3. Wond

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Je rêvais que je volais, j'aime bien l'idée de pouvoir m'envoler et échapper aux problèmes de la vie. Bref, je volais, quand tout à coup je l'entendis, elle était faible mais je savais qu'elle m'appelait. Poussé par la curiosité, je suivis ce qui semblait être un chant mélodieux. Je n'avais jamais entendu une aussi belle voix, elle m'entourait et m'emplissait d'un sentiment de joie, de bonheur à la fois. Je suivis le chant jusqu'à une demeure perchée sur le toit du monde. La mélodie s'intensifiait au fur et à mesure que je m'approchais. Alors que je pénétrais dans l'atrium de ce qui me semblait être une riche maison grecque, je vis là une dame sous un cerisier en fleurs. Alors qu'elle chantait, accompagnée d'une centaine d'oiseaux tous plus beaux les uns que les autres, je devinai de suite que je me tenais à seulement quelques pas d'une déesse. Je n'ai jamais cru en Dieu, mais cette jeune femme qui se tenait à quelques pas de moi ne pouvait être autre chose qu'une déesse. Elle scintillait de mille feux, elle avait des cheveux blonds, qui étaient comparables à du blé, des yeux verts comme le gazon fraîchement tondu. Ses traits étaient magnifiques et étalaient toute sont intelligence, son sourire vous donnait envie de la serrer dans vos bras jusqu'à ce que mort s'ensuive. En bref, elle était divinement belle. Surpris dans ma contemplation, je revins à moi quand la déesse m'appela.

-« Wond, je sais que tu es là, je ne mords pas, viens à moi. » Dit-elle d'une voix pure et mélodieuse.
Surpris qu'elle connaisse mon nom, je sortis du buisson derrière lequel j'étais caché. Quand elle me sourit, je sentis mon estomac se crisper. Une fois en face d'elle, je savais que ce n'était pas un rêve. Les mots jaillirent de ma bouche tel un parfum de printemps.
-« Bonjour maman. » Dis-je un sourire radieux imprimé sur mon visage. Elle me prit dans ses bras, elle sentait bon la rose, et me souffla à l'oreille la voix chantante.
-« Bonjour, mon fils. »
Après un câlin qui dura longtemps, je lui demandai comment j'avais su que c'était elle.
-« Ces choses se ressentent. » Ma mère était la plus belle des femmes que j'avais vues.
-« Maman », murmurais-je, « pourquoi n'étais-tu pas là toutes ces années? »
-« J'étais très occupée » me répondit-elle. Je lui lançai un regard sévère. J'avais bien envie de me fâcher mais je ne pus gâcher le moment, le regard maternel qu'elle me lança finit de m'achever et je la pris dans mes bras à nouveau.

-« Maman es-tu une déesse ? » demandai-je après qu'elle eut fini de me questionner sur ma vie et patati et patata, vous savez bien comment cela va.
-« Oui ceci étant la raison pour laquelle j'étais absente » dit-elle.
Ma mère est une déesse réalisai-je et je devins euphorique à cette idée.
-« Et papa ? » dis-je en la regardant inquiet.
-« Ne t'inquiète pas il croit que je suis morte. »
-« Mais ce n'est pas juste! »
-« Ton père se portera mieux dans l'ignorance que dans le savoir, crois-moi. » Me dit-elle d'un ton savant.
-« Ok. » Je hochai la tête. Elle prit une grande inspiration, plongea son regard dans le mien et se lança dans une explication de la raison pour laquelle je me trouvais là.
-« Wond, je ne t'ai pas fait venir pour rien, tu es là parce que j'ai besoin de ton aide pour renverser ton père, HOPE. »

J'étais sous le choc, comment pouvait-elle me demander ça à MOI ? Je n'aimais peut-être pas HOPE mais j'aimais mon père. Elle me sourit et commença à s'effacer.
-« Au-revoir Wond, tu es promis à un grand avenir et on se reverra » Elle m'embrassa sur le front et disparut.

Je me réveillai au moment où son image s'effaça à moi. Mon cou me brûlait. J'étais dans un lit d'hôpital, un rideau était tiré autour de mon lit. J'étais trempé par ma propre sueur, mon corps était nu et mes muscles étaient endoloris, chaque mouvement était une guerre contre mon envie de crier. Quand je voulus m'asseoir je tombai dans les pommes. À mon réveil, je n'avais plus mal. La dame à la seringue prenait des notes tout en me regardant, un faux sourire imprimé sur le visage. Les rideaux étaient ouverts et je vis que j'étais dans une grande salle blanche comme la règle de HOPE obligeait de le faire, des lits d'hôpital était alignés contre le mur. En bref, le cliché de l'hôpital militaire. On m'offrit des habits et un miroir. Après m'être habillé, je pris le miroir et le tint face à moi. Je faillis lâcher le miroir quand je vis mon reflet, l'étranger que je vis ne portait pas de lunettes et faisait j'en suis sûr de la salle. Il était plus grand que moi et un 12 était écrit dans sa nuque. Cinq cercles entouraient le chiffre, le premier montrait un bébé avec une couronne de lierre et les autres étaient vides.

La dame à la seringue se présenta sous le nom de Fortuna et m'invita à une visite du camp militaire où j'allais vivre deux ans durant. D'ailleurs, elle ne disait jamais que c'était un camp militaire, elle appelait le camp "le camp pour surdoués".
Nous sortîmes de l'infirmerie et nous nous dirigeâmes vers la piste d'athlétisme. Je me sentais coupable de m'être énervé le jour d'avant et je me demandais pourquoi elle ne m'avait pas encore grondé comme la majorité des adultes l'auraient fait. Je voulais m'excuser pour cela mais des milliers de questions fourmillaient dans ma tête sur les faits étranges du test.

Je me plongeai dans mes pensées jusqu'à ce que nous atteignîmes la piste d'athlétisme.
-« Voilà la piste sur laquelle tu passeras deux heures une fois tous les deux jours. »
-« 2 heures ! » Lâchai-je, surpris.
-« Ne t'inquiétes pas, dans une semaine tu t'y seras habitué. »
J'allais devoir me préparer au pire pour la semaine à venir car j'appris ensuite que nous ferions la même chose en natation et en fitness. La salle de fitness et la piscine se trouvaient à côté de la piste d'athlétisme.

Quand j'entrai dans la salle de fitness accompagné de Fortuna, des jeunes adultes étaient en pleine session d'entraînement. Parmi ces jeunes gens, je distinguai la fille aux yeux couleur océan, entourée d'une armoire à glace et d'une poupée ressemblant curieusement à une de ces basses filles qui se sont vues gagner leur vie grâce aux vertus qu'elles n'ont construites elles-mêmes. Ses yeux tels deux diamants trop polis par le diamantier, se posèrent alors sur moi comme un point d'interrogation et elle me fixa comme elle aurait dévisagé une vermine. Fortuna salua la fille rencontrée plus tôt dans la journée, elle lui fit signe de venir. Elle s'avança alors telle une déesse, la tête haute et poitrine bombée.
-« Bonjour Fortuna, » fit la fille tout en me jetant un regard de défi.
-« Bonjour Er, je te présente Wond le douzième, » dit-elle en me désignant. « Wond je te présente Er elle est la onzième, » dit-elle en me souriant.
Elle venait de nous donner un chiffre et cela me laissait un sentiment de dégoût profond, même si elle invoquait sans doute le tatouage de mon dos.
-« Bonjour, » fit Er avec un faux sourire en tant que façade, ses yeux, qu'elle ne pouvait quant à eux déguiser, crachaient du feu.
-« Hem...bonjour. » Dis-je maladroitement en tendant la main dans sa direction. Elle me serra la main, ferme et sèche contrairement à la mienne qui était moite et hésitante. Après de brèves salutations avec les autres « mutants » comme Fortuna nous appelait, nous nous dirigeâmes, Fortuna et moi, vers le bâtiment principal.
Les dortoirs se trouvaient dans ce bâtiment, qui lui-même se situait à 1 km de la piste d'athlétisme ce qui me fit penser que Issues devait être assez grand et qu'il devait certainement y avoir plusieurs complexes. Nous ne croisâmes, à mon grand étonnement, pas âme qui vive tout le trajet durant.
On ne pouvait distinguer ce bâtiment de loin car il se situait dans un creux et il était entouré d'une forêt dense, qui agissait comme un rideau. Le bâtiment était coupé en trois morceaux, le rez-de-chaussée abritait la salle à manger, les cuisines et la salle commune, le premier étage quant à lui contenait, les salles de bain et les dortoirs, le deuxième et dernier étage servait de laboratoire. La salle à manger était une salle rectangulaire avec une table, 12 chaises et des spots pendus au plafond, chaque chaise était numérotée.
-« A quoi servent ces numéros? » Demandai-je à Fortuna.
-« Chaque place a été choisie consciencieusement et la chaise qui porte ton numéro sera donc ta place. Lors du repas, tu verras que l'endroit auquel tu t'assieds est important. » Répondit-elle. Nous ne sommes quand même pas des vaches ou des moutons!

Le dortoir n'avait rien d'extravagant si l'on omettait les numéros surles lits. Les douches étaient par contre assez spéciales. Elles se trouvaient dans un couloir longé de portes montées de numéros, ce qui cette fois ne m'étonna guère, je commençais à m'habituer à leur lubie du chiffre.
Il y avait un numéro pour chaque chose qui ne pouvait être partagée.
-« Vas prendre une douche, nous en avons fini avec la visite. Tu seras attendu à table dans 5 minutes. » Dit Fortuna.
-« Vous ne m'avez pas donné d'affaires de rechange. » Lui dis-je.
-« Tu n'en n'auras pas besoin. »
Sur ces mots, elle fit volte face et disparut au bout du couloir. Je me retournai et ouvris la porte montée de mon numéro, tout en marmonnant que cette Fortuna était bizarre. Je fis un pas dans une pièce blanche qui ressemblait à tout sauf à une douche. La porte qui se trouvait derrière moi se ferma toute seule et tout d'un coup je sentis une main dans mon dos.

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