Chapitre XVIII - Celui où l'on découvre l'endroit où ...

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Nicolas et Camille furent les premiers parmi nous à poser les pieds sur le sol doré du monde des fées. Par une étrange coïncidence, comme le destin peut parfois en mettre sur votre chemin, ils arrivèrent à peu près à quatre lieues d'où j'allais arriver. Le hasard fait vraiment bien les choses. S'ils étaient arrivés une lieue plus loin, ou si ça aurait été Kaïa et Éric qui aurait atterri ici et ma sœur où ils allaient venir, je n'aurais sans doute pas pu raconter cette histoire.

Nicolas se mit à scintiller et léviter dès qu'il arriva. Ils étaient dans un petit lac, à la surface lisse et couleur parme, bordé d'un champ de hautes fleurs aux pétales couleurs azur et aux tiges dorés. Ma sœur, en dessous de lui, le fixait avec un grand sourire sans même bouger. Il voulut l'aider à sortir de là, mais il lévitait toujours au-dessus du lac et il ne parvenait pas à redescendre. Il jura, s'emportant sur son don pendant que Camille continuait de le fixer avec un grand sourire et des étoiles plein les yeux, sans se préoccuper d'avoir de l'eau jusqu'aux hanches.

- Camille, tu devrais sortir de l'eau avant d'attraper froid ! conseilla-t-il.

- Très bien, si c'est ce que tu désires, répondit-elle d'une voix mielleuse.

Il remarqua tout de suite que quelque chose était étrange. Surtout que sa réponse était plutôt saugrenue.

- C'est pour toi que je dis cela !

- Merci de t'inquiéter pour moi ! soupira-t-elle. Tu es si chevaleresque !

- Oui, répondit-il dubitativement.

Il suivit Camille qui était arrivé dans le champ de fleur. Il l'observa la trouvant vraiment bizarre. Mais, il n'aperçut surtout que le sol loin sous ses pieds. Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il a peur du vide. Et alors il paniqua et s'éleva. Comme à Broceliande. Il ferma les yeux et tenta de se calmer. Et effectivement, il devient très proche du sol, volant à quelques pouces au-dessus.

- Voilà une bonne chose de faite ! déclara-t-il en se tournant vers Camille.

Il était alors de bonne humeur, il venait quand même d'arriver chez les fées, un monde dont tous les contes et légendes parlaient. On le décrivait comme un Eden, magnifique, coloré, enchanteur. Et de ce qu'il voyait, c'était le cas.

Mais dès qu'il posa son regard sur ma sœur, il se sentit mal à l'aise. Elle le fixait lui, avec béatitude. Il fit un petit sourire timide, auquel elle répondit par un soupir de plaisir qui confirma son malaise. Elle était bizarre. Enfin plus que d'habitude. Du moins ce n'est pas comme cela qu'il m'a présenté les choses, lui il ne la trouve jamais bizarre, mais l'amour qui rend aveugle, tout ça, vous comprenez ? Bref il décida de prendre les choses en main, étant donné que ma sœur pour une fois avait décidé d'être passive et silencieuse.

- Si on bougeait ? Il faut trouver ton frère. Et il vaudrait mieux te sécher avant que le froid ne te tue.

- Rien ne peu de toute façon me faire plus mal que mon amour pour toi, déclara ma cadette.

Nicolas ne s'attendait absolument pas à une déclaration d'amour. Il s'éleva de nouveau, mais n'y fit même pas attention tant il était surpris.

- Reviens mon amour ! supplia ma sœur. Promis je vais me sécher !

Elle le fit en quelques secondes. Lui regarda le sol sous ses pieds et paniqua de nouveau. Il ferma les yeux et tenta de s'imaginer un endroit paisible. Un lac. Étrangement, il y arrivait parfaitement bien ici. Il retourna donc devant Camille. Il l'examina, cherchant ce qui pouvait la rendre ainsi. Il se demanda si ce n'était pas ces plantes qui recelaient quelques produits qui n'auraient aucun effet sur lui, puisqu'il était insensible à tout ce qui touchait aux fées.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant