Chapitre 4 : Commencement.

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-Donc en fait tu peux rentrer chez moi n'importe quand, comme t'as envie ? je lui fais remarquer en faisant de gros yeux.

-Oui. Ça peut s'avérer utile en même temps, argumente Noah. Et puis, j'ai l'ordre de te surveiller en toute discrétion et de te transmettre les messages de l'agence ainsi que ceux de tes parents. Donc c'est très pratique puisqu'il ne faut pas que l'on sache qu'on se connaît.

-Je ne veux plus entendre parler de mes parents de toute façon, donc ça te fera des messages à transmettre en moins.

Noah pousse un long soupire en levant les yeux au ciel. Nous nous installons dans le salon et il m'aide à ranger les quelques affaires que je possède.

-Tu sais que tu es dure avec eux ?

-Vraiment ? Tu trouves ? C'est eux peut-être qui ont vécu sans aucun membre de leur vraie famille, leur famille biologique, pendant treize ans ? je demande.

-Peut-être qu'ils n'étaient pas seuls, mais tu as manqué à tes parents et ton frère. Il leur a manqué quelqu'un... Tu veux mettre ça où ?

-Pourtant ça n'a pas l'air de les avoir perturbé plus que ça. Dans le deuxième tiroir du meuble TV.

-Ne dis pas n'importe quoi. Depuis le temps que je connais ton frère, il m'a toujours parlé de sa sur qu'il avait connu lorsqu'il était jeune. Il m'a expliqué que sans raison tes parents et lui étaient partis pour les Etats-Unis, mais sans sa petite sur. J'ai toujours cru qu'il me racontait n'importe quoi et que c'était des mensonges, parce-que laisser sa fille dans un pays étranger et seule, c'est vraiment glauque...

-Tu vois...

Il me fait taire en levant son index et reprend aussitôt.

-Peut-être qu'il s'inventait une soeur pour avoir une vie plus palpitante. Mais ton frère je le connaissais depuis qu'il était revenu de France et finalement il y a quelques années, peut-être deux ou trois ans, quand on a commencé à organiser notre infiltration pour la mission, je me suis rendu compte que c'était bel et bien vrai. Ton frère avait une soeur secrète qui était cachée en France.

Je réfléchis quelques secondes à ses paroles qui m'émeuvent malgré tout, mais garde toujours ce masque de froideur et cette amertume. Je ne trouve rien d'autre à répondre qu'un simple « ouais ».

-Et maintenant, reprend-t-il, la soeur en question est devant mon nez.

-Exactement. Et t'en connais probablement plus sur mon frère que je n'en connaîtrai jamais. Mets ça dans la commode.

-Tu peux rattraper le temps perdu, me rappelle-t-il.

-Je le ferais certainement si je pouvais le voir, je réplique en réprimant des larmes qui veulent s'échapper de mes yeux tout en m'asseyant bruyamment sur le canapé.

Noah fait de même en me lançant un regard compatissant. Il reste silencieux, sûrement parce qu'il n'a aucune idée de ce qu'il peut me dire.

-Tu leur en veux vraiment, n'est-ce pas ?

Je lâche un rire sans joie.

-Pire que ça. Je crois que je n'ai jamais eu deux émotions si contradictoires aussi fortes en un jour. Un pique de joie récompensé par une colère et une tristesse intense.

J'essuie promptement une larme qui roule sur ma joue.

-C'est normal.

-Non ce n'est pas « normal » ! je m'écris. Ce n'est pas normal parce qu'une famille « normale » n'a jamais vécue cela ! Jamais une fille d'à peine quinze ans ne s'est retrouvée vouée à elle-même par la faute de ses parents qui l'ont oubliés en France !

L'arme secrète : cachez-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant