Chapitre 3 / Partie 11

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Le lendemain matin, elle ouvrit les yeux lentement. Les grands rideaux recouvraient les vitraux, et seule une petite fenêtre qui se trouvait près de la cheminée n'était pas vitrée.

Plusieurs couches de tissus l'obturaient, cependant quelques rais de soleil parvenaient tout de même à s'en échapper et venaient taper dans l'oeil de Maria alors qu'elle était allongée sur son lit.

Ehnon, elle n'avait pas rêvé.

Elle était toujours là, dans ce château. Elle avait bel et bien dormi avec cette chemise en lin qui la grattait et dans ce lit parfumé à la rose.

Maria se leva et ôta les tissus qui faisaient office de volet.

Il y avait un beau soleil qui illuminait la cour et les collines à l'horizon.

Des enfants jouaient, couraient ; des femmes lavaient du linge dans un coin ; un groupe d'hommes s'entraînait au combat avec ce qui ressemblait à des épées en bois.

En regardant attentivement, elle reconnut John et ses frères, et d'autres jeunes hommes qu'elle n'avait encore jamais vus.

Ils riaient et commentaient les actions de chacun. Leur vie ne paraissait pas si lugubre que ça à cet instant.

Quelqu'un frappa trois coups distincts à la porte. Elle sut qu'il s'agissait de Juan, ils avaient l'habitude d'utiliser ce code en frappant à la porte de leur chambre lorsque Maria habitait encore à la maison.

— Entre !

Juan ne se fit pas attendre.

— Bien dormi ? demanda-t-il.

— Oui, et toi ? se renseigna-t-elle à son tour, en s'approchant de lui pour le serrer dans ses bras.

— Ouais, les plumes d'oie de l'oreiller m'ont un peu piqué la tête, mais sinon, c'était calme cette nuit.

— Ok. Il y a beaucoup de personnes mortes ou malades par ici, tu ne trouves pas ? dit-elle, sarcastique.

— Oui, et si tu ne veux pas qu'on soit les prochains sur la liste, tiens-toi à carreau.

— C'est eux qui cherchaient à nous coincer. À la base, je voulais juste les troller un peu. Je pensais pas qu'ils avaient vraiment des squelettes dans le placard ! Enfin bref. Du coup, on n'a pas que des amis ici.

— Ouais, j'y ai réfléchi. Il faut qu'on trouve vite le moyen de leur prouver qu'on vient d'une famille royale.

— Et comment on fait ça, puisque ce n'est pas le cas ?

— Il faut que quelqu'un leur envoie quelque chose qui coûte cher, comme un cadeau ou une somme que nos parents imaginaires leur auraient envoyé. Déjà, ils nous croiraient et nous lâcheraient la grappe. Ensuite, il faut se focaliser sur notre périple à Littlehampton, essayer de s'éclipser ou faire un tour de la ville et trouver le fabricant des calices.

— C'est tout un programme, ironisa-t-elle.

— Utilisons nos savoirs du futur. Est-ce qu'il y a des ressources tout près qu'ils n'auraient pas encore découvertes ?

— Alors là, je peux pas t'aider. Je suis nulle en Histoire ET en géographie. La seule solution que je vois, c'est de faire la manche déguisés en mendiants.

— Mendier ? À l'époque des Tudors ? C'était interdit, il fallait une licence pour être mendiant.

— Sérieux ?

— Oui, si tu n'étais pas aveugle ou estropié les autorités pensaient que tu étais feignant, et donc tu avais le droit à des coups de fouet, et à la troisième arrestation, c'était la peine de mort.

— Quelle bande de psychopathes ! Faire la manche, c'est la chose la plus à la portée de qui que ce soit au monde. Qu'est-ce qu'on a d'autre comme choix, alors ?

— La seule solution, c'est de voler les riches, dit Juan.

— Pardon ? Juan, je suis flic... et tu veux que je vole des gens ?

— C'est un cas exceptionnel ! On n'a pas le choix si on veut rentrer chez nous. Les banques n'existaient pas encore ; voler l'argent dans les coffres du Duc en reviendrait au suicide, il y a trop de gardes, on ne peut pas tous les éloigner en même temps et on nous soupçonnerait immédiatement ; on ne peut pas mendier comme on veut et les gens sont tellement pauvres qu'ils n'ont que quelques pièces sur eux. Ça nous prendrait des années pour rassembler une vraie somme. Par contre, les commerçants et autres nobles qui se déplacent de ville en ville, ce sont les seuls à avoir un pactole sur eux.

— Je sais pas, on pourrait peut-être... voler des bijoux ? C'est plus facile et les coupables pourraient être n'importe qui, suggéra Maria.

— Revendre des objets de valeur, c'est trop compliqué. Il faut connaître les prix, trouver les endroits où les proposer tout en restant à l'abri des regards pour ne pas être retrouvés en moins de deux.

— Comment est-ce qu'on pourrait se faire de l'argent autrement ? dit-elle en se massant les tempes.

— Personne ne va nous donner 2000 pounds, un paysan ne gagne qu'entre 5 et 10 pennies par jour.

— T'es sûr qu'on n'a pas d'autres choix ?

— Il y a aussi les employés qui collectent les taxes. Ils prennent aux pauvres pour les affaiblir, pour qu'ils restent dépendants des terres des nobles. Techniquement, si on leur prend cet argent, ce n'est pas vraiment du vol. C'est voler les voleurs, comme Robin des bois ! C'est pas un hasard s'il faisait ça, c'était la seule solution. Et on peut le faire envoyer en tant que récompense de notre « père » le roi au Duc de Norfolk pour nous avoir aidés.

— Je... je ne ferai ça qu'une fois parce qu'on est vraiment en galère. C'est juste pour qu'on puisse rentrer chez nous au plus vite.

— Oui. Pour ça, on doit aussi savoir comment se passent les affaires dans le coin : à quelle date les taxes sont-elles prélevées, et par quels chemins passent les marchands. Et là, on se déguise, on leur prend les sacs et on les fait envoyer par un messager de Londres grassement payé.

— Ça fait beaucoup de choses, déplora Maria.

— Il faut qu'on se mette d'accord, dit-il en se dirigeant vers la fenêtre. Viens voir.

Elle le rejoignit.

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Des infos ici : http://snlemoing.over-blog.com/2017/04/mise-au-point.html

Et ici : https://booknode.com/les_calices_du_temps_-_episode_1_02275114

Et là : https://booknode.com/les_calices_du_temps_-_episode_2_02420043

Les Calices du Temps - Episode 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant