Chapitre 11 la maladie, la main du diable et le roulement des seigneurs

10K 908 104
                                    

       

Immobile dans son lit, Swan fixait la fenêtre. Dans le ciel, elle distinguait des corbeaux voler. Elle n'oubliait pas. Lorsque la goule avait voulu s'emparer d'elle, ils s'étaient jetés sur la créature afin qu'elle puisse lui échapper. Ça avait été vain, mais c'était un geste qu'elle ne laissait pas de coté. Si elle avait toujours considéré ces volatiles comme une nuisance pouvant dévoiler son identité, elle les voyait aujourd'hui comme un excellent atout de défense.

- Je vais examiner votre bras, fit le mire à coté d'elle.

- Ne me touchez pas, ordonna-t'elle en lui jetant un regard haineux.

Le soigneur s'arrêta dans son geste et tourna la tête vers Katherine.

- Vous devriez le laisser faire, fit-elle calmement.

- Je ne veux rien de Girart Sans-Personne, pas même son propre mire, répondit Swan avec agressivité. Foutez le camp, ajouta-t'elle en regardant l'homme.

Katherine se retint de faire une remarque sur son langage et se tourna vers le soigneur.

- Venez, mire. Je pense qu'il lui faut un peu de repos avant le départ.

Le soigneur se leva et Katherine sortit de la pièce avec lui. Swan ne s'avachit contre ses coussins que lorsqu'elle ne les entendit plus dans le couloir. Elle était réveillée depuis deux jours et restait alitée sous les ordres du mire et de Katherine. Elle n'avait aucune nouvelle de Blake ni de toute autre personne du château. Seule Lady Meredith, qui passait son temps à coudre dans sa chambre, lui tenait compagnie.

- Quand partons-nous ? lui demanda-t'elle.

La lady leva les yeux de son ouvrage.

- Demain. Le mire à l'air de dire que vous pourrez supporter le voyage.

Swan fut soulagée. Elle ne pouvait plus rester ici. Sa fenêtre donnait sur le marrais, et chaque fois qu'elle posait un oeil dessus elle ne pouvait s'empêcher de penser à Lizzie. Son corps était là-bas, s'il en restait encore quelque chose. Elle eut un haut le coeur en songeant à cela. Détournant les yeux pour se concentrer sur d'autres images, elle observa son bras, couvert d'un épais bandage. Les morsures des goules faisaient paralyser les corps et pourrir les chaires. Le mire qui l'avait ausculté parlait d'un véritable miracle de guérison, mais Swan et le clan Westlander savaient que la vérité était toute autre: elle ne devait son salut qu'au sang de sorcière qui coulait en elle. Un humain n'aurait pas pu survivre à ce genre de morsure malgré une purification de la plaie au fer blanc.

- Que fait le seigneur Westlander ? demanda Swan à Lady Meredith.

- Il prépare notre départ avec le reste de ses troupes.

- Vous lui avez transmis ce que je vous ai dis ? Que j'avais vu la goule passer la frontière ?

- Pour la quatrième fois, oui.

- Que fait-il alors ? Pourquoi ne va-t'il pas à la frontière voir ce qu'il s'y passe ? Ce n'est pas son boulot ? s'agaça-t'elle en sortant du lit.

Elle fit les cent pas dans sa chambre, tenant son bras blessé pour ne pas qu'il tiraille.

- Il sait ce qu'il fait, calmez-vous.

- Non, il n'en sait rien du tout ! Qu'attend-t'il pour prévenir le roi, appeler les autres chevaliers et courir constater que cette frontière de brouillard est aussi efficace que son nom l'indique ?! s'exclama-t'elle en s'arrêtant face à Lady Meredith. Qu'attend-t'il pour tuer Girart Sans-Personne ?

Maleficarum I La main du Diable (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant