Luna

17.

- Maman me manque aussi tu sais.

Elle ne réagit pas malgré ce qu'elle venait d'entendre. De l'extérieur, elle semblait juste une fille qui dormait paisiblement pourtant, à l'intérieur de sa tête tout était chamboulé ; elle était complément paumée. Maman ? Il parle de sa mère sinon ce n'est pas possible. C'était-elle dit à elle-même.

Elle finit par s'endormir à cause de la fatigue en se répétant en boucle la phrase que Nathan avait prononcée.

Les quatre heures s'étaient écoulées calmement pour les deux adolescents, Nathan conduisait tranquillement tandis que Luna dormait paisiblement. Quand les quatre heures furent terminées, le jeune homme la réveilla en lui tapotant l'épaule gauche.

Elle émit un léger grognement avant d'ouvrir ses yeux cernés. Il la regarda amusé et quand ils finirent tous les deux par croiser leurs regards, il sourit.

- On est arrivés. Dit-il.

Elle regarda rapidement ce qui se trouvait à l'extérieur de la voiture, il y avait de grands appartements et de nombreux hôtels qui longeaient la route. Elle regarda avec incompréhension le jeune aux cheveux châtains, elle ne connaissait pas cet endroit.

- Où sommes-nous ? On n'est pas à la maison ici. Lui demanda-t-elle.

- Bien remarqué Sherlock Holmes. Dit-il avec amusement. On va dans un hôtel un ou deux jours. Répondit-t-il.

- Tais-toi Nathan. Répondit-elle avec une pointe d'amusement dans sa voix. Pourquoi on ne rentre pas à la maison plutôt ? Redemanda-t-elle.

- C'est le premier endroit qu'ils vont fouiller pour te retrouver. Répondit-il durement.

Le jeune homme ne semblait plus amusé par la situation, il avait l'air inquiet et surtout distant. Le visage de la fille reprit une expression d'indifférence.

- Ils sont partout de toute façon. A quoi bon se cacher, il sait exactement où je suis, avec qui je suis, comment je suis arrivée ici ; il sait tout de moi. C'est peine perdue. Laisses moi gérer mes problèmes toute seule. Déclara-t-elle froidement.

- Non, il ne peut pas savoir où tu es.

- Tu ne le connais pas, tu ne sais rien de lui comme tu ne sais rien de moi. Mêles toi de tes affaires, vas-t-en. Dit-elle agacée.

Il la regarda droit dans les yeux et lui dit sincèrement :

- Je te connais bien plus que tu ne le crois, je ne te laisserais pas.

Elle ressentait énormément de colère et de tristesse à cet instant précis, c'était trop pour elle. Sa mère, son frère, Tom, les familles d'accueils, sa solitude, mais principalement « lui ». Elle n'en pouvait plus. Elle ne voulait plus garder ses secrets, elle voulait crier sa douleur au monde entier. Elle allait bientôt exploser.

- Tu ne connais absolument rien de moi, mise à part mon prénom. D'ailleurs j'aimerais savoir comment tu sais pour « lui ». ? Qui es-tu à la fin ? Dit-elle sur un ton plus élevé.

- Tu ne t'en souviens donc vraiment pas ? Remarqua-t-il.

Il semblait frustrer, il semblait vexé par ses propos.

- Non je ne te connais pas, je ne sais pas qui tu es. Répondit-elle sur un ton plus neutre.

Elle devait se contenir, elle ne devait pas crier. Elle devait seulement reprendre le contrôle sur ses sentiments et ne plus rien laisser paraître. Il ne répondait pas, elle le regarda quelques secondes avant de fermer ses yeux et de les rouvrir. Elle sortit de la voiture en lui adressant un dernier regard.

Ne pars pas. Furent les derniers mots qu'elle entendit avant de courir pour rejoindre une station de métro qui se trouvait à quelques dizaines de mètres.

Elle descendit les escaliers qui menaient à la station rapidement et avança jusqu'à atteindre une rangée de chaises jaunes accrochées à un mur. Elle s'assit sur une des chaises en plastique et regarde les passant rentrer dans le métro, certains semblaient fatigués, d'autres heureux. Elle analysait chacun d'eux, comme si c'était un passe-temps.

Soudainement elle vit un enfant courir au côté de son parent, le petit garçon ressemblait à Nathan en plus jeune. La même couleur de cheveux, le même sourire niais, le même regard amusé, le même regard curieux, le même regard inquiet. Cependant le garçon avait les yeux d'une différente couleur, il avait les yeux gris clair. On aurait pu même croire qu'il avait des nuages dans les yeux.

Des pleurs la sortirent de sa contemplation, elle se rendit compte que c'était le garçon qu'elle dévisageait quelques secondes auparavant qui pleurait. Elle dirigea son regard vers l'homme qui se trouvait à côté de lui et vit à son plus grand étonnement Nathan. Impossible, j'hallucine. C'était-elle dit. Elle cligna des yeux et quand elle regarda de nouveau en direction du jeune enfant ce n'était plus Nathan qui était à côté mais un homme peint de noir. Elle connaissait bien l'uniforme que l'homme portait, elle savait qu' « il» l'avait une fois de plus retrouvée.

Cependant contre toute attente, il ne vint pas en direction de la jeune fille. Peut-être qu'il ne m'a pas remarquée. Se rassurait-elle. Elle entendait son rythme cardiaque accélérer et pourtant elle ne laissait rien paraître.

L'homme vêtu de noir agrippa fortement le poignet de l'enfant qui continuait à crier et pleurer de toutes ses forces. Il sorti du métro en tirant agressivement le petit garçon. La jeune fille était restée muette comme à son habitude devant ce surprenant spectacle.

Un tas de scenarios et questions sans réponses défilaient à travers sa tête. Elle savait qu'« il » allait torturer le petit garçon qui ressemblait à Nathan, ils allaient le torturer alors qu'il était si jeune ; personne ne méritait de se faire torturer et encore moins un enfant innocent.

Elle savait à présent qu'« il » lui passait un message, deux choix s'offrait à elle : soit elle s'enfuyait et le jeune garçon mourait, soit elle se rendait et c'est elle qui souffrait.