Tu m'as changée

35. Savoir mentir

Je n'en revenais pas. Dans les premières secondes qui avaient suivies l'aveu de Mélissa, je n'avais même pas compris ce qu'elle m'avait dit, tellement cette perspective m'étais inenvisageable.

"Tu as quoi ?"

"Je sais que c'est dur à croire Marie mais c'est la vérité, ne m'oblige pas à me répéter.."

"Mais comment ? Quand ? Où ? Pourquoi ? Enfin merde c'est pas possible ! Même venant de lui !"

"Hier soir, la soirée avait déjà bien avancé et on était tous plus ou moins bourré.. Clémence s'était endormie depuis un bon bout de temps dans un des fauteuils du salon. Je connais bien Maxime, depuis plus longtemps que Clémence à vrai dire.. On discutait ensemble de tout et de rien, il me faisait rire ! Si tu savais à quel point c'est agréable de se sentir intéressante, d'avoir l'impression que notre présence plaît à quelqu'un ! De fil en aiguille, on a fini par s'embrasser, il ne m'a pas embrassée, je ne l'ai pas embrassé, on s'est embrassé. C'était une envie mutuelle, aucun de nous deux ne voulait que ça s'arrête. Et puis, les baisers se sont intensifiés pour nous mener dans une des chambres de l'appartement. La suite tu la connais."

Je l'interrompu en me levant pour aller me chercher un verre d'eau et un Doliprane dans la kitchenette. Cette conversation ne me plaisait pas. Je n'avais pour le moment encore, aucunes idées des répercussions de cet acte mais je savais qu'il y allait avoir de la casse, et avec surtout, un bon gros tas de mensonges.

Quand je me rassit finalement sur le canapé, Mélissa reprit la parole.

"Marie, crois-moi, sur le moment, ce n'était pas «Maxime le mec de Clémence» devant moi, juste un garçon avec lequel je me sentais bien. À aucun moment je n'ai pensé aux retombées qu'il y aura ou à Clémence et j'en suis heureuse. Franchement."

"Comment peux-tu en être satisfaite ?! Tu me déballes tout ça pour conclure que tu ne regrettes pas d'avoir été égoïste ? Mais pourquoi bordel ?"

"Parce que, malgré tout, j'ai adoré cette nuit"

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Cela faisait un bon moment que j'étais dans mon lit, ne trouvant pas le sommeil.

La discussion avec Mélissa m'avait complètement déstabilisée. Je ne savais pas comment agir avec elle et encore moins avec Clémence.

Elle m'avait promis d'arranger la situation seule, ce qui m'avait inquiétée un peu plus. Je ne voulais pas prendre parti dans cette histoire qui ne me concernait pas vraiment, mais je n'arrivais malgré tout pas à comprendre comment une fille aussi intelligente et gentille que Mélissa parvenait à se mettre dans une telle situation, qui plus est, volontairement.

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Je n'avais plus aucun indice temporel, je savais seulement que nous étions dans la nuit de samedi à dimanche et qu'il était bien plus d'une heure.

Bêtement, j'avais repensé au message de Thomas. Je pouvais lui répondre maintenant, il était tard et il allait sûrement trouver ça étrange mais après tout, qu'est-ce-que ça changeait ? Pas grand-chose.

Ni tenant plus, je m'emparais de mon téléphone, posé sur la table de nuit.

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"Salut toi ! T'as une petite tête ce matin !" La voix aiguë de Mélissa n'était jamais une partie de plaisir le matin.

"Salut, ouais la nuit a été difficile.."

"Tu veux en parler ?"

"Non, ça changerait pas grand chose au problème.."

"Ok. Cette aprèm je suis pas là, je dois acheter un truc pour l'anniversaire de ma mère"

J'avais trouvé cette excuse peu convaincante mais je n'avais pas décidé de le relever, j'étais bien trop fatiguée pour ça.

Ma colocataire ne savait pas vraiment mentir, et la raison même de ce mensonge était un grand mystère pour moi. Je n'aimais pas les mystères.

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Mélissa était partie comme prévu en début d'après-midi, tandis que moi, j'avais passé mon temps à vérifier l'arrivée d'un nouveau message sur mon téléphone.

J'avais décidé de rester simple et n'avais envoyé à Thomas qu'un "Oui, il faudra qu'on parle". Ce message pouvait paraître froid et à vrai dire, il l'était un peu. C'était pour moi la meilleure façon de lui montrer que ce qui c'était passé n'était pas un acquis mais une exception, quelque-chose qui n'arriverait plus.

Je ne voulais plus jamais être aussi faible que cette nuit-là. Car je savais que je ne pourrais pas résister une fois de plus et que succomber finirait de toute manière par me faire souffrir.

Demain, lundi, sera le point final de toute relation avec Thomas.