Chapitre XXII - ... suit mes traces.

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- Non ! Camille si tu ne m'aides pas à sauver ton frère je te laisse ici toute seule et moi je rentre !

Je doute qu'il l'aurait fait, quoi qu'elle pouvait être tellement agaçante que personne ne l'en aurait blâmé. En fait j'aurais peut-être mieux fait de l'y laisser avec Célia en y repensant. Bon d'accord, elle m'aurait peut-être manqué un peu. L'important c'est qu'elle y crut. Elle bouda mais accepta :

- Si c'est ce que tu désires ! Mais j'aurais préféré passer du temps dans tes bras.

- Camille, je t'aimerais plus que tout si tu m'aides à le sauver ! la motiva-t-il.

Il aurait mieux fait de se taire et se contenter de ce qu'il avait. Pourquoi je dis ça ? Après tout c'est moi qu'elle va aider grâce à cela.

- On restera ici à jamais ? Tous les deux ? demanda-t-elle les yeux brillants.

Il hésita mais jugea qu'un mensonge ne ferait pas de mal :

- Oui. On fera plein de bébé et tout cela ! Maintenant allons-y !

- Il faut aller à la ville la plus proche. On va chercher une fée !

- Je peux peut-être faire l'affaire, tu ne penses pas ?

- Et si ce n'est pas le cas ? On aura perdu du temps pour rien. Et chaque seconde loin de tes bras et déjà une seconde de perdu.

- Oui. Si tu veux. Mais tu as raison ! Allons à la ville la plus proche !

Se transporter de manière aussi imprécise était dangereux, mais mon meilleur ami prit ce risque pour moi, ce qui me fait retirer tout ce que j'ai dit précédemment. Il atterrit dans une clairière où des ponts de verre reliaient chaque arbre, dans lesquelles se trouvaient des maisons. Ils ne purent apercevoir aucune marche, mais considérant que les fées avaient toutes des ailes, ce n'était pas vraiment surprenant. Par contre, ils aperçurent une plate-forme avec des vaisseaux aux traits harmonieux vers le fond de la ville ou ce qui s'en rapprochait le plus.

- On devrait en prendre un. Cela me permettra de me reposer et de pouvoir me servir de ma magie !

- Excellente idée mon amour ! Comme toi seul ne peut qu'en avoir.

Il rougit du compliment et releva la tête pétrit d'orgueil. Ils levèrent les yeux un moment vers la ville, ou plutôt il, puisque ma sœur ne pouvait pas le quitter des yeux. Au-dessus d'eux des fées avançaient en volant. Un homme fée, dépourvu d'aile, passait également. Mon meilleur ami nota que personne ne volait autour de la plate-forme. C'était sans doute trop dangereux. Il devait donc y avoir des escaliers. Ils se dirigèrent vers là. Mais ils ne trouvèrent pas d'escalier, juste une sorte de rampe.

- Il faut voler apparemment ! Camille il va falloir que je te porte je crois.

Elle fut enchantée, lui moins. Il la fixait bien embêté. Elle n'avait pas l'air très légère. Il lui aurait bien suggéré de réduire son poids ou sa taille, mais il craignait de la vexer. Comme si elle pouvait se vexer pour une remarque aussi stupide dans son état ! Mon meilleur ami n'est pas toujours une flèche je le crains ! Il espéra alors que ce ne serait pas haut donc, passa un bras sous les genoux de ma cadette puis l'un autre sous ses bras et la souleva. Elle s'accrocha à son cou et ils s'envolèrent.

Malheureusement pour lui ce fut un chemin bien haut. Il soupira de soulagement en la posant à terre. Son dos et ses bras le faisait souffrir le martyr mais il se contenta d'un sourire timide auprès de ma sœur qui regrettait de devoir quitter son étreinte. Il observa le paysage autour de lui, essayant de comprendre comment accéder au vaisseau. Il comprit assez vite en voyant le comptoir que pour en prendre un, il fallait le louer auprès d'une fée. Il soupirait et avança vers elle d'un air assuré, suivit par ma sœur. Malheureusement, devant le regard bleu azur de la créature il sentit poindre sa timidité.

- Bonjour ! On aimerait un vaisseau et un chauffeur !

La fée les toisa en riant.

- Et puis quoi encore ?

Puis son regard passa sur Camille, une lueur de panique monta en elle.

- Qui êtes-vous ?

Mon meilleur ami hésitait, devait-il être franc ou mentir ? Risquait-il quelque chose en avouant la vérité ? Seraient-ils crédibles en mentant ?

- Camille et Sev ! se présenta Camille mettant fin à son hésitation.

- Vous êtes frère et sœur ?

- Non. Mari et femme !

Mon meilleur ami manque de s'étrangler, mais joua finalement à la perfection l'amoureux transi.

- Dame Aradia nous a demandé d'aller à un endroit secret. Pour cela, il nous faut un chauffeur et un vaisseau, continua ma cadette.

- Qui sont vos parents ?

- Moi, je suis la fille de Velch et Lyra et lui de Miraz et Nortia.

- Nortia du conseil ?

Mon ami évita de montrer sa surprise. Se pouvait-il que la chance soit de son côté ? Que Camille ait inventé un nom appartenant déjà à une conseillère. Ou alors l'avait-elle déjà entendu à la cour ? Quoi qu'il en soit, il fallait en profiter.

- Oui, dit Nicolas avec aplomb. C'est ma mère ! C'est pourquoi on a été choisi. Aradia n'allait pas prendre n'importe qui enfin ! Elle ne fréquente que des gens importants voyons ! Vous savez comment elle est stricte aussi et à quel point il est facile pour elle de savoir ce qui se passe ici. Même si elle a l'air très douce et bienveillante quand on la voit, ce n'est pas le cas. Même avec ses trois diables ! D'ailleurs vous avez déjà rencontré ses enfants ? Non parce que, autant l'une des jumelles est assez calme autant sa sœur comme Marc sont vraiment très actifs, épuisant même.

La fée les fixa bien plus convaincu devant ce qu'il savait, lui était bien content de pouvoir tirer un avantage des malheurs que lui infligeaient les jumelles dès qu'il venait me rendre visite.

- J'ignorais que Nortia avait un fils. J'ai beaucoup entendu parler de ta sœur par contre....

- On est pressé ! coupa Nicolas, qui craignait de s'attarder sur un sujet qu'il ne maîtrisait pas.

La fée lui fit un regard entendu, avant de les amener à une salle adjacente où elle leur demanda de l'attendre.

- Tu étais parfaite, souffla mon meilleur ami à ma sœur. Où as-tu entendu tous ces noms ?

- Tu sais bien que je lis beaucoup mon amour et que Thibault adore parler de son voyage chez les fées.

La fée revint avec un certain Tagès, un homme-fée sans aile lui aussi. Elle fit les présentations, il les toisa étonné.

- Qu'est-ce que vous voulez comme vaisseau ?

- Petit, le plus rapide possible et discret. Si c'est possible, rajouta mon meilleur ami.

- Je peux vous avoir cela. Où va-t-on ?

- Vers une colline à l'herbe blanche. Je ne peux vous en dire plus pour le moment.

- Je vois à peu près où c'est.

Avec de telles précisions ? Il devait être un génie de l'orientation !

Il les amena à un vaisseau, exactement comme mon ami le voulait, si ce n'est qu'il était gris métallisé et donc pas très discret dans ce monde de couleur. Ils montèrent. Camille posa la tête sur l'épaule de mon meilleur ami et ils partirent me sauver.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant