40.

982 103 55
                                    

- Il est mort.

La jeune fille ne dit plus rien et se laissa lentement tomber au sol. Sa vision commença à se brouiller. Des larmes commençaient à couler le long de ses joues. Cependant elle n'ouvrit pas une seule fois la bouche. C'était comme si d'un coup elle était devenue muette, c'était comme si d'un coup elle était complètement paralysée. Les larmes continuèrent à couler encore et encore sans s'arrêter. Elle n'arrivait pas à s'en débarrasser peut importe à quel point elle frottait ses paupières, peut importe à quel point elle les essuyait avec sa main.

Elle était dévastée. Elle ne comprenait pas comment, pourquoi, quand. Elle ne comprenait absolument rien. Elle était dans le noir, dans l'inconnu. On lui avait arraché tous ses repaires, on lui avait enlevé tout. Tout ce qu'elle avait, tout ce qui lui appartenait, tout ce qu'elle chérissait, tout ce qu'elle aimait. Tout.

Elle était désespérée. Elle avait le coeur brisé en des millions de morceaux, impossibles à recoller, impossible à réparer. Toutes ses pertes, à chaque devant ses yeux. Tout filait si vite. Tout le monde partait, disparaissait en fumée.

Elle était vide. On l'avait trop utilisée. On avait trop joué avec ses émotions qu'elle avait essayé tant bien que mal de cacher. On lui avait enlevé un partie d'elle même, on lui avait volé sa propre âme. On l'avait trop manipulée. A tel point qu'elle allait devenir inhumaine.

Elle était effondrée, cassée comme une fragile poupée. Fragile comme les ailes de papillons. Fragile comme les ailes d'un petit oiseau. Elle était écrasée sous une pile d'incertitude et de continuelle douleur.

Elle était anéantie. Elle coulait, elle tombait au plus profond des océans. C'était comme si elle ne savait pas nager, elle suffoquait sous l'eau salée. C'était comme si ses poumons étaient remplis d'un poison qui allait la tuer à petits feux. C'était comme si l'air n'existait plus. Elle était étouffée. Elle ne pouvait plus respirer.

Elle avait tellement mal. Ça ne s'arrêtait pas. Ça lui torturait l'esprit, le coeur. La douleur était insupportable. C'était encore plus douloureux que les autres fois. Peut être bien parce que c'était la dernière personne à qui elle tenait, peut être bien parce que c'était trop. Trop à cacher, trop à dissimuler, trop à mentir, juste trop.

« Il est mort » une voix dans sa tête lui répétait continuellement. Elle le savait, qu'il n'était plus de ce monde. Elle le savait, qu'il avait rejoint les étoiles. Elle le savait, qu'elle était seule.

Pourtant une partie d'elle ne voulait pas y croire, une partie d'elle pensait que personne n'était parti; que ne personne ne l'avait laissée.

Elle se coucha au sol. Ses cheveux baignaient dans la saleté. La poussière caressait sa peau. Et clairement, elle s'en foutait. Elle regardait le plafond et les larmes de ses yeux fatigués coulèrent jusqu'à ses oreilles. Elle prit une grande inspiration. Et puis une autre et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle réussisse à légèrement se calmer.

Après plusieurs minutes, elle ferma ses paupières et pensa. Elle pensa à sa naissance, à sa mère, à la vie, à ses familles d'accueil, à ses connaissances, aux gens sans noms, à Enzo, au meilleur ami d'Enzo, à sa voisine de cellule, à lui, au soleil, aux étoiles, à Nathan. Elle songea à tout et rien. Elle se posa des centaines de questions.

« Pourquoi je suis née ? Pourquoi ma vie est-elle comme ça ? Pourquoi moi ? » Etaient les questions qui revenaient le plus souvent.

Elle s'arrêta un moment de se poser ces futiles interrogations. « A quoi ça sert de me poser des questions aux quelles je n'ai aucune réponse » Se résonna-t-elle.

Elle finit par réouvrir ses yeux et admirer le plafond. Il faisait sombre et froid ce soir là dans sa cellule. Il faisait aussi calme, il n'y avait aucun bruit, aucune discussion. Seuls les respirations de personnes étaient perceptibles.

LunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant