Le Messager de la Vie et de la Mort - Tome 2 : Liens du sang

IX. Aphrodite / Partie 2

- Je souhaite intégrer le Ministère. Je suis Aphrodite, je suis sortie du clan de Satan il y a plusieurs années de cela, et je lui appartiens encore officiellement... Mais j'ai besoin d'un soutien ici pour pouvoir en sortir définitivement, comme Astéria...

Rama regardait la créature. Son prénom lui allait divinement bien. Elle avait de très longues jambes, une taille marquée, de longs cheveux blonds ondulés et des yeux clairs magnifiques. Elle lui rappelait, en moins potelée, la Vénus de Botticelli. Sa voix était douce et posée, son créaturien parfait. Il avait imploré pour qu'on lui envoie son âme-sœur et la voilà qui prenait existence devant ses yeux ébahis. Il irait la voir dès que la réunion prendrait fin. Et la réunion lui semblait interminable...

- Aphrodite, c'est ça ?

La femme se retourna et sourit, dévoilant ses dents d'une blancheur impeccable.

- Oui. A qui ai-je l'honneur ?

- Je m'appelle Rama. Enchanté de faire votre connaissance.

- Votre réputation vous précède, Rama. J'ai entendu dire que vous êtes un coureur de jupons et que l'on ne compte plus le nombre de vos conquêtes.

- Plus aujourd'hui. Je souhaite me poser. Un verre vous tenterait-il ?

- Avec joie ! J'avais peur d'être rejetée à cause de mon passé parmi le clan de Satan, dont je fais malheureusement toujours partie. J'espère que votre clan voudra de moi...

- Je ne juge pas les livres à leur couverture.

Rama lui offrit son bras, qu'elle accepta. Ils partirent de l'hôtel particulier afin de trouver un café où ils pourraient discuter tranquillement et faire connaissance.

- Je la sens pas, chuchota Marie B à Wladimir. Elle cache quelque chose.

- Elle était très active dans l'ombre de Satan, à l'époque où je faisais partie de ce clan, ajouta Astéria.

- Comme toi, ma chère, rétorqua Lucifer.

Wladimir ne répondait pas, perdu dans ses pensées. Il n'avait jamais entendu parler de la femme avant, et pourtant le monde créaturien était petit. Mais, si elle disait vrai, elle avait quitté le clan de Satan. Pas étonnant, alors, qu'elle se soit cachée pour éviter des représailles... tout comme Astéria avait dû le faire pendant plusieurs années.

- Quelque chose me gêne, mais je ne sais pas ce que c'est, ajouta Marie B, obsédée par ce sentiment de malaise qui l'occupait depuis qu'Aphrodite et son frère d'armes s'étaient rapprochés.

- On appelle ça de la jalousie, lui répondit Uranie. Et, tu peux me croire, je connais très bien ce sentiment. Heureusement, on peut s'en défaire. Regarde-moi, je suis heureuse avec Lucifer !

- Ce n'est pas ça, chuchota l'intéressée.

Mais elle doutait. Elle ignorait tout de ce sentiment quasi inconnu pour elle. Elle ne comprenait pas pourquoi elle serait jalouse.

Le pas lent, lassée, elle se dirigea vers le métro afin de rentrer chez elle.

Rama regardait Aphrodite, qui buvait son thé, avec une délicatesse et une grâce sans pareil. Ses lèvres charnues se posaient toujours avec précision sur la même partie de la tasse, qu'elle reposait sur l'assiette doucement. Parfois, elle lançait à la créature un sourire magnifique, tel un ange, avant de baisser les yeux. Cette timidité touchait beaucoup Rama. Cela changeait tellement de toutes les femmes qu'il avait connues, entreprenantes, avec des idées bien fixes sur ce qu'elles voulaient. Déjà deux mois qu'ils se voyaient régulièrement et, pourtant, il n'y avait pas eu un seul contact charnel d'échangé. La femme le surprenait à chaque rendez-vous. Elle était douce, calme, extrêmement cultivée. Ils pouvaient passer des heures à discuter tous les deux, se promenant dans un parc, assis à la terrasse d'un café, ou dans la pénombre d'un restaurant. Ils avaient déjà visité plusieurs expositions parisiennes d'art contemporain, et il avait été bluffé de sa connaissance des artistes. Lorsqu'elle était près de lui, il ne voyait plus qu'elle, et oubliait Marie B.