# Trop de gens #

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5 ans.

Stiles regarde la rue, sans réellement la voir, depuis sa fenêtre, les mains plongées au fond des poches de son jeans, replier en forme de poings.

Cinq longue années.

Sans lui. Sans ses jeux de mots ignobles, sans ses yeux brillants d'amoureux transi.

Cinq ans, amputés d'un membre important, dont il a besoin pour respirer, pour vivre pleinement.

1825 jours sans son frère, sa gueule de travers, son âme-soeur. Disparu dans un accident de voiture, à cause d'un abruti de chauffard ivre. Ils étaient pourtant sous contrat, uni pour l'éternité et un stupide conducteur saoul l'avait rendu caduc. Connard.

Il avait mit une semaine à sortir de sa léthargie, l'enterrement s'était déroulé dans un flou artistique et d'une lenteur à lui donner envie de hurler, de s'arracher la peau. Il lui avait fallu des mois pour arrêter d'envoyer des sms, orphelin de toutes réponses, un an pour stopper ses appelles accroc à la voix joyeuse de Scott qui informe son meilleur ami que : "Bien sûr, on ira voir Thor Ragnarok".

Progressivement, Stiles avait arrêter.

Tout stopper.

Plus de cinéma, il faisait ses courses en lignes puis il avait démissionné pour un travail qui ne lui demandait pas de sortir de chez lui. Le monde lui rappelait la personne qu'il avait perdu, alors, il ne ferait plus parti de ce monde.

Avant la disparition de Scott, il aimait sortir, rencontrer des tas de gens, s'envoyer en l'air, aller regarder un film et manger dans des restaurants. Profiter de la vie.

Après Scott. Pourquoi faire ? Les gens avaient perdus de leurs attraits. Sa curiosité s'était éteinte, mis en sommeil ou anéanti pour ce qu'il en savait. Sa joie ou celles des autres lui donnait envie de vomir, lui faisait mal, torpillait son coeur de flèches glacées. Dehors le monde lui faisait peur sans Scott. Ce monde-là ne lui plaisait pas, il le rejetait en bloc.

Ce n'était pas sa vie ! Celle qu'il voulait alors pourquoi est-ce qu'il ferait un effort ? Son père, Lydia, Danny même Jackson s'inquiétaient, si ils voulaient le voir, ils devaient venir jusqu'à lui, puisque Roscoe dors dans son garage depuis plus de 3 ans et demi maintenant.

Aujourd'hui, cela fait cinq ans, cinq ans qu'il se terre chez lui. Cinq ans c'est trop long, il sait, il sait que son meilleur pote hurlerait de rage de le voir prostré, attendant quelque chose qui n'arrivera plus. Scott lui crierait de bouger son gros cul, d'aller boire un verre dans le premier bar qu'il trouvera et de s'envoyer en l'air. De vivre, d'être lui-même, d'avancer parce que où qu'il soit, il l'attendait.

Et ça foutait son coeur en vrac de savoir qu'il avait raison.

Que le monde tournait toujours, que l'apocalypse ne l'avait pas fait cramer.

Qu'il respirait toujours.

En ce jour, pour Scotty, il allait faire un pas. Il allait avancer, trouver un bar et boire un verre. Une bière même si il n'aimait pas ça.

Stiles tremble de tous ses membres alors qu'il regarde anxieusement le monde présent dans le bar où il a atterri. Quelle chance y avait-il pour que ce soit un soir de football ?

Il y avait un nombre incalculable d'hommes en maillot de sport hurlant, beuglant sur deux pauvres et innocentes télévisions. Les voix des commentateurs hurlent à tue-têtes pour se faire entendre de leurs spectateurs.

Il n'avait pas comprit au début, il était entré le cœur battant à tout rompre. Stiles avait salué le serveur derrière le bar, lui avait demandé une bière, la préférée de Scott puis comme un automate, il avait pris place sur une banquette dans un coin de la salle, près des toilettes. Sa veste otée, il sirotait difficilement sa boisson avec une lenteur incroyable lorsque le premier groupe d'hommes bruyants avait passé le pas de la porte. En moins de vingts minutes, l'établissement était complet, on se marchait sur les pieds. Il y avait trop de gens, trop d'hommes pour que Stiles soit détendu, c'était trop pour une remise à l'eau symbolique mais surtout, il était seul dans un océan qui était en train de le submerger, de le noyer. Il aurait vraiment dû se renseigner avait de sortir. Hors de question qu'il recommence, sa main s'empare de la pinte mais tremble tellement qu'il repose le verre, autant éviter les accidents. Le sang tambourine à ses oreilles, son cœur tape douloureusement dans sa cage thoracique.

Calendrier de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant