Chapitre IX - Celui où je pars ...

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Le temps passa. Je ne revis pas Kaïa. Il faut dire que je devenais de plus en plus amoureux d'Élodie. Si comme moi, Camille était fâchée avec la vampire, sans réelle raison au fond, Nicolas continuait de la voir, souvent même, au point de nous rendre jaloux Camille et moi. À cause de nos histoires, Romuald était aussi écarté du groupe, j'aurais pu dire que c'était tant mieux, mais Camille aimait beaucoup notre ancien sauveur et c'était le seul ami d'Éric selon ce dernier qui avait du mal encore à nous considérer comme tel.

Malheureusement pour moi, ma sœur filait toujours le parfait amour avec Mickaël et ma mère roucoulait toujours avec Gautier. J'ignorais lequel des deux je détestais le plus. Les deux essayaient d'être mes meilleurs amis en usant de moult sourires éclatants et en étant sympathique avec moi, même quand je me moquais d'eux.

Gautier nous organisait souvent des sortis en famille où il nous faisait découvrir Barcelia. Il nous parlait de lui, de sa famille, de son filleul qui avait notre âge. Comme si on en avait quelque chose à faire. Mickaël, de son côté, me proposait souvent de joindre sa bande de « je suis riche, bien né, populaire auprès des filles et prétentieux » pour quelques activités. Sinon, à chaque dîné en famille auquel il assistait, il m'interrogeait beaucoup ou passait en mode « je raconte ma vie même si c'est juste pour t'embêter », faisant croire ainsi à tout le monde qu'il n'était pas juste le petit ami de Camille, mais aussi mon super pote. Et si au cours de ce repas, je devais aussi côtoyer Célia, cela me donnait un aperçu de ce que devait être l'enfer.

Parce que ma cousine, en plus de faire l'éloge de Mickaël « qui a un nom trop classe et qui est terriblement séduisant » s'interrogeait sur ce qu'il pouvait bien trouver à la vulgaire petite rousse que j'ai dû supporter pendant tant d'années. Mais surtout, elle avait le chic pour se moquer de moi pendant des heures en parlant bien fort, raconter vingt fois la même histoire embarrassante en insistant bien, me posait des questions gênantes jusqu'à que je finisse par dire ce qu'elle voulait.

Souvent, au cours de ces repas de famille Hélène avait invité Benjamin et c'était les meilleurs repas au monde. Les enfants de Thibault l'adoraient, lui qui les faisait rire avec ses imitations des courtisans, d'ailleurs tout le monde en riait, même Hélène, les gardes et les serviteurs, mais eux le faisait plus discrètement. De plus, Célia comme Sylvain avait une certaine complicité avec lui, pas autant qu'avec moi cela dit, et ils semblaient plus sympathiques, plus ouverts, moins mystérieux en sa présence. Et puis, j'avais l'impression d'être un parfait chevalier quand il était là, tant Hélène et Yves le sermonnaient sur son comportement et le poussaient à se trouver une épouse parfaite.

Mai arriva. On allait célébrer l'anniversaire des jumelles. Une délégation de fées débarqua pour l'occasion et Cyril Stark vint pour donner un concert. Il passa me voir le matin de l'anniversaire dans ma suite. Hélène l'envoyait. On attendait plus que moi et Camille. On était en retard à cause d'une énième dispute. Mickaël était là mal à l'aise. Il tentait d'apaiser ma sœur. Mais bien que je ne me souvienne plus de ce que je lui avais dit, c'était assez blessant et elle avait plus de raisons que d'habitude d'être en colère.

Cyril, se moqua de nous, ce qui nous calma. Nous nous sentîmes honteux.

- C'est rien ! Vous êtes jeunes ! Vous faites une montagne pour des broutilles.

Ma sœur était tout de même vexée. Elle n'aimait pas avoir tort. Au lieu de s'avouer fautive, elle partit avec Mickaël que je fusillai du regard. Cyril Stark s'esclaffa.

- C'est fou ce que tu ressembles à ton père quand tu fais cela.

- Ah bon ?

- Il détestait tous les prétendants d'Hélène. Il était vraiment cruel par moment.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant