XXV - This night....

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Encore un peu bouleversée, elle descend les escaliers. Il est dix-neuf heures trente, l'heure du dîner. Elle s'était vêtue d'une robe pourpre simple. Elle tâchait toujours de faire bonne figure face au père de famille car il était strict, et la moindre erreur de tenue ou de comportement était sujet à réprimande. Elle s'assit à la table, prenant la place la plus éloignée de celle de Lucius, rejoignant Narcissa qui était seule. Très vite, alors que Joggle servait les plats, les deux hommes de la maison les rejoignirent. Le repas commença dans un silence olympien, à peine entravé par les couverts cognant contre les assiettes. Acylia n'adressa pas un regard à Malfoy qui s'était placé à coté d'elle, trop atteinte par ce qu'il lui avait dit. Pourquoi....

<<- Alors, commence la mère pour animer le repas, comment était ta journée, Acylia?>>

Celle-ci relève la tête, surprise, mais se décide à répondre.

<<- Très-très bien. J'ai pu lire toute l'après-midi et...et m'instruire pour la rentrée.>>

Narcissa acquiesce, souriante.

<<-Tu ne m'avais pas dit être allée voir ton frère?>>

A peine les mots avaient-ils franchis ses lèvres qu'il comprit qu'il aurait du se taire, et il se replongea aussitôt dans son assiette. Acylia, elle, se raidit sur sa chaise.

<<- Il a fait plutôt beau aujourd'hui, non? Tenta d'apaiser Narcissa.>>

Mais Lucius lâchait déjà ses couverts dans son assiette, l'air furieux et la colère faisant vibrez ses doigts qui s'agitaient comme sur un piano invisible.

<<- Tu es sortie de cette maison, il demande d'un ton froid qui lui glaça le sang.

-Je...>>

Elle ne parvint à répondre, tant elle craignait la suite. Aussitôt, son silence agaça le plus vieux.

<<- Réponds! Es-tu, oui ou non, sortie de cette maison, aujourd'hui ou un tout autre jour!

- Oui! Oui, je suis sortie! Mais je voulais voir ma famille....>>

Désormais, les yeux de Lucius lançaient des éclairs. Mais ses yeux ne transmettaient pas que de la colère, également de la peur.

<<- Ce n'est pas une raison!>>

Il s'était levé, et comme par automatisme, la jolie blonde en avait fait de même.

<<- Tu va tout foutre en l'air, sale idiote! Tout est de ta faute! Si seulement tu n'étais pas si bête, si misérable, si..garce!>>

Elle encaissait le moindre reproche, la mâchoire contracter et les doigts recroquevillés sur la table, ses ongles s'enfonçant dans le bois.

<<- Tout comme ton idiote de mère.>>

Ce fut le mot de trop. Elle leva le regard vers lui, un regard des plus noirs, des plus profonds, qui ne laissait pas l'homme indifférent. Il connaissait ce regard, si effrayant.

<<- Je vous interdis de parler de ma mère. Vous entendez?>>

Sa voix jusque là calme, s'emporta soudain, faisant trembler les trois personnes présentes.

<<- Je vous l'interdis!>>

Et sur ces mots, fulminante de rage, elle remonte les escaliers et s'enferme dans sa chambre.


---


Il montait les escaliers, déboutonnant les premiers boutons de sa chemise. Une fois en haut, dans la petite librairie qui, autre fois, n'était qu'à lui. Mais aujourd'hui, il y a elle. Pourquoi revenait-il toujours à elle?

Il s'allongeait sur un sofa, et repensait encore à ce qu'elle lui avait dit. Ce qu'il lui avait dit lui faisait-il du mal? Mais pourquoi cela lui ferait-il du mal? Peut-être que cela lui faisait autant de mal qu'à lui. Non, impossible. Lui, il avait ses raisons de refouler tout cela. Il n'a pas le choix. Mais elle, pourquoi cela lui ferait-il du mal? Pourquoi pensait-elle qu'il se jouait de cette jolie blonde? Cette question tournait en rond dans son crâne, mais il ne parvenait à trouver de réponse.

Quand soudain, des pas résonnèrent, faiblement. Puis, une tête blonde apparut. Elle, dans sa petite robe pourpre et refermant sur elle une robe de chambre en satin noir. Elle avait la tête baissé, l'air ailleurs, comme pensive, ses cheveux blonds filant devant ses yeux. Elle s'approchait, pieds nus, du sofa dans lequel était allongé Malfoy. Celui-ci ne se préoccupait de rien jusqu'à ce qu'il remarque son air absent. Inquiet, il se r'asseye et s'adresse à elle.

<<- Quelque chose ne va pas?>>

Elle releva la tête, toujours de cet air qui la rendait innocente, pure.

<<- Toi. Rien ne va chez moi à cause de toi, elle marmonne d'une voix faible.>>

Et alors, elle s'approche, si près. Elle se penche vers lui, qui s'enfonce dans le siège. Elle passe ses jambes de part et d'autre de ses reins, et se pose sur ses genoux. Ses mains fines se glissent dans ses cheveux si pâles. Elle l'observait un instant, obnubilée par ce jeune homme. Juste par lui, par ses traits anguleux, ses yeux d'acier, la blancheur immaculée de sa peau. Une nouvelle poussée de fièvre le prit, tout comme cette satisfaction d'être celui qui occupe toute son attention à cet instant précis.

Puis, elle presse ses lèvres douces contre les siennes. Il s'attendait à cela, et mourrait d'envie qu'elle franchisse les centimètres qui les séparaient. Leur langues se retrouvèrent dans un ballet endiablé. Ses grandes paumes se positionnaient sur ses hanches. Il la ramenait contre lui, son buste rencontrant son torse à chaque inspiration. Lentement, elle déboutonnait sa chemise, traçant du bout de ses doigts les lignes de ses muscles. Il ramenait doucement le bas de sa robe sur ses hanches. Ils se relâchèrent par manque de souffle. Il poussa un juron en la voyant ainsi, sous le joug de l'extase, les joues rouges, le souffle haletant et les yeux mis-clos. Il la trouvait sublime à cet instant. Elle frissonna à chacune de ses caresses. Il vibra à chacun de ses baisers. Ils tremblèrent ensembles sous l'ardeur irrépressible de leurs attirances et envies communes.

Une nuit durant, ils apprirent à se connaître, à retenir par coeur chaque faiblesse de l'autre, chaque courbe, chaque détails. Une nuit durant laquelle ils s'abandonnèrent à la folie, au désir qui les consumait, à la passion qui les animait. Ils ne pensaient pas au lendemain, aux conséquences. Il s'aimèrent pour une nuit. Dans cette chambre qui gardera à jamais ce secret.

Les carreaux s'embuèrent. Les tissus glissaient entre eux. Les vêtements formaient des tas sur le sol. La passion résonnait dans la pièce.

Pour une nuit.

Juste une nuit.




A faire pâlir tous les Marquis de Sade

A faire rougir les putains de la rade

A faire crier grâce à tous les échos

A faire trembler les murs de Jéricho

Je vais t'aimer

A faire flamber des enfers dans tes yeux

A faire jurer tous les tonnerres de Dieu

A faire dresser tes seins et tous les Saints

A faire prier et supplier nos mains

Je vais t'aimer


Michel Sardou. 

Snake's TroubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant