Tu m'as changée

15. La proposition

Je m'étais assise au milieu de mon lit. Il ne lui fallut pas longtemps pour ouvrir la porte de ma chambre.

"Marie ?" Sa voix était légèrement tremblante. Un mélange entre peur et colère.

Je fixais mes genoux. Je n'arrivais pas à affronter son regard.

"Marie putain répond moi !"

Lui répondre quoi ? Que sa colocataire est une plus grande trainée que sa copine ? Une fille qui joue avec les sentiments des autres ?

"Pourquoi tu pleures bordel ! Il t'a touchée ? Il t'a forcée ?"

Toujours rien.

"Il t'a touchée c'est ça ?! Putain mais parles moi ! J'irai le voir, moi, ce connard ! Je lui apprendrai le putain de savoir-vivre !"

Le savoir-vivre ? Thomas, le savoir-vivre ? Il ne savait plus ce qu'il disait.

Je sentis le lit s'affaisser à ma gauche. Thomas était maintenant à côté de moi, il attrapa mon menton, ce qui m'obligea à le regarder dans les yeux. Ses yeux étaient magnifiques, et j'arrivais à voir à travers, la haine grandissante qui l'habitait. Pourtant, il reprit d'un ton plus calme, suppliant.

"Marie, parles moi je t'en prie"

"Non"

"Non ?"

"Non, il ne m'a pas forcée"

"Il ne t'a pas.. mais pourquoi t'es comme ça alors ?"

"Je suis une conne c'est tout. Une manipulatrice qui joue avec les sentiments des autres."

"Qu'est-ce-que tu racontes putain ? T'es une fille pleine de vie, une fille drôle comme j'ai jamais vu avec un putain de caractère sans être excessive. Alors la fille que tu décris là, c'est qui tu veux mais c'est pas toi."

Wow. Ses mots m'étaient arrivés en plein cœur. J'avais devant moi un autre Thomas, un Thomas que je n'avais jamais vu avant.

Le réconfort qu'il m'avait apporté et la tristesse se mélangeaient en moi, si bien que je ne pus retenir mes larmes.

"Non pleurs pas je t'en supplie"

Thomas m'enroula de ses bras et resserra un peu plus son étreinte. Je sentis ses lèvres sur mon front, elles descendirent vers mon oreille et il me chuchota.

"Je te lâcherais pas Marie. Je suis là maintenant, tout va bien aller."

Et bercée par ses douces paroles, je m'endormis.

J'avais profité de mon samedi matin pour faire une petite grasse matinée. Mélissa nous avait donné rendez-vous à 11h au Comptoir des murmures.

Elle avait passé une bonne trentaine de minutes à nous expliquer qu'elle organisait un fête chez elle le soir même, qu'il fallait absolument que l'on vienne accompagné et que ça allait être la je cite "la meilleure soirée de notre vie".

Les filles étaient parties depuis un bout de temps mais j'étais restée. Je n'avais pas bougé de notre table pour 4 personnes et j'avais commandé un steak frite, une valeur sûre.

"Que fait ma colocataire seule ici ? Je sais que c'est ton habitude de prendre ton smoothie contenant beaucoup trop de fruit pour moi, mais là, un steak frite ! Madame devient ambitieuse.." Thomas venait de s'installer en face de moi.

"Comment tu sais pour le smoothie ?" Lui demandais-je, une sourire au lèvres dû à sa remarque.

"Tu te rendra compte que je suis TRÈS observateur, j'aime savoir les habitudes, les fréquentations des gens qui m'entourent"

"Très bien monsieur «l'observateur», tu sauras à l'avenir qu'il s'agit d'un smoothie à la pèche, et si tu veux rester ici pour le déjeuner, tu devra en prendre un avant de partir"

"Ok" Il me tendit la main pour accepter le défi et je la lui serra.

Le repas s'était vraiment bien passé. Thomas me mettait à l'aise, il me faisait rire et il n'y avait eu aucun blanc lors de nos échanges. C'était vrai, je commençais à vraiment bien l'apprécier.

Je me rendit rapidement compte de la situation et, sans vraiment trop y réfléchir, lança.

"Mélissa -tu sais une de mes deux folles d'amies- organise une fête ce soir.. tu m'y accompagnerais ? Histoire de compenser avec hier soir.."