Le chemin vers mon destin

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J'étais fin prête à partir pour la Forteresse. Mon estomac se contractait sous l'émotion, curieux mélange entre la panique et l'impatience. Je ne cessais de sautiller d'un pied à l'autre.

Nous étions tous réunis dehors au milieu des arbres, devant la porte d'entrée. Jeanne m'avait préparé une sacoche avec quelques provisions ainsi qu'une couverture, une gourde et une pierre de feu qu'elle me tendit.

- N'hésite pas à nous rendre visite si tu peux, prononça-t-elle en même temps.

- Si je le peux, oui, lui répondis-je en empoignant la sacoche.

Je passai la bandoulière au-dessus de ma tête et fus étonnée du lourd poids de ma charge : sans doute la gourde et la pierre de feu.

- Il y a aussi une cape dedans, pour ne pas te faire trop remarquer avec tes drôles de vêtements, ajouta la gnomide. J'avais peur qu'elle soit trop petite mais je pense que cela devrait faire l'affaire.

Comme quoi, être petite pouvait parfois se présenter comme un avantage. Mais elle avait raison, je n'allais pas paraître inaperçue avec mon jean et ma chemise à carreaux si tout le monde à la Forteresse s'habillait comme les deux gnomes.

- Bon, souffla Erji, une carte dépliée dans ses mains et un sac sur le dos. Allons-y.

- Que les Mages te montrent la voie, m'encouragea Jeanne, une main sur mon épaule.

Le gnome ouvra la marche et je le suis de près, saluant une dernière fois Jeanne.

* * *

Nous marchions depuis plusieurs heures. Bien que la Forteresse fût encore loin, chaque pas me rendait un peu plus anxieuse, un peu plus impatiente, ... un peu plus agacée aussi à force de me prendre ces racines émergeant du sol ! Je manquais de trébucher toutes les minutes. Comme si elles se dissimulaient sous les hautes herbes et attendaient le moment opportun pour ridiculiser sa proie. Je jetai instinctivement des coups d'œil vers Erji devant moi pour m'assurer qu'il ne s'aperçoive pas de ma maladresse. À mon grand soulagement, il était bien trop concentré. La carte déployée dans ses mains ainsi que ses repères retenaient toute son attention.

Il avançait en silence, moi sur les talons. Au début du voyage, nous discutions puis décidâmes de laisser les ronronnements de la forêt s'exprimer.

Le soleil déclinait lentement et l'obscurité nous enveloppa assez vite. Nous dûmes nous servir de nos pierres de feux pour y voir un minimum. Au-dessus du feuillage touffu des arbres, je devinai que de gros nuages risquaient de déverser leur pluie à tout instant. Et sans trop vouloir faire ma princesse, mes pieds commençaient à me lancer. Le gnome nous avait accordé que très peu de pauses. Nom d'une carotte, comment faisait-il pour marcher aussi vite avec de si petites jambes ?

Assez vite, il commença à pleuvoir. Pour ma part, je m'étais vêtis de la cape couleur amande que m'avait donnée Jeanne. Erji, connaissant bien les lieux, nous fit réfugier dans une grotte. Un épais lierre l'enveloppait telle que de l'extérieur nous aurions du mal à la distinguer. Écartant du mieux que je pouvais les branches qui accrochaient mes vêtements et mes cheveux, nous pénétrâmes dans la caverne. J'étais bien contente qu'Erji soit devant moi, peureuse comme j'étais.

A l'intérieur, nos pierres de feux éclairèrent un petit espace d'environ trois mètres carré au milieu d'une roche lisse dépourvue d'impureté. Nous nous assîmes et posâmes nos pierres au milieu tel un feu de camp improvisé. Nous pouvions entendre la pluie déferlant sur la végétation de dehors ainsi que quelques gouttes clapotant à l'intérieur de la caverne.

- Il ne vaut mieux ne pas trop t'aventurer dans les profondeurs de la grotte, dit le gnome en montrant d'un signe de tête le tunnel au fond de la salle qui s'enfonçait dans l'obscurité.

Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant