Le Messager de la Vie et de la Mort - Tome 2 : Liens du sang

VII. Vengeance / Partie 2

Marie B était très excitée. Une semaine après son week-end chez Wladimir, avec Ho Sang, elles allaient choisir sa robe de témoin. Le mariage avait lieu dans quatre mois et elles étaient heureuses de partager ce moment juste toutes les deux. Elles arpentaient toutes les deux les rues de la capitale, à la recherche du magasin et de la tenue parfaite. Cela faisait déjà deux heures qu'elles déambulaient dans la fraicheur du mois de décembre, leurs manteaux fermés, leurs écharpes nouées, profitant du peu de clarté qu'offrait l'hiver et d'une journée ensoleillée. Dans une boutique, après avoir fait essayer à sa meilleure amie une dizaine de tenues, la Chinoise craqua sur une robe bleu ciel à volants.

Ensuite, elles se dirigèrent vers la boutique de robes de mariées, où Ho Sang réessaya le vêtement qui venait d'être retaillé pour elle. Marie B fut émue et honorée de cette vision. La Chinoise était tout simplement magnifique dans cette robe qui mettait en valeur sa taille fine et sa petite poitrine. Elle était resplendissante et, pour son amie, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle serait une mariée merveilleuse. Le blanc de la robe tranchait avec sa peau colorée, la coupe sirène montrait avec grâce et élégance ce corps musclé et fin. Quant aux cheveux coupés au carré, ils étaient relevés dans un chapeau qui lui donnait une prestance incroyable. La femme sauta dans les bras de Ho Sang et elles restèrent quelques minutes enlacées, l'une contre l'autre, ignorant l'impatience de la vendeuse et la curiosité des autres futures mariées. A cet instant précis, Marie B était juste heureuse pour sa meilleure amie. Elle ignorait tout du désarroi de son frère d'armes et l'envie de vengeance d'Uranie...

Le jour de la réunion des anciens esclaves créaturiens arrivait et Uranie mit un point d'honneur à ce que tout soit parfait. La veille, elle était arrivée à Paris, et s'était installée pour la nuit dans une chambre de l'hôtel George V. Le soir, elle avait arpenté le boulevard Montaigne et les magasins de haute-couture présents. Elle avait trouvé une robe parfaite chez Chanel et s'était acheté un sac assorti à une magnifique paire d'escarpins. Mais, une fois rentrée dans sa chambre, seule, l'euphorie de cette sortie était vite retombée, laissant place à un vague à l'âme pesant. Elle n'arrivait pas à ôter de son esprit les cris de plaisir de Marie B... Mais ce souvenir laissa place à un autre sentiment : la rage. Elle aurait sa vengeance, quoi qu'il en coûte à ceux qui l'avaient trahie.

En ce samedi quatorze décembre 2019, il pleuvait dans la capitale française, tandis que la créature prenait un maigre petit-déjeuner dans l'hôtel. Après avoir ajusté sa nouvelle tenue achetée la veille, légèrement maquillé ses beaux yeux marron, elle descendit, parapluie à la main, et se dirigea à pieds vers la salle de réception que les créatures avaient loué pour l'occasion. Elle fut surprise de voir qu'une personne attendait déjà l'ouverture, bravant le froid et l'eau. L'odeur exécrable qu'offrait la capitale ce matin-là ne lui permit pas de reconnaître celui qui, capuche de manteau sur sa tête, patientait jusqu'alors. Elle le fit donc entrer avant l'heure d'ouverture officielle et ce fut lorsqu'il ôta son couvre-chef qu'elle le reconnut.

- Arès ? Mais, que fais-tu là ? Je pensais que les proches de Satan étaient partis bien loin...

- Tu ne peux rien contre moi, et le Ministère non plus. Rien ne nous relie à la tentative de meurtre du Messager de la Vie et de la Mort par notre ancien maître.

- Je n'ai pas l'intention de te nuire, bien au contraire. J'ai un marché à vous proposer...

- Retrouve-nous demain, je t'enverrai le lieu d'ici là.

La femme acquiesça et ils se séparèrent, tandis qu'elle terminait la préparation de la salle. Un instant, elle se demanda pourquoi la créature n'avait pas l'air étonnée qu'elle veuille trahir son clan. Mais, elle débarrassa cette question de sa tête. Le clan de Satan allait lui permettre de se venger, et c'était ce qui comptait pour elle.