita quelques secondes mais finit par abdiquer et lâcha son adversaire d'un soir.

"Suis-moi maintenant."

Je lui saisit le poignet, et, à ma plus grande surprise, il s'éxécuta.


Nous étions sortis de l'appartement, j'avais repéré un petit parc juste derrière celui-ci, où se trouvait un banc. Il faisait nuit noire et seule la lune nous éclairait.

"Pourquoi tu m'as emmené là ?" Thomas semblait calmé, parfait, j'allais pouvoir l'engueuler.

"Pour que tu te calmes, et que tu évites de tuer un mec bourré qui fait 15 centimètres de moins que toi !"

Ma remarque avait pour but de lui faire regretter ses actes mais elle le fit, au contraire, sourire.

"Tu trouves ça drôle ? J'ai horreur de la violence !"

"Ah bon ? Les filles trouvent ça sexy d'habitude.."

"Les filles que tu côtoies sont des traînées."

"Pas faux.."

"Pourquoi tu agis comme un con Thomas ?"

"Parce que je suis un con ?"
Je tournais mon visage vers le sien qui me fixait déjà. J'arrivais à voir dans ses yeux, une certaine faiblesse à ce moment précis.

"Non Thomas. Tu es un type qui se donne un faux air arrogant, une allure désinvolte et qui joue au mec charmeur. Mais en réalité, t'es juste un gars attentionné, qui s'inquiète des gens qu'il apprécie, qui observe ce qui l'entoure car il a peur. T'es mort de trouille, mais t'es pas un con."

"Mort de trouille ! Et j'ai peur de quoi selon madame ?"

"De te montrer tel que tu es vraiment. D'être toi et de ne pas plaire aux autres, d'être rejeté. T'as peur de l'abandon Thomas"

Ses yeux avaient perdu toute trace de confiance. Il buvait mes paroles comme si sa vie en dépendait.

"Et comment tu pourrais en être si sûre ?"

"Parce que pour moi c'est pareil."

Je venais de terminer ma phrase. Je sentais la tristesse monter mais Thomas en décida autrement car il fondit sur ma bouche et m'embrassa fougueusement. Comme si ça lui était vital. Comme si ça m'était vital.

Le baiser s'intensifia, les mains de Thomas alternaient entre ma nuque et le bas de mon dos.

Je le repoussa d'un coup quand il passa ses mains sous mon T-shirt.

Il me regarda surpris, il n'était pas enchanté à l'idée que notre échange se stoppe.

"On peut pas faire ça."

"Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?"

"J'ai pas envie."

"Ok, si tu veux pas le faire, pas de problème. On peut en rester à ça"

Il se rapprocha de moi mais je me recula à nouveau.

"Non Thomas. J'ai.. j'ai pas envie d'être avec toi."

Ne supportant pas sa tête dépitée, je m'enfuis à nouveau. J'étais lâche, très lâche. Je l'avais traité de peureux quelques instants avant mais je l'étais encore plus que lui. J'étais terrorisée et je regrettais ce que j'avais dis.

J'aurais du lui dire la vérité, lui dire "J'ai peur d'être avec toi.".

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant