THE MESSAGES FROM THE PAST

Chapitre 8: Lettre finale

Pour ma fille, Edward Newgates

Ma chérie Lucie, si tu lis cette lettre cela signifie que la Marine a finalement eu raison de moi et que je ne fais plus parti de ce monde. Je suis terriblement désolé de ne t'avoir rien dit lors de notre rencontre il y a maintenant plus d'un an. Je n'ai pas eu le courage d'affronter ton regard. Je ne pouvais me résoudre à voir la haine dans tes yeux.

Sache que je voulais avant tout te protéger de la Marine et de sa justice qui t'aurait puni pour mes crimes. La Marine t'aurait exécuté à coup sûr si elle avait appris ton existence. Tout comme ta mère, je voulais aussi que tu n'aies pas à porter le fardeau de tes origines. Il fallait que tu ne saches rien pour que tu ne souffres pas de mon absence ou encore des rumeurs nauséabondes qui me concernent. Ce choix de te cacher la vérité a été renforcée par l'arrivée d'Ace dans mon équipage. Contrairement à toi, il avait été victime de la réputation de son père durant toute sa vie. Lorsqu'il est arrivé sur mon navire, ce n'était plus qu'un gamin perdu et aveuglé par la haine de son père.

Bien sûr, je comprendrais parfaitement que tu ressentes une telle haine contre moi. Je n'ai pas fait mieux que Roger en la matière. J'espère toutefois, qu'un jour tu m'accorderas ton pardon. Surtout, n'en veux pas à ta mère pour ce secret. Elle ne mérite pas cela après tous les sacrifices qu'elle a fait pour toi et moi. S'il y a une vie après la mort, j'espère qu'elle m'accordera aussi son pardon pour tout ce qu'elle a enduré.

Je sais que pour toi les quelques semaines que tu as passé à bord de mon navire ne suffiront jamais à effacer des années de questionnement et d'absence. Mais pour moi, ces moments ont été incroyablement précieux. J'ai pu enfin découvrir la jeune femme que ta mère me décrivait dans ses lettres. Tu lui ressembles tellement même dans ta manière d'être. Je suis tellement heureux qu'il reste un peu d'elle dans ce monde.

Tu ne sais sûrement rien des aventures qu'a vécu cette femme incroyable qui était ta mère. Alors laisse moi te les compter afin de lui rendre hommage.

Il y a plus de 30 ans sur une petite île de Grand Line, j'ai rencontré ta mère, Mélanie Feiler.

A l'époque déjà elle avait un caractère bien trempé. Elle était le médecin du seul village de l'île. Elle avait su se faire respecter au fils des années des habitants. Ces derniers s'étaient méfiés de cette jeune femme qui venait d'une île voisine. Elle avait réussi ce tour de force grâce à son talent pour la médecine. Elle les avait sauvés de bien des maladies ou blessures. C'est d'ailleurs grâce à ses soins qu'une partie de mon équipage et moi-même sommes encore en vie.

En effet, mon équipage et moi avions dû nous arrêter sur cette île car plusieurs d'entre nous avaient contracté une maladie. Notre médecin de bord ne savait pas exactement quel mal nous touchait. J'avais donc pris la décision de nous rendre sur l'île la plus proche afin de trouver une solution ou du moins retrouver des forces.

Le jour de notre arrivés, il pleuvait. Après plusieurs heures de marche nous étions arrivés dans ce petit village. Mais le médecin, ta mère, avait strictement refusé de nous aider parce que nous étions des pirates. Pendant plusieurs jours elle m'avait tenu tête, malgré les menaces. Cette petite femme n'avait peur ni de moi, ni de la mort. Finalement, ce sont les habitants qui eurent raison de sa volonté. Les habitants terrifiés par moi, l'un des pirates les plus craint, avaient fait pression sur ta mère pour qu'elle nous soigne. Elle était le seul moyen de nous faire déguerpir.

Il avait fallu plus d'un mois à mes fils pour qu'ils se remettent sur pied. Un mois durant lequel on s'évitait comme la peste ta mère et moi. Tu dois te demander à présent comment on a pu s'aimer alors que l'on se détestait si farouchement et bien tout est arrivé un soir de tempête.

Ce soir-là, une pluie terrible et des vents violents balayaient l'île. Elle était partie dans la matinée dans la forêt pour trouver des plantes médicinales. Cette forêt se trouvait bien à quelques heures de marche du village. Elle ne devait donc pas revenir avant le coucher de soleil. Comme à son habitude, elle était partie seule. Cependant, lorsque que le dernier rayon de soleil atteignit l'île elle n'était toujours pas revenue. Les villageois se mirent aussitôt à sa recherche. Malgré la haine que je lui portais, j'avais une dette envers elle car elle avait sauvé mes fils. J'étais donc parti avec eux à sa recherche. Nous nous étions séparés en plusieurs groupes afin de couvrir le plus de terrain possible. Il fallait faire vite car le temps se gâtait. Il était difficile de traverser la forêt même pour moi. Les arbres se brisaient sous la force du vent. Alors que la tempête empirait, les villageois décidèrent d'abandonner les recherches. Cela devenait réellement dangereux d'être dehors. Pour ma part, j'avais aussi ordonné à mes fils de rentrer au navire. Il était hors de question que l'un d'eux ne se blesse ou meurt maintenant. Je continuais donc seul mes recherches. Il fallait à tout prix que je retrouve ta mère afin d'effacer la dette que j'avais envers elle. C'est évanouie contre un rocher que je l'ai retrouvé. Une branche avait dû lui tomber dessus. Son crâne s'était ouvert sous la violence du coup et il saignait énormément. Je devais la ramener rapidement à l'abri afin que le médecin de bord l'examine. Je l'avais donc hissé sur mon dos et j'avais couru à travers les bois pour la ramener.

A son réveil, on lui raconta que c'était moi qui l'avais sauvé. Bizarrement, elle ne m'a jamais remercié pour cela. Toutefois, je sentais bien que ses préjugés avaient disparus. Elle était de jour en jour moins dure avec moi. Au fils du temps, nous avions commencé à apprécier les moments que nous passions ensemble.

Puis le jour de notre départ elle me supplia de la prendre comme médecin de bord. Enfin je dis "supplia" mais elle avait trop d'honneur pour ça ! C'était plutôt une suggestion. Comme tu t'en doutes, j'avais accepté. Sans me l'avouer je m'étais énormément attaché à elle.

J'avais appris à l'apprécier puis à l'aimer. Les années passaient et nous vivions d'incroyables aventures. Chaque jour était une nouvelle découverte et un nouvel émerveillement. Je vivais mon rêve. J'étais entouré de mes fils et de celle que j'aimais. Jamais je n'avais été aussi heureux.

Finalement, un jour, nous avons découvert que nous attendions un enfant ta mère et moi. Tu ne peux pas savoir comme j'en étais fier. Cependant, je savais au fond de moi que je ne pourrais jamais t'avoir à mes côtés. J'étais un des pirates les plus recherché au monde, aux yeux de tout tu aurais été l'enfant d'un monstre, tu aurait été chassé. Nous ne pouvions pas nous le permettre ta mère et moi, alors on décida de se séparer. Elle retournerait sur son île, sans jamais te révéler mon nom. Pour me consoler, je me disais que même si tu ne me connaissais pas, même si je ne serais jamais présent, ta formidable mère te chérirait pour deux.

Sache que je ne t'ai jamais oublié toi et ta mère. Dès que je le pouvais, je lui écrivais discrètement et sans signer dans le cas où ces lettres tomberaient dans de mauvaises mains. Prendre de vos nouvelles était mon seul moyen d'être présent pour ta mère.

Je savais que le jour où elle arrêterait de répondre à mes lettres serait celui de sa mort. J'espère que tu ne connaîtras pas le même sort que celui de ta mère et moi. Je regrette chaque jour de ne pas lui avoir tenue la main dans ses derniers moments. Il n'y a rien de pire que d'être séparé de l'être aimé par la mort. J'ai commis beaucoup d'erreurs dans ma vie mais toi et mes fils n'en êtes pas une. Vous êtes mon plus grand trésor.

Mon souhait le plus cher était d'avoir une famille, et ce rêve, il s'est réalisé !

Prends soin de tes frères. Vis ta vie heureuse et libre.

Ton père qui t'aime