XX. Pardon / Partie 2

100 25 359
                                    

- Il veut divorcer !, sanglota Uranie, que Wladimir avait prise dans ses bras.

- En même temps, il faut le comprendre, commenta Rama, qui venait d'entrer dans la pièce. Tu y es allé fort, ma belle.

- Mais, je l'aime ! Je n'ai jamais voulu ça ! Je n'aurais jamais souhaité la mort de quelqu'un... vous me connaissez, Wladimir, Rama, vous le savez !

Marie B regardait la scène. L'ancienne Marie B aurait sûrement rétorqué quelque chose du genre « Tu aurais dû y penser avant », mais elle se surprit à rassurer la femme.

- Il t'aime toujours.

- Il est avec une autre ! C'est même elle qui m'a ouvert !

- Ça s'appelle un coup d'un soir, Uranie, lui répondit Rama. Ce n'est pas de l'amour, ça !

- Mais qui pourrait pardonner quelqu'un comme moi ?

- Une conne comme moi, par exemple.

La créature leva ses yeux embués vers la femme. Elle ne s'était pas attendu à ce que quelqu'un lui pardonne, et encore moins une de ses deux principales victimes.

- Comment y arrives-tu ?, demanda Uranie.

- J'ai compris les raisons qui t'ont poussée à me trahir. Tu voulais punir Rama, tu voulais juste qu'Aphrodite fasse semblant de l'aimer et le plaque violemment, pour qu'il souffre comme toi. Tu ne voulais la mort de personne, le clan de Satan t'a piégée en beauté... Et puis, je m'attache au fait que tu as aidé mon mari et mes amis. Je vois le verre à moitié plein ! En plus, tu t'es punie toi-même. C'est toi qui vas avoir du mal à te regarder dans une glace, pas moi...

- C'est pour cette raison que nous n'avons pas parlé de ta « participation » au Ministère, expliqua Wladimir. Tu t'aies déjà assez fait souffrir.

- On parlera à Luci lors de la prochaine réunion, ajouta Rama. On plaidera ta cause.

Uranie regarda le trio et le mouchoir que Wladimir venait de passer sur ses joues humides des larmes versées depuis son arrivée. Ce simple contact de tendresse lui réchauffa le cœur.

- Pourquoi donc faîtes-vous cela pour moi ?

- Tu es notre amie et notre alliée, répondit le musicien. Nous savons, Rama et moi, ce que c'est que de commettre une erreur et la regretter. Mais, pardonner ne veut pas dire que tu as à nouveau notre confiance, il va falloir la mériter.

- En plus, de mon côté, à part Wlad, pour le moment, presque tout le monde a déjà voulu ma mort ou essayé de me tuer !, ironisa Marie B. Je ne vais pas faire la gueule à tous, j'ai assez de vrais ennemis bien plus sadiques et machiavéliques pour en vouloir à mes alliés !

- C'est déjà énorme de ne plus être isolée..., soupira la femme.


Isolement, détresse, effroi. Hermès ne voyait que cela dans le casque de réalité virtuel qu'il portait. Des images de morts, de cadavres, jeunes, vieux, animaux, humains ou créatures. Des forêts ravagées, défrichées, par des Hommes. Des bêtes qui ne trouvaient plus de nourriture et dont le lieu de vie était à présent inexistant, détruit, tandis que d'autres étaient placés chez des gens riches, qui s'en servaient comme de jouets. Des enfants que l'on poussait à tuer, martyrisés. Des petits garçons ou petites filles que l'on utilisait, comme esclaves, cassant des cailloux, travaillant dans des usines, comme esclaves sexuels, ou encore comme boucliers. Des femmes qui se retrouvaient parquées, violentées, lapidées. Des hommes auxquels on coupait des bras pour, d'après son père, les empêcher de voter et, qu'ensuite, on laissait souffrir, après leur avoir enlevé épouses et enfants.

Le Messager de la Vie et de la Mort  - Tome 2 : Liens du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant