Chapitre XXIV - ... à mon secours

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Le vaisseau dans lequel ils montèrent état plus grand mais aussi plus rapide que celui dans lequel ma sœur et Nicolas était montés. Mais ces derniers, plus proche, arrivèrent en premier.

Ma sœur descendit du vaisseau et demanda à Taguès de les accompagner, en se tournant vers Nicolas pour voir son approbation, cherchant un quelconque signe que ce qu'elle faisait ce qu'il désirait. Elle devait être au comble du bonheur tant il était satisfait.

Elle demanda à l'homme-fée de poser une main sur le menhir, il s'exécuta avec hésitation et à l'intérieur une ouverture se dévoila, laissant place à des marches. Ils descendirent, encore et encore, jusqu'à un niveau. Les escaliers continuaient plus bas encore mais Nicolas hésita :

- On descend encore, où c'est là ?

- Comme tu veux mon amour, lui dit Camille en papillonnant des yeux.

Il n'espérait rien de Taguès, qui ignorait même pourquoi ils étaient là et semblait vouloir juste rentrer. Il hésitait, sachant que ma vie tenait peut-être à cette décision. Heureusement, il lui semblait entendre un bruit venant du bas et choisit de descendre jusqu'au prochain et dernier palier.

Une arche se dressait devant eux, derrière laquelle on n'apercevait qu'un grand vide. Il se tourna apeuré vers ma sœur, qui le dévorait des yeux. Il lui prit la main pour se rassurer, espérant que je ne ferais pas une crise en les voyant ainsi, comme si je n'avais que cela à penser, après tout ce n'était pas comme si j'étais à deux doigts de passer l'arme à gauche. J'ai quand même d'autre priorité dans la vie que ce qu'il faisait avec ma sœur. En donnant mon approbation j'avais renoncé à mon droit de regard et de critique sur le sujet de toute façon.

Ils passèrent sous l'arche et tombèrent dans une immense plaine. Kamélia était un peu en retrait, derrière un autel de pierre. Élodie et moi, étions-là aussi, à genou, les mains liées, au cœur d'un pentagramme fait de monolithique, mais pas de trace du menhir au sol que ma sœur aurait pu détruire. Kamélia avait probablement changé tout ça, pour éviter une deuxième déconvenue. La fée venait tout juste de nous placer, alors que nous étions parfaitement immobiles. La pierre, elle planait au-dessus de nos têtes. Je sentais sa panique en moi et je ne pouvais rien faire, ce qui était des plus frustrant tant je voulais l'aider. Quant au Consort, elle l'avait attaché à l'écart, sans doute pour plus tard l'interroger sur les sans-visages.

D'un coup je sentis ma liberté de bouger revenir.

- J'ai si peur ! me souffla Élodie.

- Moi aussi, l'assurais-je. Heureusement que tu es là, ça me rassure.

J'étais d'un calme absolu, plus concentré sur l'objet de mon affection que sur mon sort. En réalité je m'inquiétais bien pour elle, ne voulant pas la voir souffrir, mais cela me semblait tellement évident que c'était fini que je préférais me concentrer sur elle.

- Pas moi. Je m'en fais pour toi aussi. C'est horrible !

Elle frissonnait, tentait de se détacher. Je voulais la rassurer :

- Tout va bien ! Je ne pouvais pas imaginer une plus belle mort que de mourir à tes côtés.

- Oh Théophile, comment peux-tu dire quelque chose d'aussi stupide ? Tu ne vas pas bien ! On va mourir ! À quinze ans ! C'est horrible ! Et tu ne me connais même pas ! Moi-même je ne sais rien de ma vie !

Elle pleurait et cela me brisait le cœur. Je l'embrassai et ses larmes chaudes coulaient sur mes joues.

- Les sans-visages viendront ! l'assurais-je.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant