Je traînais des pieds dans le couloir vers la salle de réunion. Dès mon réveil, Al m'avait annoncé que j'étais convoquée dans cette pièce dont l'atmosphère me semblait de plus en plus désagréable. Le trajet pour y aller se trouvait beaucoup trop court à mon goût. Ma main demeurait déjà prêt à ouvrir la poignée. Au travers de la porte, on pouvait percevoir la voix grave du roi. Celui-même qui me mettra derrière les barreaux sous peu.
Allez, Alissa ! Assume tes actes !
En entrant, je priai une nouvelle fois les taupes pour qu'elles creusent un trou juste sous mes pieds afin de m'y cacher pour l'éternité. Trois paire d'yeux me fixèrent à peine j'eus ouvert la porte d'entrée : celle du roi, assis en bout de table comme à son habitude, d'où des pistolets paraissaient étinceler à l'intérieur, celle du garde qui m'avait grillée la soirée d'avant alors que je pensais m'évader, dressé stoïquement sur ses deux jambes et enfin celle dont le regard sage ne me faisait pas peur contrairement aux deux autres. Son propriétaire m'invita même à s'asseoir à coté de lui.
- Grey m'a raconté qu'il t'avait vue vouloir quitté le château hier soir, dévoila le souverain pendant que je posais mes fesses.
Il rentrait cash dans le sujet, ce qui me surpris et me mit mal à l'aise. Je ne savais que faire de mes mains et mes jambes. Même mes yeux ignoraient où se nicher alors je regardai par la fenêtre où un temps morose et dépressif aggrava mon humeur.
- Comptais-tu vraiment t'enfuir, Alissa ? reprit le roi attendant cette fois une réponse.
Son ton reposait calme et serein. En aucun, il cherchait à me gronder ou à critiquer mes actes. Pourtant, une douleur lancinante s'accapara mon coeur et le soumit à coups de fouet.
- Je veux rentrer chez moi, murmurai-je à mi-voix.
- Qu'as-tu dis ? me demanda Cortonum à mes cotés en se penchant pour mieux entendre mes propos.
- Vous ne pouvez pas me garder ici, tonnai-je en relevant la tête vers Georis. Je ne fais pas partis de ce royaume et donc, vous n'avez aucun droit sur moi...Incompréhensiblement, une rancoeur par rapport à lui subsistait en mon fort intérieur. Peut-être était-ce parce qu'il endurait le mauvais rôle.
Il ferma les yeux, sans doute lassé de mes caprices et prit une grande inspiration. Puis, son regard ferme croisa le mien.
- Tu es la fille du prince Iricas, confia-t-il à mon grand étonnement. Je suis chargé de ta protection et je tiens plus que quiconque ici à ce que tu restes en vie. Tu es tout ce qu'il me reste de mon défunt frère, Alissa.
J'étais ébahi par sa soudaine confidence : rien ne m'avait préparé à ça. Lui, qui m'était apparu comme insensible et dépourvu de toutes émotions.
Cortonum se tourna également vers moi :
- Si l'Oracle ne veut pas que tu meurs alors tu ne dois pas mourir.
Le vieillard était on ne peut plus sérieux.
- J'organiserai dans les plus brefs délais une expédition vers l'antre de l'Oracle pour savoir ce qu'elle attend de toi exactement, annonça Georis plus pour le sorcier que moi.
Parce qu'ils n'attendaient aucune réplique de ma part, je gardai une fois de plus la bouche close et me levai sagement pour rejoindre ma chambre. Toutefois, avant que je n'eus traverser le seuil de la pièce :
- Viens dîner avec nous ce soir, dit le roi à quoi j'acquiesçai.
* * *
Je passai le reste de la journée isolée dans ma chambre. Recroquevillée sur moi-même et adossé à mon lit, j'étais assise par terre devant ma baie vitrée fermée et observait la pluie clapoter sur la pierre du balcon. Le temps était vraiment moche.
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Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachée
Fantasy"La beauté renferme une part de ténèbres. Avant, je ne le savais pas. Un joyau. Un cristal d'un bleu pur aux reflets du soleil. Il semblait forgé dans les cieux-mêmes. Un monde magnifique où règnent la magie et des créatures fantastiques dignes de c...