Le Messager de la Vie et de la Mort - Tome 2 : Liens du sang

XIII. Connexion / Partie 1

- Vous saignez du nez, Marie-Béatrice, informa la psychologue.

Le Messager prit un mouchoir pour s'essuyer et ironisa :

- Rien de grave, ne vous inquiétez pas !

- Comment cela ?

- C'est... compliqué... Disons que parfois, ça peut être bien plus dramatique...

A peine le jeu fut-il commencé que Marie B, qui devait lancer les deux dés, sentit quelque chose couler de son nez. En passant son doigt, elle vit du sang. La boule qu'elle avait au ventre s'intensifia.

- Ça ne va pas, déclara-t-elle.

- Tu veux un mouchoir ?, proposa son mari, toujours prévenant.

- Non. Rama est en danger.

- Tu ne vas pas recommencer ?, soupira Shinji.

Le soleil était en train de se coucher, et ils avaient allumé la lumière dans leur tente afin de ne pas trop se fatiguer les yeux. La femme se leva brusquement, bousculant au passage la table et les éléments du jeu.

- Je dois aller chez lui.

- Là, ça vire à l'obsession, critiqua Ho Sang.

- Sa vie est en danger, je n'ai pas le temps de bavarder.

Elle attrapa son sac, dans lequel se trouvaient ses clefs de voiture et s'éloigna en courant vers le véhicule, son téléphone à la main.

Wladimir se trouvait toujours dans son salon de musique. Après une courte pause pour se rafraîchir le visage, il tentait, une nouvelle fois, de se concentrer pour écrire enfin une partition, lorsqu'il entendit sonner son téléphone.

- Petit loup, comment se passe...

- Wlad ! Rejoins-moi immédiatement chez Rama !

- Mais...

- Ne réfléchis pas ! Il est en danger ! Ne me demande pas comment je le sais, mais je le sens !

Sa protégée hurlait au téléphone et il entendit le bruit d'un moteur qui démarrait derrière elle.

- Je t'y retrouve, lui répondit-il.

Il raccrocha et se précipita dans l'escalier pour sortir. Il sentait que l'intuition de Marie B était fondée et se demanda si elle ne venait pas de se découvrir un nouveau pouvoir.

Aphrodite, après avoir photographié son œuvre, avait laissé Rama à sa lente agonie. Elle avait lu la détresse et le désespoir dans les yeux et avait pu lécher son sang qui coulait de ses blessures, se délectant ainsi de l'hémoglobine créaturienne, qu'il était rare de pouvoir déguster. Elle avait enfilé un jean et un top moulant et était montée dans sa voiture, après avoir fermé avec attention tous les volets du manoir. Elle connaissait le code existant entre les employés de Rama et celui-ci. Si les volets n'étaient pas ouverts, cela voulait dire que la créature était partie, et que le manoir ne devait pas être occupé. Grâce à cela, elle savait que les domestiques se contenteraient de vivre dans leurs propres demeures, juste à côté du manoir, et que le corps de la créature ne serait découvert qu'à sa mort. Par précaution, elle avait également fermé à clef la chambre de Rama et l'entrée de la demeure.

Elle aurait voulu assisté à l'agonie de celui auprès duquel elle avait feint l'amour, mais sa perversité la poussa à rapidement rejoindre son clan. En pénétrant dans sa voiture de sport, elle jeta rapidement un œil au manoir, sur lequel le soleil se couchait. La nuit commençait à envahir le paysage, telle la mort pour Rama, et cette constatation la fit sourire. Mais, elle n'avait pas de temps à perdre. En se dépêchant, elle pourrait arriver à la cachette de son époux d'ici le lendemain matin. Elle voulait pouvoir contempler l'effet dévastateur de la nouvelle sur Uranie.