Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachée

Une destinée déjà écrite

- Encore ! Me scanda Ixel en marchant autour de moi. Ne vous arrêtez pas !

Je poussai sur mes bras avec le peu de force qu'il me restait et m'écroulai par terre à plat ventre, poussant par la même occasion un gémissement inhumain. Un soulèvement de poussière me fit cracher mes poumons et avait certainement sali mes vêtements. J'avais opté aujourd'hui pour un simple legging noir ainsi qu'un haut à manche courte aux couleurs de l'automne, ce qui me semblait plus pratique qu'une tunique pour faire du sport. Cependant, cela n'améliora pas mes compétences en la matière. Qui aurait cru que faire des pompes prenait autant d'énergie ?

- Relevez-vous, vous n'êtes qu'à votre troisième pompe ! M'hurla la commandante.

Troisième ? Où étaient donc mes muscles pour me faire une honte pareille ?

Ixel m'avait donné rendez-vous dans la forêt pour ma première leçon à l'aube. En me levant ce matin, j'avais pensé me cacher dans l'armoire ou en dessous de mon lit afin d'esquiver ce supplice. Cependant, mes plans n'eurent pas le temps de se mettre à exécution que la faune vint me chercher dans ma chambre, moi encore en robe de nuit et les yeux bouffis. Le soleil venait à peine de se lever ! Nous nous étions réfugiées dans la forêt bien qu'il y avait des zones d'entrainement pour les gardes tout autour de la caserne, mais elle voulait éviter les indiscrets pour ce premier cours. Et, je lui en remerciais car pas mal de ceux-ci auraient pris un malin plaisir à se moquer de moi, ce qui était compréhensible vu mon talent.
J'étais quelques peu paniquée à l'idée d'avoir à faire à elle : dès mon premier essai à l'arc, elle affirma que mes bras avaient la force d'une branche d'arbre sèche. Il était vrai que ma flèche avait à peine touché l'écorce dure de l'arbre qu'elle était tombée mollement par terre.

Les muscles de mes bras devaient se renforcer, raison pour laquelle je me trouvais à faire des pompes.

- Ixel, je n'y arrive pas, dis-je d'une voix plaintive et cruellement désespérée.

Elle s'accroupit pour se trouver à ma hauteur.

- C'est en faisant des efforts qu'on apprend, dit-elle durement. Si vous manquez de détermination, pensez à ce que vous pourriez accomplir grâce à ces séances : sauver des vie ou tout simplement, sauver VOTRE vie.

Elle se releva en me fixant d'un œil sévère, les bras croisés sur la poitrine. Tandis que je demeurais toujours par terre.

- À vous de décider, ajouta-t-elle.

Elle était très persuasive dis donc. À présent, j'avais l'impression que me vie dépendait de ces pompes. Mais pourquoi était-ce si épuisant ? Thomas était capable d'en réaliser cinquante d'affilé et se moquait de moi quand j'essayais d'en faire une. Allez, courage ! Je pouvais y arriver.

Je me remis en position et fis le plus de pompes possibles en poussant sur mes bras de toutes mes forces. Ixel continua de m'encourager à sa manière, c'était à dire en me criant dessus et en me comparant à un corneux, cette sorte de grosse vache puante et velue avec une corne sur la tête.

Je réussis tout de même à faire une dizaine de pompes, entrecoupées tout de même par quelques courtes pauses et fus assez fière de moi.

Alors que j'eus cru que tout était enfin fini - cela aurait été trop beau -, la faune se mit à trottiner et m'ordonna de la suivre. Nous courûmes ainsi pendant environ dix minutes au travers des arbres et de la nature, sous l'apaisant chant des oiseaux.. Au début, cela m'amusait puis, mon souffle devint court et mes jambes en compote. Je lançai un regard vers Ixel, loin devant moi et fus étonnée par son rythme tout à fait normal et sa tranquillité olympienne. On aurait dit qu'elle venait de commencer l'exercice. Bientôt, elle allait disparaître derrière le mur de verdure tellement l'écart entre nous s'allongeait.