Les yeux ciel, Tome 1 : Mon origine cachée

Une place parmi eux

Trois jours passèrent durant lesquels nous marchions, nous marchions et pour changer, nous marchions encore. Il n'y avait que Mikk qui se reposait dans une charrette, à cause de son entaille. Même si les derniers jours avaient été dures pour lui, aujourd'hui, il ne se plaignait pas de sa blessure. Nous essayions aussi de lui remonter le moral afin de lui faire oublier la douleur.
Forius m'avait affirmé que la pommade d'Aya avançait tout de même son rétablissement. Ce qui me rendit fière. Il en profita pour me demander de la lui emprunter pour l'analyser. J'avais accepté sans hésitation, il avait ma totale confiance. Depuis, il passait son temps à la renifler, l'examiner, l'expérimenter sur les blessures - bien plus futile que celle de Mikk - des autres gardes. De temps en temps, il n'entendait même pas quand on lui parlait.

Aujourd'hui, le bonne humeur nous gagnait. D'abord parce que nous étions bientôt arrivés à la forteresse. Et aussi parce que nous sentions bon : ce matin nous nous étions lavés à la source, là où nous remplissions d'habitude les gourdes.
Bien sûr, Ixel et moi nous étions baignées séparément des hommes.

Il n'y avait pas de savons mais Ixel avait trouvé une plante nommée "zéphyr", produisant un doux parfum, une fois plongée dans l'eau.
Je devais avouer que cela faisait du bien. Plusieurs jours avaient passé sans que nous nous étions débarbouillés...

- Vous en voulez ? Me demanda Jordin en me tendant une gourde.
- Oui, merci, m'enquis-je en la prenant.

Cela faisait une bonne demie journée que nous marchions sans faire de pause. La soir était déjà tombé.

J'ouvris la gourde en cuire et bus de grosses goulées pendant que le faune proposait à boire au reste de la troupe.
Je fermai le bouchon puis, soudain, mon regard s'arrêta à l'horizon.

Sous la lueur orangée du ciel, à travers les arbres, se dessina une vallée et si on avait une bonne vue, on pouvait apercevoir de petits remparts. De loin, ils étaient bien insignifiants. Je n'y avais vécu que quelques jours et pourtant, j'avais l'impression de rentrer à la maison, chez moi. Un sourire s'esquissa sur mon visage.

- Que c'est bon de rentrer, affirma Angus.

Plusieurs gardes approuvèrent.

- La capitale ne semble pas endommagée par les gobelins, observa Ixel.
- Tant mieux, soupira de soulagement Mintio.

Bien que nous avions des messages provenant de la forteresse tous les matins, le prince s'inquiétait qu'elle ne soit attaquée entre temps. Il sembla aussitôt se libérer d'un énorme poids.

Arrivées devant les immenses remparts, je profitais de demander à mon cousin ce qu'étaient les feux bleus pâles au sommet de ceux-ci, postés à chaque tour de guet.

- Le charbon a été béni par l'Oracle, ce qui donne cette allure aux flammes, m'informa-t-il à voix basse. Ils servent à protéger la forteresse de toute forme de magie noire.

Encore cette Oracle.

Nous traversâmes la grande porte en bois, salués par les gardes postés aux cotés de celle-ci.

Une gnome, passant par là avec un panier au bras, nous regarda et s'exclama aussitôt :

- Ils sont de retour !

Tandis que nous traversions la ville avec les carrioles, les habitants arrêtèrent leur occupations pour se tourner, lâchant des "Bonsoir, Votre Altesse" et des "Bon retour !".
Nous les saluions, ravis de rentrer enfin.

Après quelques ruelles, le château se distingua face à nous, grandiose et majestueux. Ainsi que plusieurs gardes venus pour nous accueillirent, dont Alfen et Grey. Aujourd'hui, ils ne postaient pas comme à l'accoutumée devant la grande porte.