Il s'excusa du désordre, mais il m'offrit à boire, de l'alcool pas même coupé à l'eau. Je ne voulais pas faire l'enfant et accepta mais il rit devant ma première gorgée. Peut-être que c'était cette scène, le fait qu'il m'ait rassuré en me disant qu'on avait tous déjà vécus cela et qu'il ferait comme s'il m'avait vu boire comme un trou un alcool fort alors qu'en réalité il versa un peu d'eau dans mon verre, qui me créea cette profonde affection entre nous. Ou peut-être la longue discussion qu'on eut ensuite, une fois l'alcool ayant brisé notre réserve. Une longue discussion où il me conta son enfance au palais, avec Hélène qui attendait tellement de lui, disant qu'il était de la famille, alors que ce n'était pas le cas, mais lui infligeant la même pression ; l'espoir de revoir un jour sa tante qui été sa seule parente, le sentiment d'avoir été abandonné et trahi par elle et mon père qui avaient toujours été là pour lui pourtant ; l'enfance instable qui en découla, sans réelle famille, sans vraiment d'attache et une charge qui lui était revenu à sa majorité, alors qu'il ne rêvait que de se prélasser encore un peu dans cette époque bénie qu'était l'enfance, cette époque où l'on n'attendait rien de lui et lui passait tout. Du jour au lendemain on lui avait sévèrement reproché des habitudes qu'on lui passait la veille et que tous ses amis conservaient. Il me parla aussi de ses relations amoureuses assez décousues.
Il ne fut pas le seul à parler, je lui parlais de mon enfance avec un oncle incapable d'élever des enfants et une sœur colérique, de Kaïa après qui je soupirais en vain, de Maïté que mon ami Alexis avait tenté de séduire, d'Adèle qui me préférait un vampire de fiction. J'abordais aussi les sans-visages, mon parcours jusqu'à que j'arrive ici, ma solitude et mon envie de revoir Firento et mes problèmes de magie. Problèmes qu'il avait visiblement vécut aussi.
Peut-être était-ce juste le sentiment de bien-être que j'avais ressenti avec lui, ou une sorte de pressentiment, mais après ce soir-là, Benjamin devint comme un grand frère pour moi. Et je n'aurais pu faire de choix plus judicieux. C'était un garçon qui savait s'amuser, qui connaissait tous les lieux pour se distraire à la cour et dans toute la cité. Mais aussi un expert avisé de la politique de Barcelia et connaissait tous les notables de la cité. En le quittant, je me promis de le revoir. De son côté, il m'affirma être là, si j'avais besoin de conseil. On tint tous les deux notre promesse, maintes et maintes fois.
Ce soir-là, après avoir enfilé ma robe de soirée, et écouté tout le verbiage pour l'anniversaire de Camille la tête encore un peu lourde de ma première cuite, je m'assis à une table en compagnie de mes amis et de Marius. Cyril Stark, le célèbre chanteur, s'occupait d'animer la soirée. Les filles s'éclipsèrent rapidement. Avec Nicolas on plaisantait sur les invités, on se charriait, comme toujours en fait. Marius nous regardait timidement. Me rappelant les conseils de Kaïa, je tentai de l'intégrer à nos conversations. Après tout, on risquait de se croiser souvent. Surtout si je parvenais à séduire ma belle amie.
Kamélia arriva alors avec une fille un peu boulotte mais que je trouvais magnifique. Elle avait des longs cheveux blonds impeccablement coiffé, un teint de rose, qui allait très bien avec sa robe d'un bleu glacé, faisant ressortir ses yeux bleu clair. Elle m'était vaguement familière. Et elle provoquait aussi une étrange réaction en moi. Je lui souris, je rougis, je me sentais stupide.
- J'ai dit à Élodie qu'elle pourrait passer la soirée avec vous, cela ne te dérange pas ?
Ainsi c'était elle. Je ne l'avais pas reconnu. Elle était belle, lumineuse, attirante. Bien différente de la pleurnicheuse débraillée dans le bureau d'Hélène.
- Pas du tout. Assieds-toi ! invitais-je avec un sourire qui devait être vraiment stupide.
Elle observa Kamélia inquiète qui lui fit un sourire entendu.
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La fée perfide
FantasíaJe pensais pouvoir enfin vivre ma vie tranquillement, avec des pouvoirs moins capricieux et ma famille enfin réunie mais voilà que la Grande Reine Hélène a apprit que j'étais son neveu. Alors c'est comme ça que Camille, ma sœur au caractère toujou...