Le Cristal Rouge

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Deux gardes, tout aussi originaux que les précédents, nous ouvrirent la porte.

L'immensité du hall rétrécissait quiconque avait la chance de se tenir où je me dressais. Au cours de ma vie, je n'avais pas beaucoup eu l'occasion de voir de telles bâtisses et en ce jour, la déception n'était pas d'actualité. Au fond de la salle, siégeait un trône solennel en pierre avec l'emblème d'Elna incurvé au centre. Il attira ma curiosité par l'absence du souverain dedans. En effet, le siège était vide. Sans y prêter attention, le faune continua son chemin et je le suivis de près, ayant peur de me perdre dans ces pièces démesurées, en montant l'un des deux escaliers surplombant le grand hall au contour bordeaux.

Tout était silencieux au travers de ces murs, je me demandais s'il y habitait vraiment des gens. Le faune ne parlait pas non plus. Seul le bruit de ses sabots sur le carrelage résonnait avec rythme dans les longs couloirs éclairés par la lumière du jour.

J'en profitai pour préparer mon discours face au roi. Il convenait de lui adresser la parole poliment et d'un langage soutenu. Mes cours de français avaient beau m'aider un peu, mon statut de fermière des champs ne changeait pas. Mon oncle qui était aussi fermier parlait à tout le monde comme s'il les avait connus toute sa vie. " Ça roule, ma poule ?" était son principal refrain.

Cependant, autre chose m'embêtait aussi. Comment devais-je appeler le roi ? Majesté ? " Ô magnifique souverain de ces contrées, voulez-vous bien me ramener chez moi ? " songeai-je ironiquement.

Je gloussai derrière mon guide et, à mon grand soulagement, il ne sembla pas m'entendre. Tandis que j'allais lui demander comment je devais appeler le souverain, une pièce s'ouvrit à ma gauche. En sortirent des petits bonhommes encore plus petits que des gnomes. Ils portaient tous une tunique blanche, tachée et usée avec un pantalon sans chaussures. Avec leur bouille d'enfant et leur crâne presque chauve, ils paraissaient à la fois âgés et jeunes.

À quatre, ils marchaient en file indienne, l'un derrière l'autre et passèrent devant moi pour ensuite s'engouffrer dans une autre pièce du couloir. Je les regardais avec des yeux ronds pendant qu'eux, semblaient se soucier le moins du monde de mon existence.

Après qu'ils eurent fermé la porte derrière eux, je fixai le garde, cherchant une réponse.

- Ce ne sont que des brownies, expliqua-t-il comme si c'était la chose la plus banal au monde, avant de reprendre son chemin, moi sur les talons.

Mais oui, bien sûr. Que suis-je bête : des brownies !

Nous nous arrêtâmes d'un coup devant une porte en bois foncé embellie d'élégants motifs floraux. Le garde observa la porte avant de me jeter un regard en coin, amusé. Mon stress devait se sentir à dix kilomètres à la ronde...

- Le roi est dans son bureau, m'informa-t-il tandis que nous nous tenions tous deux face à l'entrée comme deux idiots.

- C'est cette pièce, je présume. Êtes-vous sûr qu'il y est ?

- En effet.

Je soufflai un bon coup une fois de plus.

- Peut-être qu'il est au petit coin, suggérai-je d'un ton innocent.

Mon interlocuteur sourit à pleine dent. Cela me détendit quelque peu.

- Je peux vous assurer qu'il ne va pas vous manger, même si l'envie ne manque pas pour ma part, admis-t-il d'un clin d'œil.

Ce faune avait beaucoup trop d'assurance selon moi. Il toqua sur le bois tandis que tout un tas de scénario s'anima dans ma tête dont le pire : qu'il ne me croyait pas et refusai ma demande.

Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant