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Je passe le reste de la journée au lit. La légère migraine de ce matin s'est transformée en mal de tête lancinant. Je finis par sombrer dans le sommeil et suis réveillée en sursaut quelques heures plus tard par un bruit de vaisselle. Lydia a disposé sur une petite table mon dîner.

- Vous pouvez débarrasser Lydia, je n'ai pas faim.

- Je ne peux pas Madame. Le marquis m'a demandé de veiller à ce que vous mangiez et m'a interdit de quitter cette pièce tant que ce ne serait pas le cas.

Je soupire et me lève pour m'installer à table. Heureusement le dîner est léger. Je mange la soupe et du pain avec du fromage. Quand je me lève pour laisser Lydia débarrasser elle dépose une carafe et un verre sur ma coiffeuse.

- Le marquis m'a demandé de vous laisser ça ici au cas où vous ressentiez le besoin de prendre un remontant.

Je laisse Lydia quitter la pièce avant de me diriger vers la coiffeuse. C'est du whisky dans la carafe. Je m'en sers un verre. A la première gorgée je me sens déjà mieux. Je m'installe sur le fauteuil, les jambes repliées sous moi, face à la fenêtre et regarde le soleil se coucher. Je reste longtemps dans cette position. Il fait nuit noir lorsque j'entends un léger coup frappé à ma porte.

J'entrouvre le battant et découvre le marquis sur le pas de la porte. Le couloir est désert et aucun bruit ne trouble le silence. Je lui fais signe d'entrer et referme la porte sur lui.

- Comment vous sentez-vous ?

Il semble inquiet. Cela me réchauffe le cur de voir qu'il s'en fait pour moi.

- Je me sens mieux.

- Il ne vous a pas fait trop de mal ?

- Non, vous êtes arrivé juste avant qu'il...

Ma voix s'étrangle dans ma gorge. Je ne peux pas dire à voix haute que j'ai failli être violée aujourd'hui. Malgré moi je sens une larme rouler sur ma joue. Une nouvelle fois il l'essuie du bout des doigts. Il s'attarde sur ma joue douloureuse.

- Je l'aurais tué s'il vous avait fait une chose pareille. Il ne doit la vie qu'au duc. Demain nous allons l'escorter jusqu'à Londres et veillerons à ce qu'il prenne des dispositions pour quitter le pays.

- Vous allez partir ?

- Je ne serai absent que deux ou trois jours. Je reviendrai aussi vite que possible.

Il me serre alors dans ses bras. En dehors de nos étreintes qui n'étaient que le reflet de notre attirance sexuelle, celle-ci est pleine de tendresse. Il me guide vers le lit et me fait signe de me glisser sous les couvertures. Il me borde comme il borderait un enfant et fait mine de s'éloigner. Je le retiens par la main.

- Restez jusqu'à ce que je m'endorme, je me sentirai plus en sécurité. Tenez-moi dans vos bras.

Sans un mot il enlève ses chaussures, son gilet et sa cravate. Il fait le tour du lit et vient s'allonger derrière moi par dessus les couvertures. Il se colle à moi dans mon dos et me tient dans ses bras.

- Fermez les yeux et dormez. Je suis là.

Je me sens bien. Je me sens en sécurité. Je ne tarde pas à fermer les yeux et à sombrer dans le sommeil.

Je me réveille tard le lendemain. La place dans le lit à côté de moi est vide. Je m'habille avec l'aide de Lydia et nous essayons de camoufler la tâche violacée sur ma joue. Je rejoins la marquise et Cecily dans la salle à manger.

- Ma chère enfant, comment vous sentez-vous ? Mon fils m'a expliqué votre mésaventure d'hier. Il est en train de s'assurer que ça ne se reproduira plus.

Présent et passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant