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Nous sommes à la veille du grand dîner des Winchester et nous sommes tous réunis dans la salle à manger pour le petit-déjeuner. Cecily passe en revue quelques détails avec son frère. En effet, nous avons dû revoir le plan de table puisqu'Alexander a invité Mr Spencer à se joindre aux invités. Quand à moi je reste silencieuse. J'ose à peine regarder Alexander et quand par hasard je découvre son regard posé sur moi, il détourne aussitôt les yeux. 

Nous sommes tous autour de la table, la marquise se joint à nous tous les matins maintenant. Elle assistera aussi au dîner de demain même si elle ne restera pas pour la suite de la soirée. Trois musiciens ont été recrutés afin que nous puissions danser après le dîner.

Une fois libérée de la corvée du petit déjeuner en présence du marquis, je me réfugie dans la bibliothèque. Je revois la liste des chose à faire et réalise que Cecily n'a plus besoin de moi. Elle a pris confiance en elle et mène déjà la maisonnée à la baguette. Bientôt je pourrai rentrer chez moi. 

Après déjeuner, je m'installe au salon avec une broderie. Je n'ai jamais été très douée mais avec le temps ma technique s'améliore. Je suis concentrée sur mon ouvrage lorsqu'un majordome frappe et entre dans la pièce.

- Madame, Mr Spencer est dans le hall. Puis-je le faire entrer ?

- Oui, faites. Prévenez également le marquis et Miss Cecily de sa visite.

- Bien, Madame.

Quelques secondes plus tard Mr Spencer entre dans la pièce. Il s'incline devant moi et j'ai malgré moi en frisson de dégoût lorsqu'il me fait un baise main. J'ai un mauvais pressentiment envers cet homme.

- Madame Deschamps, je n'ai pas résisté à l'envie de venir vous saluer même si je sais que nous nous verrons au dîner de demain. 

Je lui souris sans savoir que répondre à sa déclaration. En effet, je n'ai aucune envie de le croiser à nouveau et encore moins de rester seule dans cette pièce avec lui.

- Et si nous allions nous promener dans la roseraie ? Le marquis et sa sur ne devraient pas tarder à nous retrouver.

- Toute activité en votre compagnie ne peut être qu'un plaisir.

Je n'ignore pas le sous-entendu caché dans ses mots. Je m'empresse vers les portes fenêtres donnant sur le jardin. Le bureau du marquis donne également sur ce côté du jardin. Il pourra nous observer et au mieux nous rejoindre. Je garde une distance entre nous et nous commençons à marcher en silence. Je me baisse pour sentir le parfum d'une rose et lorsque je me redresse il est presque collé à moi.

- Faites moi le plaisir de me tenir le bras pendant notre promenade.

Je me sens forcée d'accepter et pose ma main sur son bras. Nous continuons d'avancer et je soupire de soulagement lorsque je vois le marquis et le duc se diriger vers nous.

Je profite de leur arrivée pour retirer ma main et m'éloigner de Mr Spencer. Ils échangent quelques banalités et je profite d'un moment de silence pour m'éclipser.

- Messieurs, je suis navrée de vous abandonner mais je dois encore revoir quelques détails pour demain.

Je leur adresse une rapide révérence et tourne le dos aux trois hommes. Je passe le reste de l'après-midi avec Cecily et la marquise dans la chambre de cette dernière. Cecily est très excitée par ce dîner. Depuis la maladie de sa mère il n'y a eu aucun évènement social dans cette maison. Aujourd'hui elle est en âge de se trouver un mari. Lorsque sa mère le lui fait remarquer elle s'assombrit un peu.

- Ne vous inquiétez pas maman. Je trouverai un bon époux mais je veux aussi épouser quelqu'un que je puisse aimer et pas seulement un parti qui plaise à mon frère.

- Nous ne vous forcerons jamais à épouser quelqu'un qui ne vous convienne pas.

Lorsque nous quittons la chambre de la marquise pour nous rendre à la salle à manger pour dîner je relance la conversation sur son prochain mariage.

- Je ne devrais pas aborder ce sujet car je ne pense pas que ce soit convenable mais j'ai le sentiment qu'il y a quelqu'un que peut-être vous envisageriez d'épouser.

Elle rougit et baisse les yeux. Elle s'arrête dans le couloir et se tourne vers moi tout en gardant la tête baissée.

- Il ne me verra jamais comme une femme. Je serai toujours à ses yeux la petite sur de mon frère. Nous sommes amis et ça ne changera jamais.

- Ouvrez-lui les yeux. Osez lui parler et lui faire remarquer que vous êtes une femme maintenant.

- Je ne saurai pas comment m'y prendre. 

- En étant tout simplement franche et en lui montrant que vous êtes une femme et plus une petite fille. Demain sera l'occasion idéale pour cela.

- Je vais essayer. Merci Rose.

Elle me prend dans ses bras et poursuit :

- Vous êtes comme une sur pour moi. 

- Vous aussi vous m'êtes chère c'est pour cela que votre bonheur me tient à coeur.

Lors de notre conversation le nom de James n'a pas été évoqué mais nous savons toutes les deux que nous parlons du duc.

Nous dînons légèrement et partons nous coucher tôt en vue de la soirée de demain. Cela me fournit une excuse pour éviter de me retrouver en face du marquis autant que possible.

Présent et passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant