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Je me réveille tôt. Mon sommeil à été agité. Lorsque j'ouvre les yeux je suis toujours dans mon lit à baldaquin. Pas de retour dans mon siècle. Je ne sais plus quoi penser. El là j'ai une illumination. Mon sac à main !

Je rejette les couvertures et me lève précipitamment. Je me rue sur mon sac abandonné la veille sur le fauteuil près de la fenêtre je fouille à l'intérieur et en sors mon téléphone portable d'un air triomphant. Je l'allume compose mon code et attends. J'attends longtemps et toujours pas de réseau. Je regarde désespérée l'écran qui affiche "appels d'urgence uniquement". Qu'à cela ne tienne. Je compose le 112 et mets le téléphone à mon oreille. Rien ne se passe. Se pourrait il que tout ceci soit vrai ?

Je me laisse tomber sur le fauteuil abattue. J'essaie de faire le point sur ma situation. Je me retrouve dans un château anglais sûrement au début du 19ème siècle. Apparemment j'étais attendue ou du moins quelqu'un qui est mon homonyme. Je ne suis pas tout à fait perdue car je suis une lectrice assidue de romans historiques et je connais l'étiquette à respecter ou du moins j'en ai des notions. Je vais finir par trouver un moyen pour rentrer chez moi.

Mes réflexions sont interrompues par l'arrivée de ma femme de chambre Lydia. Elle porte sur son bras une robe marron bordée de velours bordeaux. Je me laisse faire docilement pendant qu'elle m'enlève ma chemise de nuit, me met un corset et passe la robe par-dessus ma tête. Lorsqu'elle se baisse pour me mettre mes bas je lui fais signe d'arrêter. Il fait assez chaud et je n'ai pas aimé ceux que j'ai porté hier.

Une fois prête je descends à la salle à manger pour le petit-déjeuner. Lorsque j'entre le marquis est déjà attablé devant une tasse et une assiette de nourriture. Je lui fais une révérence et il se lève. Il s'approche de me tend la main dans laquelle je dépose la mienne. Il la dépose sur son bras et me guide vers la chaise à sa droite que j'avais déjà occupé la veille. Il m'invite à m'asseoir et reprend sa place. Un valet dépose une assiette devant moi et me sert une tasse de thé. Une fois qu'il s'est éloigné, j'entends le marquis s'éclaircir la gorge.

- J'espère que vous avez bien dormi et que vous êtes bien installée.

Je le regarde surprise. Je rêve ou après ses menaces de la veille il me fait la conversation comme s'il ne s'était rien passé. Après tout pourquoi ne pas entrer dans son jeu ?

- Assez bien je vous remercie. Il m'est toujours un peu difficile de trouver le sommeil dans un lit inconnu mais ça devrait aller mieux cette nuit.

Après ma réponse il se contente de fixer son assiette qu'il vide lentement. De mon côté je finis mon petit déjeuner et m'apprête à quitter la table lorsque le marquis se lève et se tourne vers moi.

- Mme Deschamps, pourriez-vous me suivre dans mon bureau ? Je souhaiterais m'entretenir avec vous de certaines affaires.

- Bien sûr. Je vous suis.

Mais de quoi veut-il me parler ? Une fois de plus je glisse ma main sur son bras et le suis à travers le couloir vers une grande porte de bois massif. Il l'ouvre et m'invite à y entrer. Il y a un grand bureau de bois sombre au milieu de la pièce. Derrière deux portes fenêtres offrent une vue magnifique sur le jardin à l'anglaise.

Il s'installe derrière son bureau et me fait signe de m'installer face à lui. Il prend un dossier et plonge ses yeux dans les miens.

- Si je voulais vous parler c'est pour deux raisons. La première concerne la gestion de votre fortune ou du moins ce qu'il en reste. Lorsque mon père est mort il y a deux ans ainsi que votre époux six mois plus tard j'ai pu constater à quel point elle a été mal gérée. Tout d'abord votre époux a laissé tellement de dettes que l'avoué que j'ai envoyé en France n'a eu d'autre choix que de mettre en vente tous vos biens. Fort heureusement le revenu assuré par votre dot était géré par mon père et indépendant des biens de votre époux. Nous avons essayé de vendre vos biens au meilleur prix et avons pu rembourser toutes les dettes et récolter une somme convenable qui vous revient. Vous avez de quoi vous offrir un cottage de bonne taille et votre rente vous permettra d'avoir quelques domestiques et de vous assurer un train de vie confortable. Toutefois comme je vous l'ai expliqué dans mon courrier, je vous propose de séjourner une année avec nous afin de préparer au mieux l'entrée de Cecily dans le monde puisque notre mère ne peut malheureusement pas s'en charger. Pendant ce temps je continuerai de gérer vos biens et pourvoirai à tous vos besoins.

J'essaie d'assimiler ce flot d'informations et me sens presque soulagée lorsque je l'entends me dire que je peux rester chez lui. Où irai je alors que je ne sais même pas exactement où je suis ?

- Et la deuxième raison ?

Je lui pose la question d'une voix hésitante.

- Comme vous l'avez vous même suggéré hier soir, ma soeur a besoin de quelqu'un qui lui enseigne comment diriger une maison de cette importance. Et cette personne c'est vous. J'organise un grand dîner dansant dans deux mois auquel seront invités plusieurs de nos voisins. Je veux que cette réception soit irréprochable. Sommes nous d'accord ?

Il se penche en avant et me fixe d'un regard dur. Je lui rends son regard en me disant que je n'ai jamais vu une personne aussi froide de toute ma vie. Il est vraiment coincé.

Je me lève et le vois se lever à son tour.

- Je me mets immédiatement au travail dans ce cas.

- Je vous fais installer un bureau dans la bibliothèque et j'y fais porter le livre de comptes de la maison. Vous connaîtrez ainsi le budget dont vous disposez et les dépenses courantes. Je vous ferai connaître plus tard le budget de la soirée dansante.

- Merci.

Je lui fais une révérence et lui tourne le dos pour quitter la pièce avant même qu'il n'ait le temps de réagir.

Présent et passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant