Lorsqu'il ouvrit la porte, il découvrit des appartements silencieux. Seul un chandelier allumé éclairait faiblement la pièce. Il tourna la tête vers la chambre de Swan. Celle-ci était close. Il fit un pas, puis deux, et finit par ouvrir.
Elle dormait. Il le voyait à l'ombre paisible enroulé dans les draps d'été. La respiration de la sorcière était fluide, tranquille. Ses cheveux blonds s'étalaient sur les côtés des oreillers, tels des algues marines. Blake eut beau se dire qu'elle n'était pas mature (c'était le terme pour désigner les sorcières ayant accepté l'invitation au sabbat), sa beauté atypique, légèrement sauvage, indiquait que l'Obscur s'intéressait déjà à elle. C'était étonnant que ses hommes ne lui en aient pas fait la remarque. Eux qui avaient l'habitude des créatures de l'ombre aurait dû signaler quelque chose. Sans doute n'osaient-ils pas. L'idée que leur seigneur puisse se marier à une potentielle sorcière devait être considérée comme absurde. Et ils avaient raison. Lui-même se disait que c'était une folie.
Il s'approcha, puis s'arrêta dans son geste. Sa blessure le piquait à nouveau. Il pinça les lèvres, sortit, monta les marches jusqu'à sa propre chambre, et commença à retirer son veston. Si sa blessure s'était rouverte, il devait régler ce problème au plus vite. D'expérience, il savait que ces choses là ne se laissaient pas sans soin trop longtemps.
Rapidement, il déboutonna sa chemise, la passa par-dessus de ses épaules dans une grimace, puis baissa la tête vers son flanc. Il fronça les sourcils. La pénombre l'empêchait de voir clairement l'étendue des dégâts.
Il se saisit d'un chandelier et l'approcha de son buste. Sa peau était lisse, dépourvue de cicatrices brunes et égratignées.
L'homme plissa les yeux. Le tracé sinueux d'une marque témoignait d'une ancienne plaie, comme si quelque chose avait disparu.
Il resta un moment immobile, impassible, puis se mit en mouvement.Au même instant, Swan se tourna dans son lit. Son sommeil était profond et calme. Aucun rêve, aucune sensation. Juste le sommeil.
En dessous de son oreiller, l'arme que lui avait donné le seigneur Westlander lui donnait un sentiment de sécurité imparable.
Paisible, elle savourait inconsciemment ce moment de tranquillité, quand le bruit d'une porte se fracassant contre le mur la tira du sommeil.Alerté par le bruit, elle se redressa d'un geste sec et lâcha un cri épouvanté. Devant elle, une ombre s'avançait pour la saisir. Paniquée, elle remua dans les draps et donna un violent coup de coude à son adversaire. Gémissant, celui-ci tituba avant de s'appuyer contre le mur derrière elle. Elle en profita pour tirer le poignard de son oreiller, avant de le tendre vers l'intrus. Lorsque sa vue s'accoutuma à l'obscurité, elle écarquilla les yeux en apercevant Blake Westlander.
- Qu'est ce que vous faites ?! hurla-t'elle, encore sonnée de son intervention éclaire.
Son bras tendu tremblait, faisait bouger le poignard d'une manière ridicule. Voyant cela, elle baissa son arme et l'observa étirer sa mâchoire d'un mouvement douloureux.
Swan se remémora immédiatement son invitation à se rendre au conseil, et s'inquiéta aussitôt:- Quoi ? fit-elle d'une voix étranglée. Que se passe-t'il ?
Le seigneur semblait agité, ce qui ne lui ressemblait pas. D'un geste sec, il retira sa chemise et Swan écarquilla les yeux en le voyant faire ce geste.
- Mais qu'est ce que...
- Regarde, ordonna-t'il abruptement.
Elle le dévisagea avec incrédulité.
- Quoi ? demanda-t'elle.
Elle ne comprenait pas ce qu'elle devait voir, et Blake sembla la prendre pour une demeurée.
- Là ! s'exclama-t'il en pointant son flan du doigt.
Swan sursauta sous la teneur de sa voix.
- Eh bien, commença-t'elle, je ne vois rien d'anor...
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Maleficarum I La main du Diable (terminée)
FantasyEn raison de ses liens avec l'Obscur, Swan se voit être la bête noire du village. Accusée des pires atrocités et menacée par l'Inquisition, elle vit reclue dans la ferme de ses parents quand ceux-ci decident de la vendre à une riche famille seigneur...