Chapitre 9: Orageuse retrouvaille

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Le ciel de l'île s'était couvert comme pour accompagner mes pleurs. Je me tenais immobile en face de la stèle de celui qui s'était révélé être père. Depuis le début, tout était sous mes yeux. Je comprenais à présent pourquoi il avait été si concilient et accueillant avec moi. J'étais partie de mon île bien décider à trouver cet homme et à l'affronter, mais à présent, je n'avais plus la force de lui en vouloir. En quittant mon île, j'avais une haine profonde pour l'homme qui avait abandonné ma mère et moi. Pourtant, j'avais su apprécier le vieux pirate qui voulait être le père dont avait besoin ses hommes. Ils étaient les faces d'une même pièce. Je ne savais plus quoi penser et mes pensées étaient confuses. L'homme que je cherchais désespérément était à présent six pieds sous terre. Ma quête s'était terminée, cependant, je ne pouvais toujours pas avancer. Le trop-plein d'émotion me submergeait. Cette lettre avait achevé ce qu'il me restait de volonté. Je ne pouvais ni affronter la réalité, ni aller de l'avant. Au fond de moi, j'avais toujours espéré que mon père ait eu une bonne raison de partir. Toute mon enfance, ma mère avait tenté de donner une bonne image de lui tout en gardant secret son nom. Elle me disait toujours qu'un jour j'aurais toutes les réponses à mes questions. Ce jour était arrivé, mais personne n'était là pour rattraper le temps perdu. Ni ma mère, ni mon père, ni mes amis.

Je sombrais dans l'abysse de mes pensées les plus noires. Mon monde s'effondrait encore un peu plus. Comment ce voyage qui devait me faire grandir et me permettre de faire le deuil de ma mère avait pu empirer les choses. J'étais censée me libérer de toutes mes souffrances et enfin commencer à vivre.

J'étais dans un tel état de détresse que ma respiration se faisait de plus en plus hiératique et difficile. Je sentais mes forces m'abandonner car c'était bien trop dur à endurer. Tout devint sombre autour de moi.

Lorsque je repris conscience, j'étais dans une chambre. Une fine pluie s'écrasait contre la vitre à ma droite. On pouvait entre l'orage gronder. Malgré mon réveil, j'étais incapable de faire le moindre mouvement. Je ne pouvais qu'observer sans réel intérêt les objets qui m'entouraient. La chambre était en réalité une mezzanine. Je pouvais voir des marches au bout du lit. Les murs, le plafond et le sol étaient composés de lamelles de bois. Le lit double sur lequel je me trouvais était lui aussi en bois. De chaque côté de celui-ci se trouvaient des petites tables de nuit. Finalement, contre un mur, trônait un bureau. Je connaissais ce bureau. C'était celui de Marco. Je l'avais souvent vu travailler dessus quand je lui rendais visite dans sa cabine. Il était couvert de papiers et de livres en tout genre comme toujours. Ce meuble me rappelait les bons moments que j'avais passé avec Marco. Il était vrai que lorsque j'étais sur leur navire il était celui avec qui je passais le plus de temps. Nous étions quasiment inséparables. Ace taquinait souvent Marco en lui disant que j'étais trop bien pour un ananas. Ces bons souvenirs semblaient si lointains.

Marco avait dû me conduire ici. Je n'ose pas imaginer sa réaction quand je me suis évanouie. Il ne devait pas être au courant du contenu de la lettre. Je n'avais pas la force de lui avouer ce que j'avais découvert. Il devait lui aussi être en plein deuil. De nous deux, c'était lui qui avait grandi au côté de Barbe Blanche. Il avait lui aussi perdu un père.

Le bruit léger de la pluie sur la vitre et la solitude m'apaisait. J'avais besoin de temps. Le soir venu, Marco vint me rendre visite. La journée était passée sans que je ne sortes du lit ou dise un mot. Marco arborait une mine encore plus fatiguée. Il était visiblement très inquiet. Je pouvais le voir dans ses yeux. Marco s'approcha du lit. Sans prononcer un mot il m'avait pris dans ses bras. Son étreinte était chaude et réconfortante. J'avais tellement besoin que quelqu'un me dise que les choses allaient s'arranger. Marco était celui qui m'avait le mieux saisie depuis notre rencontre. Il arrivait rapidement à déchiffrer mes expressions, mes mots et mes silences. Il était sûrement l'une des dernières personnes sur qui je pouvais compter.

THE MESSAGES FROM THE PASTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant