Chapitre 15 Tout le mal

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Swan ouvrit lentement les yeux. Un rayon de soleil frappait son visage. Elle grimaça, et plaça une main sur sa poitrine. Son buste la serrait, comme si un étau l'avait entravé durant la nuit. Elle était dans une chambre, posée à même les draps d'un grand lit à baldaquin.
Se demandant ce qu'elle faisait là, elle fronça les sourcils, puis eut un flash. Baissant précipitamment les yeux sur sa tenue, elle constata qu'elle était toujours vêtue de son habit de nuit, ainsi que de sa veste d'intérieure. La sorcière souffla de soulagement.

- Mò bjerk slish*, fit-elle d'une voix écorchée.

Elle se leva précipitamment du lit, le coeur battant. Bien qu'elle constatait qu'aucun mal intime ne lui avait été fait, elle se sentait prise d'une angoisse folle qui mettait son esprit dans une hystérie tout à fait remarquable. Fonçant vers la porte de la chambre, elle resserra sa veste d'intérieur et ouvrit doucement le battant. À sa grande surprise, l'appartement était désert. N'attendant pas une seconde de plus, la sorcière se glissa à pas de loup en direction de la sortie, et se saisit de la poignée qu'elle tourna avec force. Le mécanisme résista. Sentant une boule se former au creux de son ventre, elle serra plus fort l'objet entre ses mains et recommença son geste. Inutile: la porte restait bel et bien close.

- Non, pas ça ! paniqua-t'elle.

Elle força encore.

- Forka ! jura-t'elle, constatant qu'il n'y avait rien à faire.

Ne s'embêtent plus à être silencieuse, elle se jeta sur les buffets et armoires en bois précieux, avant de les éventrer de leurs étagères, se moquant bien de mettre du désordre. Elle voulait juste quitter cet endroit.

- Est-ce cela que vous cherchez ?

La sorcière fit un bond colossal. Se tournant, elle guetta l'appartement avec anxiété, puis le vit. Penché au sommet d'un escalier de bois, le seigneur Westlander laissait pendre négligemment la clé à l'une de ses phalanges. Son visage était à moitié caché par l'ombre du mur derrière lui, le rendant menaçant.

- Donnez-la moi, grinça-t'elle.

Sa voix ne tremblait pas, mais pourtant, elle était terrorisée. La veille, l'homme l'avait si bien maitrisée qu'elle en avait perdu connaissance. S'il décidait de se jeter sur elle pour mener à bien ses plans, jamais elle ne parviendrait à lui résister. Pour s'en sortir, elle allait devoir user de la magie, chose dont elle savait très peu se servir.

- Pourquoi voulez-vous me quitter si tôt, Lilesis ?

- Laissez-moi partir ! s'exclama la jeune femme.

- Répondez à ma question.

- Vous m'avez étranglée !

- Certainement pas, répondit-il avec suffisance. Si l'histoire s'était déroulée ainsi, je peux vous garantir que vous ne parleriez pas en ce moment même.

Swan s'insurgea de son toupet. Bien que le mot « étranglement » n'était pas favorable à l'événement, la situation n'était nullement propice à jouer avec les mots. Certes, elle était encore en vie, mais l'homme l'avait tout de même malmenée.

- Vous m'avez fait du mal, s'emporta-t'elle.

- Initialement, je ne voulais vous faire aucun mal, répondit-il. C'est vous qui vous êtes emportée comme une furie.

- Ne vous avisez pas de rejeter la faute sur moi ! s'exclama-t'elle.

L'anxiété l'emportait d'avantage. Ne pouvait-il pas simplement lui lancer les clés ?

- Vous étiez entrain de réveiller tous les chiens de la capitale, railla-t'il d'un oeil glacial. Sans compter les chauves-souris et les oiseaux qui tournoyaient de façon suspecte autour des jardins.

Maleficarum I La main du Diable (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant