Chapitre 34 : J'ai dit douleur ?

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Un coup est en train de se préparer, je le sens. J'entends de l'agitation au dessus de moi, viendrait-on me secourir ? Actuellement je ne rêve que de cela. Même dans les rares moments où je dors, je vois Noah et Dim arrivés en courant presque sur de hauts chevaux blancs avec des armures et des épées pour me secourir. Ne me jugez pas s'il vous plaît, je suis vraiment désespérée.

Des hommes arrivent en courant dans la cave, ce n'est pas mes collègues. Ils sont vêtus de noir, je ne reconnais pas leurs visages dans la pénombre de la pièce. Ils me mettent un bandeau sur les yeux, un autre dans la bouche et je sens que je m'envole. Je ne comprends pas ce qu'ils me veulent, une fois de plus. Ils portent ma chaise et je perçois le son des portes et des marches d'escalier qui grincent sous notre poids. Ils ont peut être miraculeusement décidé de me libérer dans un lieu inconnu où je devrais retrouver mon chemin, un genre de carte au trésor pour ma liberté... Arrête de rêver.

J'entends quelqu'un râler : on ne m'a pas mis le casque antibruit tant désiré sur les oreilles. Je risquerais, il est évident, de gratter des infos sur n'importe quel son intéressant. Ils n'ont pas compris que j'ai cessé de me battre. Je n'ai pas abandonné, non, pas encore. Mais mon espoir s'amincie de jour en jour et ma détermination s'essouffle.

Je ne sais pas trop ce qu'il se passe, mais je sens que l'on m'emmène dehors, le froid me mort la peau, je me mets à greloter les quelques vêtements que je porte sont troués et très fins. Pour me réchauffer, il me faudrait une tonne de couvertures. On me met à l'arrière d'un fourgon, il me semble, j'entends les portes bruyantes qui coulissent. J'ai l'impression que le véhicule se met en route. Je patiente pendant de longues minutes en essayant de recueillir le moindre indice. Seulement, avec tout l'attirail que je me trimbale, je ne risque pas.

Je ne sais pas où ils veulent m'emmener, je redoute énormément la suite. En général, si l'on déplace une cible, ça n'est jamais bon signe. Si on me transporte autre part, c'est pour ne pas me faire entendre, les maisons alentours auraient pu s'alerter des cris précédents, c'est vrai, mais s'ils ne m'ont pas déplacé avant, cela signifie que la suite risque sûrement d'être pire.

La voiture s'arrête et les portes se rouvrent, on me transporte à nouveau, toujours bloquées sur cette chaise en métal froid. J'ai la sensation d'être un vulgaire colis que l'on relègue de poste en poste jusqu'à sa destination finale : la maison. Hors moi, je suis sûre que je ne suis pas le type de colis qui va arriver dans une maison confortable.

Je ne sais pas où je suis mais je ne perçois pas la circulation de la route, je dois être dans la campagne profonde. Un endroit perdu pour qu'on ne me retrouve jamais, et ne pas déranger le voisinage.

Ma chaise est déposée. Il fait froid dans cet endroit. Je n'arrête pas de trembler et leur demander une couverture serait bien inutile. Je dois avoir la peau sur les os, je suis encore plus sensible à la température.

Ils retirent le masque de mes yeux et le casque antibruit, cette fois-ci, si je ne perçois toujours pas la route, je peux réellement m'inquiéter.

Je suis dans une sorte d'entrepôt très petit, enfin, c'est grand, mais petit pour un entrepôt. Je ne me situe pas au QG du gang, je ne reconnais pas les lieux.

-L'heure de dormir petite !

Je me retourne vers la provenance de cette voix lorsque je sens que l'on m'assomme d'un coup derrière la tête.

****

Les menottes me brûlent les poignets qui sont déjà meurtris. Nicolas a eu la gentillesse de ne pas les serrer trop fort, mais malgré cela, je les sens me scier les articulations à chaque micro mouvement. Mes articulations sont toutes boursouflées à cause de tout ce qu'elles subissent et les menottes sont bien trop étroites. En regardant mes cuisses qui sont à nues car je porte un short, je m'aperçois de l'ampleur des dégâts. Je ne me souviens plus de tous ce qu'ils m'ont fait, la plupart du temps, je retombais vite dans l'inconscience, mais les marques de brûlures de cigarettes, tous les bleus et coupures qui sont gravés sur mes membres me laissent un aperçu de ce qu'il m'est réellement arrivé. Ma jambe est dans un état pitoyable, j'essaye de la garder tendue au maximum pour qu'elle puisse dégonfler au moins un petit peu, mais mes efforts sont vains et j'ai l'impression que son volume augmente chaque fois que je l'observe. L'entrepôt est vaste. Cela m'effraye. Dans la petite cave, je savais d'où allait arriver mes bourreaux, je savais à quoi m'attendre, je pouvais prévoir. Maintenant, je ne peux rien faire, pas anticiper, pas me préparer, je suis définitivement entre les mains de mes ennemis. Je suis véritablement confinée et bloquée.

L'arme secrète : cachez-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant