XXIII. Secret / Partie 2

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- Il ne cédera pas, murmura Dimitri à Rama. Tu lui as appris à tenir tête quand vous étiez encore enfant. Et il aime la gosse, il ne la lâchera pas.

- Je sais que je vous ai causé pas mal de problèmes quand je suis arrivé chez vous, Dimitri. Mais, regardez votre fils. Vous pouvez être fier de ce qu'il est devenu après ce que vous savez. Il n'a qu'une parole et tient toujours ses promesses.

Il fut interrompu par Marie B, qui se nicha dans ses bras. Elle se sentait mal. Hermès souffrait, elle avait peur, et elle savait qu'elle aurait à répondre de ses actes. Elle espérait que son mari et ses amis humains n'en seraient pas impactés. Elle sentit les bras de son frère d'armes se refermer sur elle et la chaleur de son corps. Elle aurait voulu ne plus jamais quitter ce refuge.

Dimitri regarda la scène entre Rama et sa sœur d'armes et devina immédiatement à leur gestuelle ce qu'il s'était passé entre eux.

- Rama, mon fils, ne me dis pas que vous avez transgressé ?

L'homme se contenta de hocher la tête. Il ne voulait pas rajouter à la peine de Dimitri en l'informant que son frère d'armes l'avait également fait, mais le comte ajouta :

- Et Wladimir ?

- Oui, aussi.

Dimitri ne sut que répondre. Il s'agissait d'une des principales lois créaturiennes, certes vieille et dépassée, mais toujours en vigueur. Il était formellement interdit à des frères d'armes ou à un tuteur ou ancien tuteur créaturien d'avoir des relations charnelles avec leur protégé. Cette loi d'un autre âge avait été créée afin d'éviter la naissance d'enfants incestueux ou trop proches familialement et de forcer les créatures à chercher un partenaire dans d'autres familles de son clan ou de clans alliés. Elle était restée durant tous ces siècles comme un vestige que personne n'osait abimer.

Il voulait protéger les trois jeunes. Marie B aurait déjà assez à faire avec sa sortie de la soirée...

- Bon, séparez-vous ! On va dire que je n'ai rien vu !

- Pourquoi faites-vous ça ?, demanda Marie B.

- Parce que je vous aime, les enfants. Et, que je veux vous protéger.

Il cessa de parler. La tension montait entre sa femme et son fils.


- Je vais réinstaurer la peine de mort !

- Le Ministère ne vous suivra pas, mère ! Cela fait plus de cent ans qu'elle a été abolie, par vous en plus ! Personne ne souhaite que ce couperet ne revienne !

- Tu es aveuglé par elle, par cet animal ! Je la tuerai s'il le faut pour te sauver, mon fils !

- Jamais !, cria Dimitri.

- Je ne vous ai pas demandé votre avis, mon cher. Mon fils sera bien plus heureux sans cet animal !

- Comme il aurait dû l'être à la mort de Blanche, peut-être ?, questionna le comte.

Wladimir resta figé. Que voulait dire son père par-là ?

- Que voulez-vous dire ?, demanda Rama.

- Et comment auriez-vous pu croire que j'allais être plus heureux sans Blanche ? C'est grâce à Petit loup que je suis enfin sorti de mon deuil et que j'ai réappris le sens du mot bonheur.

- Tu transgressais les lois, une fois de plus ! Celle de trop !

- C'est pas vrai ?, interrogea Marie B. Je ne suis pas la première que vous essayez de tuer, vieille garce ! Sauf que celle d'avant était humaine et qu'elle n'a pas pu vous résister...

Le Messager de la Vie et de la Mort  - Tome 2 : Liens du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant