Chapitre XIV - Celui où mes amis vivent ...

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Il fallut deux heures pour que l'on remarque ma disparition. Deux heures pleines de rebondissement pour mes proches, deux heures cruciales.

Au moment de mon départ, il devait être deux heures de l'après-midi. La majorité de la famille royale travaillait. Ma mère était avec Gautier. Ma sœur dans les bras de Mickaël en plein cœur des jardins royaux. Kaïa finissait sa valise en vitesse avant de partir chez son frère. Nicolas lisait le dernier tome de Sabrina Caldera chez sa grand-mère. Et Éric faisait les cents pas dans sa suite, attendant les résultats.

Kaïa attendait donc son frère, qui était comme à son habitude en retard. Elle préparait Inès, sous prétexte de passer le temps, mais surtout parce qu'elle espérait que son frère aurait le coup de foudre pour elle et abandonne sa petite amie, illettrée et dissidente. Elle serait fort dans sa main son communiqueur, attendant un appel d'Éric, son unique soutien dans cette histoire, avec Romuald. Elle avait envoyé ce dernier à Barcelia avec leur ami justement, ne pouvant l'emmener avec elle. Elle se demandait avec inquiétude pour la énième fois et malheureusement pas la dernière, ce qui se cachait derrière toute cette histoire.

Éric n'était pas plus apaisé, malgré la présence de son meilleur ami, avec qui il pouvait tout à fait faire part de ses soupçons puisque Kaïa l'avait fait. Ce qui lui retirait un poids de ses épaules portant déjà celui de ma sécurité et peut-être ma vie. Il avait dû se taire depuis plus d'une semaine, alors qu'il n'avait qu'une envie, c'était de courir chez moi, de m'alerter et de 'mener loin d'ici, loin dans ces histoires, quelque part où on ne pourrait pas nous retrouver mais où on finirait par se haïr à force de ne voir personne d'autre. Alors pouvoir enfin en discuter avec quelqu'un était un bonheur. D'ailleurs il se tournait régulièrement vers Romuald, son ami, son frère, son compagnon de galère. Ils avaient traversé pas mal de choses ensemble, il était content de l'avoir encore une fois à ses côtés, le seul en qui il avait vraiment confiance, le seul qu'il connaissait réellement. Parce qu'il le savait bien plus courageux qu'il n'en avait l'air. Il jeta encore une fois un regard à sa montre. Se pouvait-il que si peu de temps ait passé ? Ou la pile était vide. Il se rendit compte qu'ici il ne trouverait pas de pile pour une montre. Devrait-il la jeter quand elle serait morte, comme toute son ancienne vie ?

Célia était dans sa chambre, pleurant à chaude larme à cause de ce que je lui avais dit. Elle s'était toujours sentie si seule. Elle n'avait que Sylvain, ses parents étaient toujours occupés, Thibault toujours avec ses enfants. Au moins, avant, elle pouvait se consoler, se dire qu'un jour tous ses sujets l'aimeraient, auraient besoin d'elle, qu'elle faisait tous ces sacrifices pour le peuple de Firento. Mais aujourd'hui, elle n'avait plus rien à quoi se raccrocher. Elle avait bien essayée de me plaire, ou de séduire mon meilleur ami si mignon pour que le jour où je devienne Grand-Roi je songe à elle comme première conseillère, mais c'était raté, je la détestais. Elle avait perdu tout espoir de fin heureuse à cause de moi. Elle souhaita du fond de son cœur qu'il m'arrive quelque chose et que je disparaisse à jamais qu'elle puisse retrouver sa vie d'avant. Elle s'en mordrait les doigts moins d'une heure après. Et elle allait se sentir coupable. J'aurais presque aimé ça. Mais je ne suis pas cruel alors je vais être compatissant, mais juste quelques secondes, ça reste Célia.

Sylvain, qui tentait de la consoler en lui caressant les cheveux y songeait aussi. J'avais gâché sa vie et celle de son unique amour, sa petite sœur. Je le regretterais. Il se fit la promesse qu'un jour, il se vengerait et reconquerrait son trône par les armes s'il le fallait. En tout cas je suppose que c'est à ce moment-là, alors que la personne qu'il aimait le plus au monde pleurait de désespoir sans qu'il n'ait aucun moyen de la consoler, qu'il prit la décision qui allait changer nos vies, celle d'arrêter ses petites farces et moqueries pour voir plus grand, beaucoup plus grand. Il reconquerrait son trône, sa place, par tous les moyens s'il le fallait, mais il le ferait et redonnerait le sourire à sa sœur qui méritait d'être reine plus que qui que ce soit et surtout il montrerait à sa mère qu'elle avait eu tort. Mais nous y reviendrons en temps et en heure, là on parle de moi, ou du moins de mes proches qui pensent à moi. Ca fait très égocentrique tout ça mais je vous jure que c'est vrai, ça ne peut qu'être vrai.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant