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Plusieurs jours se sont écoulés et nous ne sommes plus qu'à trois jours du fameux dîner. Tout est prêt il ne reste plus que quelques détails à superviser le jour j.

Nous partons faire une promenade à cheval avec Cecily et pour une fois poussons notre promenade plus loin que d'habitude car Cecily veut rendre visite à une famille de fermiers qui sont en grande difficulté financière. Le père de famille, fermier, ne peut plus travailler depuis qu'il s'est cassé le bras. Sa femme essaye tant bien que mal d'en faire le plus possible mais avec deux enfants en bas âge et un troisième qui doit naître dans deux mois elle ne peut malheureusement pas faire face à cette charge de travail.

Lorsque nous arrivons elle est dehors en train de finir de laver les vêtements de la maisonnée à la main. Elle se dépêche d'essuyer ses mains sur son tablier et vient à notre rencontre. Elle nous salue et nous invite à entrer en s'excusant du désordre de la maison. En effet un panier traîne dans un coin avec des vêtements à rapiécer et les vêtements fraîchement lavés ont été abandonnés dehors. La vaisselle du déjeuner traîne encore sur la table. Elle se précipite pour la mettre dans un baquet posé sur un espèce de coffre qui doit servir à conserver des provisions près d'un vieux poêle à bois. Elle attise alors le feu qui était sur le point de s'éteindre et dépose une espèce de petite bouilloire sur le poêle. Une fois l'eau chaude, la femme nous propose du thé.

Cecily accepte mais je ne peux m'empêcher de trouver un moyen d'aider cette femme ne serait-ce qu'en allégeant un peu son fardeau.

- Madame, je ne peux accepter votre thé qu'à la condition que vous me laissiez vous aider.

- Comment ça ?

Elle semble désorientée par ma proposition et ne comprend pas où je veux en venir.

- Puisque nous sommes venues vous retarder dans votre travail, en échange de votre thé et de votre temps, j'aimerais que vous acceptiez mon aide pour étendre votre linge et faire votre vaisselle.

- Oh non Madame, je ne peux pas accepter. Ce ne sont pas des tâches pour une dame de votre rang.

Sans tenir compte de ses protestations je me dirige vers le baquet et commence à laver la vaisselle. Cecily me regarde les yeux écarquillés tout comme notre hôtesse. Afin de mettre fin au silence j'entame la conversation.

- J'ai cru comprendre que vous aviez plusieurs enfants.

Elle me répond les yeux pleins de fierté pour sa progéniture. Je lui pose plusieurs questions sur ses enfants. Nous discutons ainsi longuement pendant que je fais la vaisselle, plie le linge et balaie même la pièce. Je finis ma besogne en débarrassant les tasses de thé et en essuyant la table.

Lorsque Cecily se lève pour prendre congé la pauvre femme prend alors conscience des diverses tâches que j'ai accomplies pendant qu'elle nous faisait la conversation. Elle baisse les yeux d'un air honteux. Je me sens obligée de lui rendre le sourire.

- S'il vous plaît, Madame, pourriez-vous me faire le plaisir de m'apprendre comment étendre le linge ? Voyez vous, il se trouve que je dépends entièrement de mes cousins et dans quelques temps je devrai me trouver un toit modeste et ne pourrai sûrement pas prendre plus d'une bonne. Je me verrai donc dans l'obligation de faire certaines tâches moi-même.

Elle a l'air confuse mais me suit dehors. Je saisis le panier débordant de linge et nous allons l'étendre ensemble. Même Cecily s'y met. Quand nous avons fini, nous reprenons nous montures et retournons tranquillement chez nous.

C'est au dîner que me vient une idée. Tous les jours nous avons d'énormes restes de nourriture que nous jetons. Au lieu de perdre tous ces aliments pourquoi ne pas les distribuer aux familles dans le besoin ?

Présent et passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant