Compte à rebours

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Un ciel nuageux dès le matin m'avait toujours affecté le moral à la ferme. Comme si le temps se liait à mon humeur.
Ici, curieusement, le temps morose n'avait aucun effet sur moi. Car de mon balcon haut perché, la vue me paraissait de plus en plus splendide chaque jour venant malgré ce que la météorologie nous réservait. Peut-être parce que mon amour pour ce royaume grandissait aussi.

Le froid de l'extérieur me donna la chair de poule et je préférai rentrer.
Aujourd'hui, je pus profiter d'une grasse matinée car l'entraînement avec Ixel n'avait lieu que tous les deux jours. Que c'était bon de dormir ! Je me lavai, me changeai tout en réfléchissant avec quoi je pourrais m'occuper durant la journée.

Tout à coup, un frappement à la porte retentit de l'autre bout de la pièce alors que je m'obstinais à réaliser un charmant nœud de papillon avec cette bande de tissu qui me servait de ceinture.

- Entrez, prononçai-je, les dents serrées.

Provenant de derrière mon dos, j'entendis la poignée de la porte s'ouvrir puis se refermer.

- Bonjour, Alissa, déclara la fluette voix d'un brownie familier.
- Salut Al, le saluai-je sans me tourner vers lui, bien trop concentrée à confectionner un nœud de papillon de-la-mort-qui-tue devant le miroir.

Je passai une boucle sous une autre et eus enfin fini.

- Voilà ! M'exclamai-je d'un air triomphale en admirant le reflet de mon œuvre dans le miroir.

Je me tournai vers le petit homme et constatai qu'il semblait un peu perplexe. Je suivis son regard qui atterrissait sur mon lit se trouvant dans un désordre abominable.

- Oh ! Je m'excuse ! Dis-je en m'empressant de remettre mes draps convenablement.

Seul Dieu savait si je faisais du tchatcha durant mon sommeil. Peut-être était-ce une vocation cachée.

- J'ai dû oublier de les faire en me réveillant, tentai-je de me justifier.
- J'espère bien ! déclara-t-il d'un air bourru. Parce que si vous pensez que je ne suis là que pour ça, vous pouvez vous mettre la baguette là où je pense !
- Mais non, Al, tentai-je de le calmer.

À la ferme, c'était toujours Grand-mère qui devait me rappeler de faire mon lit. Al me faisait penser à elle, en quelques sortes, à me rappeler les bonnes manières...en quelques sortes...
Tandis que nous secouions la couverture, le brownie avec une force que je ne lui soupçonnais pas, je repensai à la journée précédente.

- Dis, Al, entamai-je pensive. Y-a-t-il d'autres héritiers pour la couronne appart Mintio ?

La reine m'avait clairement assurée que non. Toutefois, on ne pouvait qu'espérer, d'autant plus que je trouvais le sort du prince assez triste.

-...non, admit le brownie après une longue hésitation.

Son brutal changement d'humeur me confirma que oui. Alors pourquoi forcer Mintio à suivre un chemin contre son gré ?

- Est-ce vrai, Al ? le questionnai-je d'un air sceptique alors que je savais très bien la réponse.

Les murs de la chambre lui parurent beaucoup plus intéressant que notre conversation.

De nombreuses secondes filèrent.

- Gargum ! se remit-il en proie à l'irritation. Vous et vos questions incessantes !

Il n'avait pas nié. Néanmoins, cela semblait être un sujet délicat alors je n'insistai pas.

- Dans tous les cas, vous le saurez un jour ou l'autre ! dévoila-t-il d'un coup alors que je pensai poser la question à quelqu'un d'autre.

Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant